Fin prochaine de la PCU : l’assurance-emploi à la croisée des chemins?

L'IRIS invite le gouvernement Trudeau à élargir de façon permanente l'accès à l'assurance-emploi.
Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La transition de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) vers l’assurance-emploi représente une occasion idéale de réformer le régime de soutien aux personnes sans emploi, selon l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
Dans un billet publié samedi sur son site Internet, l’IRIS salue les mesures annoncées par le gouvernement Trudeau visant à élargir l’accès à l’assurance-emploi. L’Institut affirme qu’elles pourraient poser les bases d’un régime digne du 21e siècle
.
Franchement, il y a beaucoup de jalons qui sont posés pour se donner une assurance-emploi qui aurait plus d’allure que celle qu’on avait jusqu’à cette année
, déclare en entrevue à Radio-Canada Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS et auteur du billet sur la PCU.
En plus de revoir à la baisse le nombre d’heures assurables donnant droit à des prestations, Ottawa souhaite créer de nouvelles prestations plus ciblées pour les personnes qui ne sont pas admissibles au régime.

La ministre de l'Emploi, Carla Qualtrough, a annoncé jeudi que la PCU serait prolongée d'un mois avant d'être intégrée à l'assurance-emploi.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Ces mesures temporaires ont pour principal objectif d’éviter qu’un trop grand nombre de prestataires de la PCU passent entre les mailles du filet une fois que le programme aura terminé sa migration vers l’assurance-emploi, à la fin du mois de septembre.
Le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) a calculé que plus de 2 millions de prestataires de la PCU n’y auront plus accès si aucun ajustement n’est apporté aux critères d’admissibilité de l’assurance-emploi.
Pour lire le billet de l’IRIS sur l’intégration de la PCU à l’assurance-emploi, cliquez sur ce lien (Nouvelle fenêtre).
Régime inadapté
Aux yeux de l’IRIS, les changements proposés par le gouvernement fédéral sont une preuve supplémentaire du caractère désuet
et inadéquat
du régime d’assurance-emploi.
Guillaume Hébert rappelle qu’à la suite des réformes néolibérales
qui se sont succédé au cours des 40 dernières années, l’accès aux prestations d’assurance-emploi a été considérablement réduit.

La Prestation canadienne d'urgence sera intégrée à l'assurance-emploi à partir du 27 septembre.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Résultat, à peine un chômeur sur deux y a droit. Certaines catégories de travailleurs ont encore plus de difficulté à y avoir accès, si l’on en croit les chiffres du CPPA. C’est le cas des travailleurs à temps partiel (20 %) et des travailleurs autonomes (17 %).
Si le régime était réellement en mesure de couvrir les travailleurs qui perdent leur emploi, le gouvernement n’aurait pas eu besoin de créer la PCU, observe Guillaume Hébert.
Il n’aurait eu qu’à rediriger les travailleurs ayant perdu leur emploi en raison de la COVID-19 vers l’assurance-emploi.
Je trouve ça drôle à quel point on nous dit, candidement, bien là, il y avait trop de demandes, le système ne pouvait pas fournir. Oui, c’est vrai que c’était beaucoup de gens, mais le système est pensé pour ça, à la base. Il aurait dû pouvoir couvrir ces personnes-là
, fait remarquer le chercheur.

La transition de la PCU vers l'assurance-emploi devrait coûter 37 milliards de dollars au Trésor public canadien.
Photo : La Presse canadienne / JONATHAN HAYWARD
Occasion à saisir
Il ajoute que la crise sanitaire a permis de mettre en lumière la nécessité des programmes d’aide, qui ne sont plus uniquement perçus comme des dépenses.
Ça change le rapport des gens aux politiques sociales, au rôle de l’État, au rôle des finances publiques, de la banque centrale
, avance M. Hébert.
Le chercheur espère que les changements à l’assurance-emploi proposés par le gouvernement Trudeau deviendront permanents et permettront d’offrir une réelle protection aux travailleurs sans revenus.
Ce serait un peu dommage, franchement, [...] de retourner vers les paramètres de l’assurance-emploi qui étaient totalement inadéquats. Ce serait manquer une opportunité de se doter d’une meilleure politique sociale
, insiste le chercheur.