Port de Montréal : les grévistes signent une trêve de sept mois

Les débardeurs ont quitté les lignes de piquetage, vendredi. Ils rentreront progressivement au travail à partir de dimanche.
Photo : Radio-Canada / Jean-Claude Taliana
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Soupir de soulagement au port de Montréal, alors que le syndicat des débardeurs en grève et l'Association des employeurs maritimes ont conclu une trêve d'une durée de sept mois, qui met fin à la grève qui avait débuté le 10 août.
L'Association des employeurs maritimes et le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affilié à la FTQ, qui représente les débardeurs, s'affaireront donc à négocier une nouvelle convention collective d'ici le 20 mars 2021, sans grève, ni lock-out, ni moyen de pression.
En plus de cette bonne nouvelle, l'Association des employeurs maritimes a également conclu une entente de principe pour renouveler la convention collective avec l'autre syndicat en grève au port de Montréal, celui des quelque 150 vérificateurs. Dans ce cas, l'entente de principe doit être soumise aux membres lundi prochain.
La grève des 1125 débardeurs du port de Montréal a débuté le 10 août; elle en était donc à sa 12e journée vendredi.
Le plan prévoit un retour au travail progressif à compter de dimanche dès 7 h, a fait savoir le président de l'Association des employeurs maritimes, Martin Tessier, au cours d'une conférence de presse vendredi à Montréal.
Fait exceptionnel, l'employeur a donné sa conférence de presse aux côtés du représentant du SCFP, Michel Murray.

Le porte-parole du SCFP, Michel Murray (à gauche), a pris la parole avec le PDG de l'Association des employeurs maritimes, Martin Tessier.
Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson
Compromis
Chacun a fait son bout de chemin pour conclure cette trêve. Ainsi, l'employeur, qui se disait prêt à une trêve seulement s'il y avait obligation de résultat, a laissé tomber cette exigence.
Le syndicat des débardeurs du SCFP, lui, cesse ses moyens de pression, sa grève, malgré plusieurs votes en ce sens depuis décembre 2018, adoptés à plus de 90 % et avec un très fort taux de participation.
De plus, l'employeur, qui avait réduit des primes de soir et de nuit versées aux travailleurs au début du conflit, les ramène au niveau où elles étaient, a précisé M. Tessier.
Il faut être plus intelligent qu'orgueilleux
, des fois, a lancé M. Tessier, pour expliquer les concessions faites par l'employeur pour parvenir à cette trêve. Mais les deux parties, assure-t-il, ont mis de l'eau dans leur vin
.
Tous les deux, on était d'accord que la grève a assez duré
, a lancé à son tour M. Murray, du syndicat.
On est convaincu qu'à l'intérieur de sept mois, avec les engagements respectifs qu'on a pris, il va y avoir une entente de principe qui va être trouvée entre les parties.
À la fin des sept mois, si les parties ne sont pas parvenues à renouveler l'ensemble de la convention collective, elles retrouveront théoriquement leur droit de grève ou de lock-out. Mais elles se sont entendues sur la possibilité de référer à l'arbitrage de différend les clauses qui n'auraient alors pas fait l'objet d'un accord.
Pour expliquer ses assouplissements, M. Tessier a affirmé avoir été secoué par une déclaration du ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, qui aurait affirmé jeudi que la grève au port de Montréal causait des enjeux plus importants que la COVID-19
.
C'est à partir de ce moment, a dit le porte-parole patronal, qu'il a décidé de négocier cette trêve, jour et nuit, avec le SCFP. Des fois, ça prend un réveille-matin
, a-t-il justifié.
Réactions
À Ottawa, la ministre fédérale du Travail, Filomena Tassi, s'est réjouie de la trêve annoncée par l'employeur et le syndicat. Cela représente un progrès positif et bienvenu qui permettra aux travailleurs de reprendre le travail au cours des prochains jours, soutenant ainsi les milliers d'entreprises et travailleurs qui dépendent du port de Montréal chaque jour.
Elle note aussi que cet accord de trêve assurera la continuité d'un maillon essentiel de la chaîne d'approvisionnement du Canada, tout en offrant les conditions nécessaires à la conclusion d'une entente
.
De son côté, le Conseil du patronat du Québec a poussé un soupir de soulagement pour tout le milieu des affaires.
La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante s'inquiétait aussi des répercussions de cette grève sur ses membres, de petites et moyennes entreprises.
C'était toute l'économie du Québec qui était prise en otage et qui payait le prix fort de l'arrêt des activités au port de Montréal
, a souligné le président et chef de la direction du Conseil du patronat, Karl Blackburn.
Il se réjouit donc que le dialogue se poursuive de façon efficace
entre les deux parties et que les entreprises ne soient plus les victimes collatérales des négociations en cours
.