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Deuxième vague de COVID-19 : Québec veut plus de responsabilisation et moins de mobilité

Afin de mieux coordonner la réponse à une potentielle nouvelle vague, Québec mettra en place un gestionnaire responsable, et donc « imputable », pour chaque CHSLD.

Christian Dubé écoute une question lors d'une conférence de presse.

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

La menace d'une deuxième vague de COVID-19 continue de planer sur le Québec, tant et si bien que le gouvernement Legault a expliqué mardi comment il compte s'y prendre pour ne pas répéter les erreurs du printemps dernier.

Québec s'est engagé à injecter 106 millions de dollars afin de permettre l'embauche de personnel et l'ajout de ressources matérielles d'ici le 30 septembre.

Un diagnostic des ratés de la première vague de COVID-19 était nécessaire afin d'établir des solutions à mettre en œuvre en vue d’une potentielle deuxième vague, a expliqué le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé.

Au nombre des éléments qui ont affaibli le système de santé au plus fort de la pandémie, on peut penser au manque d'équipement de protection individuelle, à la pénurie de personnel soignant ou à la gestion chaotique des éclosions en CHSLD.

Bien avant la pandémie, nous étions déjà confrontés à de nombreux défis en santé, et particulièrement dans notre réseau de la santé. Je n’apprendrai rien à personne si je parle de défis qui ont rapport à la main-d’œuvre, à nos infrastructures qui sont désuètes et à une gouvernance où, souvent, les responsables n’étaient pas clairement définis, a déclaré le ministre Dubé.

Les événements de ce printemps ont mis en lumière plusieurs de ces enjeux d’organisation, a-t-il poursuivi.

« On a énormément appris de la première vague et on a su tirer des leçons, autant de nos bons coups que de nos moins bons coups. »

— Une citation de  Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Le ministre de la Santé Christian Dubé a présenté son plan pour faire face à la seconde vague de la pandémie de COVID-19. Reportage de Véronique Prince.

Des gestionnaires responsables

Afin de mieux coordonner la réponse à une potentielle nouvelle vague, Québec compte désigner un gestionnaire responsable dans chaque CHSLD.

Il est essentiel d’assurer une imputabilité sur le terrain, a renchéri à ses côtés la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais.

Selon les autorités de santé publique, le personnel soignant en milieu de vie, donc dans les résidences et les CHSLD, n'était pas suffisamment formé pour affronter une pandémie. La prévention et le contrôle des infections a [sic] été l'une des grandes faiblesses, ont-elles reconnu.

Dorénavant, chaque CHSLD aura non seulement un gestionnaire, mais aussi un responsable de la prévention et du contrôle des infections qui lui sera subordonné, a indiqué M. Dubé.

Déjà, de nouveaux gestionnaires sont entrés en fonction; d'autres sont sur le point de le faire. Les postes seront affichés au cours des prochains jours pour les CHSLD qui n'ont pas encore de gestionnaire. [...] On va être capable de finaliser ça assez rapidement, d'ici la fin septembre, a-t-il assuré.

Questionné pour savoir si des responsables ont été démis de leurs fonctions après l’analyse de la gestion de la première vague, le ministre Dubé a indiqué que ce n’était pas le cas pour le moment. L’heure n’était pas à trouver des coupables, a-t-il indiqué.

Si des gestionnaires n’ont pas pu faire leur travail correctement, c’est bien souvent parce qu’il y avait des manques de moyens. Ou bien que les directives étaient claires, mais ne se rendaient pas, a-t-il expliqué.

La menace d'une deuxième vague de COVID-19 continue de planer sur le Québec, tant et si bien que le gouvernement Legault a expliqué mardi comment il compte s'y prendre pour ne pas répéter les erreurs du printemps dernier. Entrevue avec Christian Dubé, ministre de la Santé du Québec.

Des renforts dans les CHSLD

Le gouvernement entend aussi renforcer les rangs des préposés aux bénéficiaires : plus de 8000 nouveaux membres viendront prêter main-forte dans tous les CHSLD du Québec dès la mi-septembre. Une deuxième cohorte de 2000 autres personnes commenceront leur formation en septembre, a indiqué le ministre Dubé.

Au terme de trois mois de formation, ceux-ci seront en mesure de travailler au moins un an en CHSLD.

Dans les établissements régionaux, environ 1000 équivalents temps plein seront aussi engagés, a garanti le gouvernement.

Fort de ces ajouts de personnel, le système de santé veillera à interdire la mobilité de la main-d'œuvre d'un établissement à l'autre, a expliqué en substance le ministre Dubé. Ces déplacements entre CHSLD, mais aussi entre zones chaudes et zones froides, avaient été reconnus comme faisant partie des éléments qui contribuent à la propagation de la COVID-19.

Les gestionnaires qui ne se plieront pas à cette directive feront face à des conséquences, a indiqué le ministre Dubé, sans préciser lesquelles.

Autre élément-clé du plan de Québec : augmenter l'offre de soins à domicile, ce qui permettra un véritable changement de paradigme dans la façon dont on prend soin de nos aînés, a déclaré la ministre Blais.

Dubé insatisfait du dépistage

Bien que l'objectif que s'était donné le premier ministre François Legault en matière de dépistage ait pu être atteint, soit 14 000 tests quotidiens, le ministre de la Santé a mis un bémol. Selon lui, les délais doivent encore être réduits.

Je ne suis pas encore satisfait du temps de réaction; on a réussi à tester, on est même montés jusqu’à 18 500 personnes [par jour], mais c’est encore trop long pour recevoir nos résultats […] Il faut améliorer le processus, a-t-il affirmé.

Le dépistage, c’est le nerf de la guerre, a-t-il insisté.

En ce qui concerne les réserves de masques, de gants et de lunettes de protection, le gouvernement s'est engagé à conclure des ententes avec des fabricants québécois afin d'assurer un approvisionnement en équipement de protection individuelle.

Les stocks de gants et de masques N95 ne sont pas encore suffisants, a reconnu le ministre Dubé. Il a assuré que les réserves de tout autre équipement de protection individuelle étaient bien remplies.

Grâce à une entente conclue avec une entreprise qui commencera sa production de masques N95 à Montréal d'ici fin octobre, début novembre – le temps d'obtenir l'homologation de Santé Canada –, le Québec devrait avoir suffisamment de stocks d'ici 2021.

Des gestionnaires de CHSLD ont par ailleurs affirmé à Radio-Canada avoir tout le matériel nécessaire pour affronter une deuxième vague.

Le plan de Québec en 9 axes :

  • Avoir un gestionnaire responsable pour chaque CHSLD;
  • Maintenir un accès sécuritaire pour les proches aidants;
  • Offrir des services de soutien à domicile adaptés aux besoins des usagers;
  • Maintenir le délestage au minimum pour les services sociaux;
  • Recruter massivement des préposés dans les CHSLD;
  • Interdire la mobilité de main-d’œuvre, tout en respectant de façon stricte les règles de prévention et de contrôle des infections (PCI);
  • Réduire les délais de l'ensemble du processus de dépistage;
  • Soutenir une offre de services optimale en chirurgie, en endoscopie et en imagerie médicale;
  • Assurer l'approvisionnement en équipement de protection individuelle (EPI) en concluant des ententes avec des fabricants québécois pour la production de produits stratégiques;
  • Rejoindre l’ensemble de la population par des communications ciblées et adaptées aux différents publics.
     

Source : « COVID-19 : Plan d’action pour une deuxième vague »

Une vérité de La Palice

Chez les partis d’opposition, on se demande pourquoi les mesures annoncées par le ministre Dubé n’ont pas été mises en place plus tôt.

Selon la députée Marie Montpetit, porte-parole du Parti libéral du Québec en matière de santé, les Québécois ont désormais la confirmation que le gouvernement n’était pas prêt durant la première vague. Et il ne l’est toujours pas, estime-t-elle.

C’est un plan avec beaucoup de vérité de La Palice, c’est-à-dire des évidences qui devraient être en place depuis plusieurs mois, ou à tout le moins plusieurs semaines, a-t-elle réagi en entrevue sur les ondes de RDI.

Même son de cloche au Parti québécois, où le porte-parole en matière de santé, le député Joël Arseneau, a déclaré qu’il aurait été souhaitable d’entendre ces propositions un peu plus tôt, ce qui aurait amoindri les effets de la première vague.

Du côté de Québec solidaire, Sol Zanetti, porte-parole en matière de santé, est aussi d'avis que ces mesures auraient dû être mises en place plus rapidement.

Le député de Jean-Lesage s'est étonné de voir le ministre Dubé insister sur la responsabilisation des gestionnaires. Les PDG ont assurément à être imputables, a-t-il déclaré, mais la responsabilité d’assurer un déploiement adéquat des équipements, des ressources, de l’information et des fonds nécessaires, ça tient du ministre de la Santé!

Des syndicats ont quant à eux salué la mise en place de ce plan d'action. Désormais, la pression est à la bonne place, a réagi Nancy Bédard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), au sujet de la responsabilisation des gestionnaires.

Le président de la FSSS-CSN, Jeff Begley, considère pour sa part que l’interdiction de va-et-vient entre les zones chaudes et les zones froides est une très bonne nouvelle. Ça, c’est majeur. C’était un sérieux problème, a-t-il dit.

Le plus récent bilan de la COVID-19 au Québec fait état de 61 252 cas depuis le début de la pandémie. De ce nombre, 5727 personnes sont mortes des suites de la maladie.

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