Des parents insatisfaits du plan de retour en classe se préparent à l'école à distance

De nombreuses familles se préparent à concilier travail et école à la maison dès septembre.
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Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
De nombreux parents n’ont pas confiance dans le plan de retour en classe du gouvernement Ford et décident plutôt de garder leurs enfants à la maison en septembre, un choix qui entraîne un lot de défis.
Le mode d’enseignement en ligne proposé n’est pas jugé optimal pour bien des parents. Ils se retrouvent à court de solutions puisqu'ils considèrent que renvoyer leurs enfants à l'école n’est pas envisageable dans le contexte actuel.
Et pour ceux qui envoient leurs enfants dans des écoles de langue française s’ajoute la préoccupation du manque d’interactions quotidiennes dans cette langue.
Meghan Kapko, une mère de famille de Kitchener, ne parle ni ne comprend le français. Son conjoint se débrouille un peu plus, mais c’est Meghan qui accompagnera sa fille de sept ans cette année dans son apprentissage en ligne.
« C’est tout un défi. J’espère trouver des ressources, des familles, des amis ou des voisins qui sont bilingues. »
Elle prévoit déjà prendre contact avec d’autres familles du quartier qui se trouvent dans une situation similaire pour créer un cercle de soutien et appuyer sa fille du mieux qu’elle peut.
L’importance des interactions sociales
Intisar Awisse, une mère de famille de Waterloo, mise elle aussi sur la création d’un cercle social.
« Notre principale préoccupation, c’est l’exposition au français, parce que nous vivons dans une communauté anglophone. »
Son garçon de six ans devait entrer en première année. Elle n’a pas encore décidé si elle entreprendra le cursus à distance de l’école ou si elle optera plutôt pour l’école à la maison de façon indépendante, mais elle ne l’inscrira pas en salle de classe en raison de l’état de santé de membres de sa famille et des risques liés à une exposition au virus.
Avec d’autres familles, Intisar est en train de créer un petit groupe francophone avec par exemple un éducateur qui pourrait venir animer des ateliers en arts. Il s'agit d'une approche différente, qui ne dépendrait pas de l’apprentissage en ligne offert par l’école.
Après l’expérience du printemps, Intisar sait déjà que les quelque 300 minutes d’enseignement par jour à distance ne peuvent pas convenir à son garçon de six ans.
Pour des enfants de l’âge de mon fils, ça ne fonctionne tout simplement pas. Ça me préoccupe beaucoup de penser à ces 300 minutes par jour de temps d’écran
, explique-t-elle.
Le modèle d'enseignement à distance du ministère de l'Éducation prévoit 225 minutes (75 %) d'enseignement quotidien en enseignement simultané par vidéoconférence. Le reste doit être réservé pour du soutien supplémentaire en petits groupes.
Les craintes d’un retard
Rita Mansourati et son conjoint ont aussi décidé de garder leur fils à la maison, même si la décision les attriste. En tant que mère, mon cœur est brisé, parce que je vois qu’il est à l’âge où il a besoin d’autres enfants et il est excité de commencer l’école
, se confie-t-elle.
Son fils devait commencer la maternelle en septembre, mais le couple de Stouffville en banlieue de Toronto n’a pas confiance dans le plan de la province, particulièrement en raison de la taille des classes.
« S’il y avait seulement 10 ou 15 élèves par classe j’aurais plus confiance dans cette méthode, mais à ce point-là j’aimerais voir comment l’ouverture va se dérouler avant de décider si je vais l’envoyer. »
Rita veut s’assurer que son garçon n’aura aucun retard lorsqu’il commencera l’école et qu’il ne souffrira pas d’un manque d’engagement social. Elle cherche à embaucher une enseignante, même si cela représente des coûts, et à créer un petit groupe auquel pourraient se joindre deux ou trois autres enfants.
Toutefois, la recherche est difficile. Tous les enseignants potentiels qu’elle trouve sont déjà des suppléants à l’école ou ont des enfants qui recommencent l’école en septembre, ce qui reviendrait au même pour elle qu’envoyer son fils à l’école alors qu’elle cherche à limiter les contacts extérieurs.
Forte demande pour des petits groupes
Des parents de partout en Ontario se trouvent dans une situation similaire. Nombreux sont ceux qui se tournent vers les médias sociaux pour mettre sur pied de petits groupes d’apprentissage.
« Les parents sont très anxieux de devoir gérer cette situation. S’ils ne parlent pas le français, comment vont-ils pouvoir aider avec l’enseignement à distance? »
Kimberley Chapman, propriétaire et directrice du centre Oxford Learning à Guelph, qui offre normalement du tutorat, a décidé de créer des groupes à temps plein et temps partiel dès qu’elle a pris connaissance du plan du gouvernement sur le retour en classe.
La demande de la communauté a été immédiate
, a-t-elle constaté.
En raison de la forte demande pour du soutien en français, la moitié de ses groupes sont entièrement dans cette langue.
Un plan en développement
Malgré le contexte particulier pour cette rentrée, le conseil scolaire Viamonde assure que l’appui aux élèves sera de qualité
.
La directrice des services pédagogiques, Angèle Ruder, explique que Viamonde compte miser sur son expérience du printemps pour garantir la qualité de l’enseignement sur sa plateforme en ligne.
« On prépare beaucoup de ressources pour faciliter l’enseignement bimodal de l’enseignant titulaire qui aura à gérer des élèves présents et des élèves à distance. »
Le conseil scolaire analyse présentement les nouvelles directives du gouvernement pour finaliser son plan de réouverture.
Le conseil scolaire catholique MonAvenir a décliné notre demande d’entrevue sur le sujet.