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Mort de Chantel Moore : deux plaintes contre la police d’Edmundston

Chantel Moore, une femme autochtone de 26 ans, a été abattue par un policier d'Edmundston.

Autoportrait de Chantel Moore, une femme autochtone. Elle sourit à la caméra et elle est assise dans l'herbe.

Chantel Moore, une Tla-o-qui-aht de 26 ans, est morte lors d'une intervention policière à Edmunston, au Nouveau-Brunswick.

Photo : Facebook : Chantel Moore

Radio-Canada

Deux plaintes ont été déposées à la Commission de police du Nouveau-Brunswick relativement à la mort de Chantel Moore, abattue par un agent de la Force policière d’Edmundston le 4 juin dernier.

Ces plaintes demandent le congédiement du policier qui a tué Chantel Moore et la suspension d’un autre membre de la force policière pour des propos qu’il a tenus à la télévision.

Chantel Moore, 26 ans, était originaire de la Première Nation de Tla-o-qui-aht, en Colombie-Britannique, et avait emménagé au Nouveau-Brunswick en décembre dernier dans l’intention de se rapprocher de sa famille et de poursuivre des études en ingénierie.

La police d’Edmundston s’est présentée à son domicile le 4 juin pour vérifier si elle se portait bien, à la demande de proches qui s’en inquiétaient. Un policier a tué Mme Moore d’un projectile de son arme à feu. Selon la police d’Edmundston, Mme Moore avait un couteau en sa possession et le policier s’est senti menacé.

Plainte contre le policier qui a tué Chantel Moore

Une des deux plaintes demande le congédiement du policier qui a tué Chantel Moore, sur la base de cinq infractions alléguées au Code de déontologie professionnelle des policiers, enchâssés dans la Loi sur la police au Nouveau-Brunswick.

Les plaignants soutiennent que ce policier :

- a utilisé et entretenu son arme à feu de façon inappropriée;

- a abusé de son pouvoir;

- a négligé ses fonctions;

- a adopté une conduite déshonorante, susceptible de jeter le discrédit sur la réputation du corps de police auprès duquel il est employé;

- s’est conduit de façon outrageante ou abusive envers Chantel Moore.

L’avocat T. J. Burke représente la succession de Chantel Moore et a déposé les documents au nom de la famille de la défunte.

Il indique que la plainte contre le policier qui a abattu Mme Moore s'appuie sur les informations disponibles. L’avocat se réserve le droit d’apporter des précisions à sa plainte contre le policier, ou de déposer des plaintes additionnelles, lorsque les conclusions de l’enquête menée par le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) du Québec seront connues.

C’est ce bureau à l’extérieur du Nouveau-Brunswick auquel été confiée l’enquête. Ce type d’enquête peut durer huit ou neuf mois.

Une femme et un homme habillés en jaune. La femme a un masque sur le visage, tient une photo de sa fille et une urne dans laquelle se trouvent ses cendres et sur laquelle sont gravés les mots « Stay golden ».

Martha Martin (à gauche), mère de Chantel Moore, tient l'urne dans laquelle se trouvent les cendres de sa fille, ainsi qu'une photo de celle-ci, lors de la manifestation du 3 juillet 2020 à Edmundston.

Photo : CBC / Logan Perley

La famille ne voulait pas attendre. La famille voulait que la plainte soit déposée et traitée, afin de garder la mémoire de Chantel au premier plan, pour tous ceux qui sont concernés par cette affaire, a dit l’avocat.

Une deuxième plainte

La famille de Chantel Moore a par ailleurs déposé une autre plainte, celle-là contre l’inspecteur Steve Robinson, de la Force policière d’Edmundston, qui s’est exprimé sur l’affaire dans une entrevue télévisée diffusée par le réseau CTV le 4 juin.

Dans cette entrevue en anglais réalisée par webcam, le journaliste de CTV avait demandé à M. Robinson combien de coups de feu avaient été tirés en direction de Chantel Moore. L’inspecteur avait esquissé un sourire et répondu en riant : Ah! Je ne peux pas commenter ça maintenant.

Le lendemain, l’inspecteur Steve Robinson avait fait la déclaration suivante : Je comprends que ma réaction à la caméra a causé des frustrations et des inquiétudes. Je veux m’excuser sincèrement si ma réaction a été interprétée ou perçue comme étant de l’insouciance ou un manque de compassion. Ce n’est absolument pas le cas.

La force policière soulignait de plus que l’entrevue s’était déroulée en anglais alors que la langue maternelle de l’inspecteur est le français.

Néanmoins, dans sa plainte, la famille de Chantel Moore qualifie les excuses de génériques, dénuées de sincérité et hautement insensibles et blessantes pour une famille en deuil. Elle déplore de plus qu’il n'ait été pas fait mention de Mme Moore ou de sa communauté, la Première Nation de Tla-o-qui-aht.

Une voiture du service policier municipal barre la route devant le centre de ski.

Une auto-patrouille de la Force policière d'Edmundston (archives).

Photo : Radio-Canada / Kassandra Nadeau

La famille est aussi irritée que la Municipalité d’Edmundston, dans son communiqué, ait qualifié les propos de réaction malencontreuse, ce qui à son avis est une manière de décrire la conduite de l’inspecteur comme une question de compréhension erronée de ses propos, dans le but d'en détourner l’attention et de l’empêcher d’en accepter la pleine responsabilité.

L’avocat de la famille Moore soutient que l’inspecteur doit être suspendu pour avoir contrevenu au Code de déontologie professionnelle. Selon la plainte, l’inspecteur Robinson aurait :

- adopté une conduite déshonorante en agissant de façon préjudiciable au maintien de la discipline au sein du corps de police;

- adopté une conduite susceptible de jeter le discrédit sur la réputation du corps de police;

- abusé de son pouvoir en s’exprimant ou se conduisant de façon impolie, grossière, abusive, ou insultante envers une personne.

L'homme en entrevue.

L'avocat T. J. Burke en 2018.

Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau

La Force policière d’Edmundston a décliné une invitation à commenter le dépôt de ces plaintes. Tout le dossier fait présentement l’objet d’une enquête et nous n’avons pas d’autres commentaires, a fait savoir dans un courriel le chef de la Force policière d’Edmundston, Alain Lang.

La Commission de police du Nouveau-Brunswick n’a pas voulu confirmer le dépôt des deux plaintes liées au décès de Chantel Moore. Dans un courriel, non signé, à CBC, elle a répondu que les plaintes étaient confidentielles et non publiques. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi elles étaient confidentielles, la Commission n’a pas répondu.

Sur son site Internet, la Commission de police du Nouveau-Brunswick se décrit comme un organisme indépendant de surveillance civile qui a pour mandat de surveiller la gestion du processus de traitement des plaintes publiques concernant la conduite d’agents de police, ainsi que des services et des directives des services de police municipaux et régionaux du Nouveau-Brunswick.

L’avocat T. J. Burke représente la famille de Chantel Moore dans ce dossier. Par le passé, il a défendu des policiers, notamment l’un de ceux impliqués dans la mort de Michel Vienneau, à Bathurst.

Me Burke a indiqué que la famille de Chantel Moore était disposée à participer à un processus de règlement à l’amiable ou de médiation dans le cas de sa plainte contre l’inspecteur qui s’est exprimé lors d’une entrevue télévisée. Elle ne participera en revanche pas à un processus similaire dans le cadre de sa plainte contre le policier qui a abattu Chantel Moore.

Deux personnes autochtones tuées par la police

Huit jours après la mort de Chantel Moore, une autre personne autochtone, Rodney Levi, de la Première Nation de Metepenagiag, est morte sous les balles d’un policier de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), près de Miramichi.

Le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) du Québec enquête sur les circonstances ayant mené à la mort de Chantel Moore et de Rodney Levi. Ce bureau a fait l’objet de critiques pour le manque de représentation autochtone au sein de son personnel d’enquête.

Le ministère de la Sécurité publique du Nouveau-Brunswick vient aussi d'ordonner une enquête du coroner sur la mort de Rodney Levi.

Avec les informations de CBC

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