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Que sont les petits réacteurs modulaires qui intéressent tant l’Alberta?

Une illustration montre un module d'alimentation à l'échelle 1 sur un camion.

Selon une feuille de route de Ressources naturelles Canada, la valeur potentielle de ces petits réacteurs modulaires est estimée à 5,3 milliards de dollars entre 2025 et 2040 au pays.

Photo : gracieuseté NuScale Power

Le gouvernement de l'Alberta a annoncé son intention de se joindre à l'Ontario, à la Saskatchewan et au Nouveau-Brunswick pour explorer la technologie nucléaire à petite échelle. À terme, le but est d'utiliser de petits réacteurs nucléaires modulaires, les PRM, pour produire de l'électricité et du chauffage propres.

Le président de l'Association canadienne du nucléaire, John Gorman, reconnaît que les petits réacteurs modulaires existent depuis une soixantaine d'années. Ce sont eux qui, par exemple, sont utilisés dans les sous-marins depuis plus de 60 ans et les gros cargos de transports.

M. Gorman affirme néanmoins que la technologie dont on parle aujourd'hui est une version très avancée de ces PRM. Ils sont très flexibles et certains d'entre eux sont si petits qu'ils peuvent être fabriqués en série, ce qui réduit les coûts, explique-t-il.

Difficile de donner des prix précis pourtant, puisqu’ils sont toujours en phase de développement au Canada. Mais M. Gorman affirme que, même au début, le coût devrait être compétitif avec d’autres sources d'électricité. Il y a un bon potentiel pour que ces PRM soient bon marché au fur et à mesure qu’on avance et qu’ils sont produits en masse, soutient-il.

Ces PRM produiront du chauffage et de l'électricité sans émissions de carbone, entre 2 et 300 mégawatts en fonction de leur taille, quand un réacteur de centrale nucléaire classique en produit environ 700.

Deux mégawatts, c’est suffisant pour fournir de l'énergie à une communauté reculée du nord. Avec 300 mégawatts on peut alimenter des milliers de maisons en électricité en se branchant au réseau électrique, explique John Gorman.

Desservir les communautés nordiques

La technologie est certes attrayante à la fois pour l'industrie des sables bitumineux, qui tente de réduire son empreinte carbone, mais aussi pour les communautés reculées, notamment celles vivant dans le nord du pays. C’est en tout cas ce qu’affirme Jason Donev, du Département de physique et d'astronomie de l'Université de Calgary.

Ça coûte très cher d'avoir l'électricité dans le nord, car il faut amener le carburant par avion. Avec un petit réacteur modulaire, on peut produire de l'électricité pour 30 ans, dt-il. Selon lui, ces PRM pourraient carrément changer la donne. Cela devient quelque chose sur quoi on peut compter et non plus quelque chose qui va sans cesse nous inquiéter. John Gorman est du même avis.

M. Donev pense qu’ils pourraient également intéresser l’industrie minière, dont les installations se trouvent aussi, en principe, dans des zones reculées.

La technologie peut également être mise en binôme avec une autre source de production d'énergie propre comme l’éolien ou le solaire. Alors que l'énergie n’est produite que quand le soleil brille ou que le vent souffle, le nucléaire pourrait venir combler les trous, avance M. Gorman.

Des déchets réduits

Difficile de ne pas évoquer les déchets nucléaires, certes moins importants que ceux produits par une centrale classique. Une partie de ces déchets, comme le carburant, sera recyclée par l’une des technologies qui sont en train d’être développées, afffirme M. Gorman

Jason Donev, lui, relativise. Si toute l’électricité que vous utilisez pendant votre vie provenait du nucléaire, les déchets tiendraient dans une canette de soda, dit-il. Comme pour les autres déchets, ceux des PRM seront mis de côté pendant une cinquantaine d’années, afin de réduire de façon spectaculaire leur potentiel radioactif, et puis ils seront enterrés.

Les déchets nucléaires sont l’un des meilleurs atouts de l’électricité : ils sont gérables, ils peuvent être dangereux, mais si nous les traitons correctement, ce n’est pas dangereux, c’est pourquoi personne n’a jamais été blessé par les déchets nucléaires à travers le monde, pas seulement au Canada, affirme Jason Donev.

Si la technologie est déjà déployée en Chine et en Russie, actuellement, au Canada, 12 technologies différentes sont en attente d'un permis. Les premiers PRM devraient être fonctionnels d'ici à la fin des années 2020, selon les experts. Avant 2030, donc, une date importante en termes d’engagements climatiques, conclut John Gorman.

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