Une manifestation à saveur politique contre le port du masque à Montréal
Des policiers étaient présents pour encadrer le rassemblement.

Le reportage de Jacaudrey Charbonneau
Photo : Radio-Canada / Jean-Claude Talania
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des milliers de manifestants ont défilé, samedi après-midi, devant le nouvel édifice de Radio-Canada en scandant « Liberté, liberté! » et des slogans hostiles aux mesures sanitaires prises par le gouvernement pour endiguer les contaminations au coronavirus.
Les messages brandis dans la foule cherchaient à donner un sens politique à la question du port du masque.
Dans une démocratie en santé, il y a un réel débat d’opinions. Où est notre liberté de débattre?
pouvait-on lire sur une pancarte, ou encore libre de choisir
sur une autre.

Plusieurs centaines de personnes ont dénoncé les mesures sanitaires imposées par Québec, samedi à Montréal.
Photo : Radio-Canada / Jean-Claude Talania
Des slogans à double face ont fait la girouette, dans la foule : Pour une nouvelle société sans dictature
au recto alternait avec Stop corruption et dictature
au verso; un exemple parmi d’autres dans la variété de tons où se sont côtoyés Non au masque obligatoire non au vaccin
et Je sauve des vies, je fais des câlins
.
Certains manifestants, sceptiques autoproclamés, ont expliqué ne pas croire aux informations ni aux consignes du gouvernement.

Johanne Lortie fait partie des manifestants, elle dit assumer une posture conspirationniste.
Photo : Radio-Canada
Je pense que le gouvernement ne donne pas les vraies réponses
, a déclaré Johanne Lortie, qui a reconnu ouvertement être conspirationniste. La manifestante a évoqué sa perte de confiance dans les médias parce que toutes les vérités sont transformées, ce n’est pas de l’information qui est faite, c’est de la formation
, a-t-elle justifié.
Je ne suis pas contre le masque et je ne suis pas pour le masque. Je suis pour décider moi-même ce que je peux faire.
Ses inquiétudes sur la place du libre arbitre, qu’elle estime amputée par les consignes sanitaires, était partagée par d’autres manifestants présents dans le cortège et disposés à parler aux journalistes.
Je pense que la population est en train de se faire abuser, on doit arrêter ça
, a renchéri Irène Sarmiento, protégée du soleil par une casquette à l’effigie de Donald Trump.

Irène Sarmiento dit trouver inacceptable que des enfants doivent porter un masque.
Photo : Radio-Canada
D’autres réfractaires aux mesures gouvernementales ont préféré s’exprimer sous couvert d’anonymat, à l’instar d'une manifestante encouragée par la foule dans ses réponses à Radio-Canada.
Les gens perdent leurs jobs, les gens ne veulent même plus aller se faire tester parce que quand ils sont positifs, ils sont écartés 14 jours de leur travail sans rémunération, toute la famille aussi, ça fait un effet boule de neige,
a-t-elle affirmé, multipliant les arguments antimasques.
Cette loi donne à l’État le plein pouvoir de notre corps. C’est une limite qui n’est pas acceptable
, a-t-elle ajouté.
Pas d'amendes pour les dissidents
Alors que les autorités de santé publique ne cessent d’alerter le public sur une deuxième vague de contaminations à la COVID-19, les Montréalais sont invités à respecter les mesures de distanciation sociale afin de maintenir au plus bas niveau possible le taux de transmission communautaire.
À rebours de ces consignes, les manifestants ne portaient aucun masque et n'observaient pas les distances physiques de sécurité dans les rues de la métropole samedi.
Pascal Lapointe, spécialiste en désinformation voit dans ces manifestations un mouvement très difficile à quantifier
.
Ils sont pas juste antimasques. Ils sont en général anti-autres choses.
Si le comportement de ces manifestants met en danger la santé collective, Québec n'a pas l'intention pour le moment d'imposer des amendes aux Québécois qui ne portent pas le masque dans les lieux publics. Le gouvernement est d'avis que la population se conforme à la consigne et qu'il n'y a pas lieu d'être plus sévère à ce stade-ci. Mais la situation est en observation et des mesures plus contraignantes pourraient être adoptées.
Des manifestations similaires contre les mesures sanitaires prises pour endiguer la pandémie ont déjà eu lieu dans d’autres pays comme en Allemagne, aux États-Unis et au Brésil.
Avec les informations de Jacaudrey Charbonneau