Des centaines de Franco-Ontariens garderont leurs enfants à la maison à la rentrée

Les conseils scolaires francophones en Ontario sont en train de sonder les parents sur leurs intentions pour la rentrée scolaire.
Photo : Radio-Canada / Guy Leblanc
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Plusieurs centaines de parents Franco-Ontariens ont fait part de leur intention de garder leurs enfants à la maison en septembre, plutôt que de les envoyer à l’école. C’est ce qui ressort des premières consultations réalisées par les conseils scolaires.
On avait déjà fait un sondage dans les premières semaines de juillet. 1300 familles représentant 1700 élèves avaient manifesté un intérêt [pour garder leur enfant à la maison]
, indique Réjean Sirois, directeur de l'éducation au Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE).
Au total, 25 500 élèves fréquentent les écoles du CECCE.

Réjean Sirois, directeur de l'éducation du CECCE (archives)
Photo : Radio-Canada
Depuis, le gouvernement Ford a présenté son plan de retour en classe pour la rentrée, qui prévoit un retour à temps plein en classe jusqu'à la 8e année et un retour à temps partiel pour toute une série d'écoles secondaires.
Le CECCE a envoyé une lettre aux parents qui avaient signifié leur intérêt pour un mode d’apprentissage virtuel lors du sondage de juillet, en leur demandant de confirmer leur intention au plus tard le jeudi 13 août.
Le conseil précise avoir crée une Académie d’apprentissage virtuel au cours des derniers mois, qui pourra servir pour les enfants qui suivront toute ou une partie de leur apprentissage depuis la maison à partir du 3 septembre.
Lorsque l’administration a créé l’Académie d’apprentissage virtuel, elle s’attendait à accueillir et à répondre aux besoins d’environ 400 à 500 élèves de la maternelle à la 12e année
, peut-on lire sur le site internet du conseil scolaire.
Au vu du premier sondage, il est possible qu'un nombre bien supérieur d'élèves utilisent finalement la plateforme.
Le Conseil des écoles publiques de l'Est de l'Ontario (CEPEO) est lui aussi en train de sonder les parents sur le retour en classe de leurs enfants.
Des demandes d'exemption
Par ailleurs, ces deux conseils scolaires demandent des exemptions pour certaines de leurs écoles secondaires.
Pour rappel, la semaine dernière, le ministre de l’Éducation de l’Ontario a annoncé que 24 conseils scolaires situés dans des zones plus à risque auraient à offrir un enseignement en salle de classe une journée sur deux pour les élèves de la 9e à la 12e année.
On ne devrait pas regarder les conseils scolaires de langue française de la même façon qu’on regarde les conseils scolaires anglophones, parce que les conseils scolaires de langue française ont de grands territoires et chevauchent plusieurs conseils scolaires anglophones
, affirme Réjean Sirois.
Il a envoyé une lettre au Ministère de l’Éducation pour demander des exemptions pour certaines écoles en milieu rural, qui se trouvent sur le même territoire que d’autres écoles anglophones qui seront, elles, ouvertes cinq jours par semaine.
M. Sirois affirme que le Ministère a été très réceptif
à cette demande d’exemption.
Regarder les écoles au cas par cas
Le CEPEO a effectué la même démarche, en demandant une dérogation pour neuf de ses écoles secondaires. Le conseil scolaire s’est basé sur deux critères : soit ces écoles sont situées dans des régions qui ont eu peu de cas de COVID-19, soit elles ont de petits effectifs.

Le CEPEO estime que certaines de ses plus petites écoles secondaires devraient pouvoir accueillir les élèves à temps plein.
Photo : Getty Images / izusek
Dans des plus petites écoles secondaires, on est en mesure d’assurer toutes les mesures attendues pour le retour des élèves à temps plein, par exemple pour notre école secondaire L’Alternative ou encore Maurice-Lapointe
, a expliqué Sylvie Tremblay, directrice de l’éducation au sein du CEPEO, en entrevue vendredi aux Matins d’ici.
Une réponse rapide
Le CEPEO souhaite une réponse de la province le plus rapidement possible, afin de rassurer les parents et les élèves pour qui la rentrée représente encore de nombreuses incertitudes.
Il veut aussi éviter un exode des élèves vers le système anglophone.
Si dans une même ville, notre école doit opérer à 50 % et que l’école secondaire anglophone voisine ne doit pas le faire, ça pourrait très bien arriver que des parents choisissent, à contrecœur, d’inscrire leur enfant à l’école secondaire anglophone.
Des enseignants inquiets
Le président de l'Association des enseignantes et enseignants Franco-Ontariens (AEFO), Rémi Sabourin indique avoir reçu plusieurs appels d'enseignants qui se questionnent sur leurs droits.
Ce que je trouve un peu déplorable, c’est qu’à trois semaines de l’ouverture, on se pose encore ces questions-là qui, selon moi, sont des questions de base
, fait valoir M. Sabourin.
Ce dernier rappelle que, dès mars dernier, l’AEFO avait approché le gouvernement pour la création d’une table de concertation afin d'éviter ce genre de questionnement.
Le plan semble ne pas être clair encore du côté du gouvernement.
M. Sabourin demande au gouvernement Ford de faire preuve de flexibilité et d'investir pour que la rentrée soit sécuritaire. Les 234 millions de dollars annoncés vendredi ne sont pas suffisants, à son avis.
On a seulement une chance de recommencer l’année scolaire alors faisons le de la bonne façon
, conclut-il.
Le ministère ouvert à la discussion
Par l'intermédiaire d’un courriel envoyé à Radio-Canada, le ministère de l’Éducation de l’Ontario ouvre la porte à la discussion.
Nous reconnaissons le fait que les commissions scolaires de langue française couvrent un vaste territoire et comptent plusieurs commissions scolaires de langue anglaise adjacentes, dont certaines sont désignées et d'autres non
, peut-on lire dans le courriel.

Le ministre de l'Éducation de l'Ontario, Stephen Lecce, a annoncé jeudi 30 juillet le plan de la province pour la rentrée scolaire 2020 (archives).
Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette
Nous sommes prêts à avoir des discussions pour aborder des situations spécifiques, en veillant à ce que la santé et la sécurité des élèves, des familles et du personnel soient une priorité.
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Avec les informations de Jérôme Bergeron et de Frédéric Pepin