Le chantier maritime Davie lance un Centre national de brise-glaces
Les réactions dans la grande région de Québec sont très positives.

Le reportage de Marie Maude Pontbriand
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le chantier maritime Davie lance son Centre national de brise-glaces. Il souhaite ainsi être reconnu comme leader dans la construction de navires adaptés aux conditions polaires pour convaincre ses clients d'ici et d'ailleurs de faire appel à son expertise.
Alors que Davie est en voie de devenir le troisième chantier naval partenaire du gouvernement canadien, l’entreprise de Lévis veut se positionner en tant que chef de file international dans la conception et la construction de navires capables de naviguer dans les glaces.
À court terme, pas de nouveau bâtiment ni d’embauche viennent avec ce nouveau Centre national de brise-glaces, mais plutôt une vision et des partenariats.
Revenez ici dans 5 ans, le visage aura complètement changé, Davie est en pleine transformation
, promet le vice-président du chantier, Frédérik Boisvert.
On est positionné de belle façon pour obtenir puis consolider notre présence au niveau québécois et canadien dans le domaine des technologies propres et de l'Arctique.

Frédérik Boisvert, vice-président de Chantier Davie
Photo : Radio-Canada / Alice Chiche
Il y a une logique d'affaires : les brise-glaces, s'ils sont faits au même endroit, il y a des économies d'échelle, l'expertise reste sur place. Donc, ce qu'on se donne aujourd'hui, c'est une vision pour l'avenir, pour les travailleurs, la collectivité et les fournisseurs
, ajoute-t-il.
Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, il précise que l'entreprise compte mettre de l'avant des plans ambitieux de déploiement au niveau des collectivités, des plans d'investissement au niveau académique, au niveau du développement industriel, des investissements technologiques aussi
.
Un exemple de leadership
Le réseau d’affaires et les partenaires de la grande région de Québec saluent l’initiative. À la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES), on estime que le centre est une bonne occasion de faire briller l’expertise de Davie.
Ce qui est une bonne nouvelle pour l’industrie
, croit le PDG de la SODES, Mathieu Saint-Pierre. L'étape la plus cruciale ensuite va être l'octroi des contrats de la part du gouvernement canadien. Le centre va permettre de mettre en lumière l'expertise.
À la Chambre de commerce de Lévis, l’enthousiasme se fait aussi sentir. Marie-Josée Morency, vice-présidente exécutive et directrice générale, souligne que c’est une très, très, bonne nouvelle
. Cette initiative vient réaffirmer le leadership de l’entreprise, avec ses 70 années de vie, au sein de l’industrie
, précise-t-elle.

Marie-Josée Morency de la Chambre de commerce de Lévis
Photo : Radio-Canada
Elle pense que les retombées économiques, surtout lorsque Chantier Davie sera officiellement inclus dans la Stratégie nationale de construction navale, auront des effets sur la ville de Lévis, sur Chaudière-Appalaches et sur Québec. D’après Mme Morency, il ne fait aucun doute que Davie obtiendra les contrats tant espérés du fédéral.
Justement, le député libéral de Québec, Jean-Yves Duclos, a aussi félicité Davie pour cette annonce. Alors que le Chantier Davie continue le processus pour s’intégrer à la nouvelle Stratégie nationale de construction navale, l’équipe de la Davie travaille aussi à se positionner comme un leader mondial dans la conception, la construction et la remise à niveau de brise-glaces. Bravo!
, a-t-il écrit sur Facebook.
Un tournant
Le chantier presque bicentenaire a connu ses années sombres. Il semble cependant remis à flot depuis l’arrivée de nouveaux propriétaires, il y a quelques années, et depuis sa préqualification comme partenaire dans la Stratégie nationale de construction navale.
On n'est plus dans la survivance, on est dans le "qu'est-ce qu'on fait avec la richesse qu'on obtient avec nos partenaires?".
Une vision de l’avenir qui plaît au millier de fournisseurs du chantier que représente Pierre Drapeau, vice-président de l'Association des fournisseurs de Chantier Davie Canada inc.
C'est un moment très important dans l'histoire de la construction navale au pays, parce qu'on vient dire à ces 1300 fournisseurs canadiens, dont 963 sont au Québec, on se donne la main pour livrer
, souligne-t-il.

Le brise-glace Jean Goodwill de la Garde côtière canadienne converti par Chantier Davie.
Photo : Radio-Canada / Marc Godbout
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Chantier Davie embauche environ 500 travailleurs en ce moment. Elle prévoit que ce nombre doublera avec les milliards de dollars de contrats fédéraux qui découleront de son partenariat avec le fédéral. Des contrats qui s'échelonneront jusqu’en 2041, selon l'entreprise.
Dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre, c’est un avantage important pour un employeur de pouvoir offrir des emplois stables, souligne l’Association des fournisseurs.
Souveraineté dans l’Arctique
Alors que la souveraineté canadienne sur les eaux glacées de l’Arctique n'est pas acquise, Chantier Davie croit que son expertise peut jouer un rôle important.
On sait que d'autres pays se sont dotés d'un plan de renouvellement de leur flotte de brise-glaces de manière très ambitieuse, le Canada accuse un certain retard, et là, c'est le temps de mettre les bouchées doubles, parce que notre territoire, on n'assurera notre souveraineté que si on l'occupe correctement
, conclut Frédérik Boisvert, vice-président de Chantier Davie.
Il y a plusieurs politiciens entre autres qui répètent depuis plusieurs années que la flotte canadienne doit être renouvelée, indique le professeur titulaire de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique de l'Université Laval, Frédéric Lasserre.
Il admet que le renouvellement de la flotte peut sembler seulement qu'une occasion d'affaires pour Davie, mais M. Lasserre croit que le besoin est réel. La flotte de brise-glaces vieillit, et il faut que le Canada puisse continuer d'offrir de la sécurité dans l'Arctique.
Le professeur ajoute également que le Centre national de brise-glaces peut être une bonne option pour capitaliser sur la crédibilité de l'entreprise
dans ce contexte.
Avec la collaboration d'Hadi Hassin