La frontière canado-américaine risque de ne pas rouvrir de sitôt, selon des experts

La frontière canado-américaine est fermée depuis mars.
Photo : La Presse canadienne / Rob Gurdebeke
La frontière canado-américaine, la plus longue frontière partagée du monde, est fermée depuis le 19 mars dernier pour les voyages non essentiels en raison de la pandémie, et ne semble pas près de rouvrir de sitôt. Le point sur la situation.
La fermeture de la frontière canado-américaine a été prolongée de mois en mois depuis mars. L’accord le plus récent devait expirer le 21 juillet, mais a été prolongé jusqu’au 21 août, compte tenu de l’évolution de la pandémie au sud de la frontière. Cette entente doit être renouvelée tous les 30 jours.
Des experts consultés par CBC affirment qu'ils s'attendent à ce que la frontière reste largement fermée au moins jusqu’à l’année prochaine.
La situation n’a pas l’air de s’améliorer aux États-Unis
, affirme Len Saunders, avocat américain spécialisé en droit de l’immigration, dont le bureau est proche de la frontière canadienne dans l’État de Washington.
Les États-Unis ont recensé plus de 4,6 millions de contaminations à la COVID-19 et 154 319 décès, ce qui en fait le pays le plus durement touché du monde.
Selon lui, la frontière pourrait rester fermée pendant six mois supplémentaires.
« Il n’y a aucune raison qui pousserait le gouvernement canadien à rouvrir la frontière, exposant les Canadiens à un risque élevé de propagation du coronavirus. »
Et une grande majorité de Canadiens (86 %) semblent approuver la décision du gouvernement Trudeau, selon un sondage Léger datant du 7 juillet dernier.
Rouvrir la frontière serait un suicide politique
pour tout politicien canadien, estime pour sa part l’économiste Moshe Lander.
Si les Canadiens ne se sentent pas en sécurité, pourquoi rouvrirait-on cette frontière, surtout s’il n’y a pas une logique politique forte derrière une telle décision
, se demande ce professeur à l’Université de Concordia à Montréal.
Selon M. Lander, la frontière pourrait rouvrir au milieu ou vers la fin de l’année 2021, si la pandémie est maîtrisée aux États-Unis.
Qui peut toujours voyager entre les deux pays?
Si la majorité des Canadiens et des Américains ne peuvent pas facilement traverser la frontière pour faire une courte excursion de magasinage ou pour visiter des amis, certains voyages entre les deux pays sont autorisés.
Les Canadiens peuvent se rendre aux États-Unis par avion, mais les Américains, quant à eux, sont interdits d’entrée sur le territoire canadien, que ce soit par voie terrestre, maritime ou aérienne.
Seuls sont permis les voyages pour raisons professionnelles, pour études, pour les soins médicaux, ou pour le maintien du flux de biens et de services pour les chaînes d'approvisionnement essentielles.
Le gouvernement canadien recommande toutefois à ses citoyens d’éviter tout voyage non essentiel, affirmant que les gouvernements des destinations qui ont ouvert leurs frontières aux touristes pourraient imposer soudainement des restrictions strictes de voyage, s'ils devaient constater une augmentation des cas de COVID-19
.
Qu’en est-il des familles séparées?
Le gouvernement fédéral a récemment allégé les restrictions de voyage afin de permettre aux citoyens américains de visiter leurs proches immédiats au Canada, dont les enfants dépendants, les époux et les conjoints de fait.
Pour se qualifier à titre de conjoints de fait, un couple doit avoir habité sous un même toit pendant au moins un an et le prouver, documents à l’appui.
Certains couples, séparés par la distance, et qui ne répondent donc pas à ces critères, ont ainsi décidé de sceller leur union.
Selon M. Saunders, plus d’une vingtaine de ses clients qui entretiennent une relation amoureuse à distance ont décidé de se marier plus tôt afin de pouvoir se réunir au Canada.
Des règles plus strictes pour les voyageurs vers l'Alaska
Depuis le 31 juillet, les voyageurs non essentiels transitant par le Canada vers l'Alaska sont soumis à des règles plus strictes et à des conditions d'entrée supplémentaires, annonce l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).
Les voyageurs devront apposer une étiquette sous leur rétroviseur pendant la durée du déplacement en territoire canadien. Celle-ci indiquera la date à laquelle les voyageurs doivent quitter le Canada et fournira de l’information au sujet des conditions imposées à l'entrée.
Seuls les arrêts dits essentiels, notamment pour faire le plein d'essence, seront permis.
En juin, la police de l’Alberta a délivré une dizaine de contraventions allant jusqu’à 1200 $ à des citoyens américains en route vers l’Alaska et qui avaient fait un arrêt au parc national de Banff.
Et le 10 juillet, la police de la Colombie-Britannique a condamné un plaisancier américain à une amende de 1000 $ pour avoir traversé les frontières maritimes canadiennes.
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Avec les informations de Sophia Harris de CBC