Un couple canado-américain se marie par FaceTime, le Canada refuse ses retrouvailles

Mark Maksymiuk et Lauren Pickrell se sont dit « oui » via FaceTime le 6 juillet dernier.
Photo : Courtoisie : Mark Maksymiuk
Un couple canado-américain s'est marié par procuration pour pouvoir se retrouver, mais les services frontaliers canadiens ont mis fin à la lune de miel.
Cela m’a brisé le cœur
, a déclaré Lauren Pickrell. La femme de 35 ans est originaire de Windsor, en Ontario, et est séparée de son partenaire américain, Mark Maksymiuk, depuis début mars en raison des restrictions de voyage liées à la COVID-19.
La frontière terrestre des États-Unis est fermée aux visiteurs canadiens depuis mars. Les Canadiens peuvent toujours prendre l’avion pour les États-Unis, mais Mme Pickrell dit ne pas avoir assez de jours de congé pour voyager et se mettre en isolement volontaire pendant deux semaines à son retour.
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Le Canada, lui, a interdit aux étrangers d’entrer pour des voyages non essentiels, mais a récemment assoupli ses restrictions pour permettre à la famille immédiate d’entrer, y compris les époux et les conjoints de fait.
Les couples fiancés ne répondant pas aux critères, Lauren et Mark ont dû trouver une alternative et ont découvert un fait peu connu : il est possible de légalement se marier au Kansas lors d’une cérémonie par procuration.
Si vous aimez vraiment quelqu’un, vous faites tout ce qu’il faut
, affirme Lauren Pickrell.
Un oubli
dans la loi du Kansas
Henry Chang, un avocat torontois spécialisé en immigration d’affaires, explique que ce droit est né d’une simple négligence des législateurs de l’État américain. Ils ont simplement oublié de mentionner que les deux parties devaient être présentes pour que la cérémonie soit légale
.
Mark Maksymiuk s’est donc envolé pour le Kansas. Le couple s’est marié légalement le 6 juillet à Kansas City - du côté de la ville qui fait partie de l'État du Kansas - dans la chapelle Your Magical Day, spécialisée dans ce type d’union. Il a obtenu une licence de mariage valide de l’État américain, mais seul le marié était physiquement présent lors de la cérémonie officielle.
C’était parfait
, confie la mariée. Je n’ai jamais voulu avoir un grand mariage.
La lune de miel s’est cependant achevée cinq jours plus tard lorsque son mari s’est vu refuser le droit de la rejoindre à la frontière Détroit-Windsor.
Des mariages par procuration reconnus aux États-Unis, mais pas au Canada
La loi américaine sur l’immigration reconnaît ce type de mariage, appelé mariage par procuration, mais pas avant que les époux aient été physiquement réunis.
Mais le Canada, lui, n’en fait pas autant, comme a pu le comprendre M. Maksymiuk après s’être entretenu avec un agent des services frontaliers alors qu’il tentait de se rendre à Windsor.
Ses mots exacts ont été : nous ne considérons pas ce type de mariage comme valide
, se souvient l’Américain. Son entrée au Canada a été refusée.
« J’étais en larmes, je me suis effondré. »
En 2015, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a cessé de reconnaître les mariages par procuration à moins que la mariée ou le marié ne soit membre de l’armée canadienne.
IRCC
a expliqué à CBC News que ce changement a été effectué en raison de préoccupations selon lesquelles les mariages par procuration pourraient impliquer un conjoint non consentant.Quelles sont les options?
Selon l’avocat Henry Chang, l’Américain serait probablement autorisé à entrer au Canada si lui et sa conjointe refaisaient ensemble leur cérémonie de mariage aux États-Unis. Malheureusement, c’est la seule façon de sauver le mariage
, dit-il.
Comme ce n’est actuellement pas une option, le couple espère que le gouvernement fédéral élargira ses exemptions pour permettre à plus de couples de se réunir.
C’est une période difficile pour être seul, et ils doivent le reconnaître
, estime Lauren Pickrell.
« L’amour est essentiel. Ce n’est pas du tourisme. »
L’Agence de la santé publique du Canada a déclaré à CBC News la semaine dernière qu’elle réexaminait sa définition de la famille immédiate tout en gardant à l’esprit les risques posés par les voyages internationaux pendant la pandémie.