Les sous-traitants dans les centres de soins ne sont pas dans la mire de la province

Le rapport publié il y a un an recommandait 91 mesures pour rendre les centres de soins de longue durée plus sécuritaires.
Photo : CBC
Un an après le dépôt du rapport de l’enquête publique qui avait suivi l’affaire Wettlaufer, le ministère des Soins de longue durée affirme avoir mis en place un peu plus du tiers des recommandations. Des intervenants du milieu dénoncent que les mesures les plus importantes selon eux se fassent toujours attendre.
Le gouvernement de l’Ontario affirme avoir mis en place ou être en voie de mettre en place 80% des recommandations faites par la juge Eileen Gillese à la suite de l’enquête publique sur les soins de longue durée en Ontario.
Dans son rapport, le ministère des Soins de longue durée admet ne pas avoir mis en place de mesure pour l’instant en lien avec l’embauche ou la surveillance de sous-traitants, que le rapport Gillese recommandait d’éliminer.
Le recours à des agences de placement d’infirmières, que le rapport recommandait de minimiser, ne fait pas non plus l’objet d’intervention de la part du gouvernement.
Les mesures mises en place touchent en particulier les procédures de distribution et de surveillance des médicaments, la formation et la sensibilisation du personnel.
Par ailleurs, une étude sur la dotation de personnels des foyers de soins de longue durée avait été lancée en février dernier.
Le groupe de travail fait de nombreuses recommandations, entre autres celle d’augmenter le nombre d’heures de soins dédié à chaque patient de 2,5 à 4 heures par jour.
Sans recommander l’adoption de règles strictes en matière de ratio pour le nombre d’infirmières ou de préposés disponibles pour les résidents, le rapport souligne qu’une augmentation du nombre d’employés de diverses expertises devrait être encouragée, en particulier dans les grandes résidences.
Le personnel toujours insuffisant
La directrice de l’Association des infirmières autorisées de l’Ontario croit que les recommandations qui ont en effet été adoptées ne touchent pas au cœur du problème.
Selon Doris Grinspun, les tueurs en série dans le milieu de la santé sont heureusement extrêmement rares et la sécurité des patients est davantage menacée par l’absence de services adéquats.
Chaque jour les résidents sont en danger en raison de l’absence de personnel suffisant, d’un niveau de soins insuffisant.
Selon elle, la crise de la COVID-19 a démontré que les centres de soins de longue durée sont vulnérables et inadéquatement équipés pour répondre aux besoins des résidents.
Doris Grinspun soutient qu’il est nécessaire d’entamer des processus d’embauche immédiatement pour assurer un niveau de service suffisant lorsque la deuxième vague de COVID 19 risque de frapper à l’automne.
Plus tôt cette semaine, le gouvernement provincial a annoncé la tenue d’une commission d’enquête sur la COVID-19 dans les centres de soins de longue durée.
Du temps perdu
Des proches de victimes de l’ancienne infirmière Elizabeth Wettlaufer s’inquiètent que cette commission occasionne de nouveaux délais dans la mise en place de soins adéquats pour les résidents de centres de soins de longue durée.
Arpad Horvath, dont le père du même nom a été assassiné par l’ancienne infirmière, affirme que l’argent dépensé pour cette commission aurait pu être investi directement dans les maisons de soins
.
Il affirme que l’accumulation d’enquêtes de commission et de rapports ne transforme pas directement le système et regrette que les énergies ne soient pas plutôt consacrées à régler ces problèmes.
Un avis partagé par Laura Jackson. Elle a perdu son ami Maurice Granat à qui Elizabeth Wettlaufer a fait subir une surdose mortelle d’insuline.
Selon elle, la crise de la COVID-19 n’est qu’un exemple supplémentaire, et à plus grande échelle des lacunes du système de soins de longue durée.
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L’avocate de l’organisme Advocacy centre for the Elderly, Jane Meadus, croit plusieurs des mesures en cours d’exécution auraient dû être adoptées plus rapidement, entre autres en ce qui concerne la gestion des réserves d’insuline dans les centres de soins de longue durée.
C’est décevant que plusieurs pièces semblent encore manquer maintenant.
Elle regrette que les rapports n’offrent pas de directives précises sur le ratio de personnel nécessaire pour adéquatement répondre aux besoins des résidents.