Trump a empoisonné les procédures contre Meng Wanzhou, disent ses avocats
Meng Wanzhou vit sous surveillance continue à Vancouver après y avoir été arrêtée en 2018.
Photo : Ben Nelms/CBC
Les avocats de Meng Wanzhou affirment que le président des États-Unis, Donald Trump, a empoisonné les procédures d’extradition de la directrice financière de Huawei, à tel point que la cour devrait rejeter l’affaire.
Dans des documents de la cour soumis avant les audiences de septembre, l’équipe qui défend la femme d’affaires chinoise cite la propension du président Trump à intervenir dans des causes criminelles notoires. Elle fait valoir qu’il n’aurait pas hésité à mettre ses menaces à exécution et à utiliser sa cliente comme pion dans une guerre commerciale mondiale.
Les avocats soulignent aussi des commentaires faits par le premier ministre Justin Trudeau au sujet de la détention de deux Canadiens en Chine, Michael Spavor et Michael Kovrig, perçue en Occident comme des représailles à la suite de l’arrestation de Meng Wanzhou au Canada, en décembre 2018.
Ils arguent que leur cliente est dans une situation difficile, où elle a l'impression que toute tentative de défense de sa part pourrait avoir des répercussions sur l’économie chinoise ou sur la vie des deux hommes.
« Ces procédures ont été empoisonnées. Elles ne peuvent pas être encore considérées comme raisonnablement justes, malgré l’indubitable bonne foi de la cour. »
Meng Wanzhou a été arrêtée à Vancouver en décembre 2018 lors de ce qui devait être une simple escale entre Hong Kong et Mexico. La justice américaine veut qu’elle soit extradée aux États-Unis, où elle est accusée de fraude bancaire dans l’objectif de contourner les sanctions américaines contre l’Iran.
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Michael Flynn et Roger Stone cités comme exemples d'ingérence
Dans les plus récents arguments, les avocats de Meng Wanzhou font référence à des déclarations du président Donald Trump deux semaines après l’arrestation de leur cliente. À l’époque, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine avait escaladé. Quand un journaliste lui a demandé s’il interviendrait dans l’affaire, le président américain avait déclaré qu’il allait le faire s’il jugeait que c’était nécessaire.
Les avocats estiment que les actions du président américain et du procureur général des États-Unis, William Barr, dans les dossiers de l’ancien conseiller à la sécurité Michael Flynn et du conseiller politique Roger Stone montrent que ces mots ne sont pas que des paroles en l’air. Ces deux exemples prouvent que le président ne pense pas seulement qu’il peut intervenir dans les poursuites, mais qu’il le fera quand cela sert ses intentions politiques, écrivent-ils.
Ils ajoutent que le premier ministre Justin Trudeau a contribué à la politisation du dossier de leur cliente lors d’une émission de télévision, en décembre 2019, au sujet des deux Canadiens détenus en Chine. Justin Trudeau a affirmé que son gouvernement avait dit aux États-Unis qu’ils ne devraient signer aucune entente finale et complète avec la Chine si elle ne réglait pas la question de Meng Wanzhou et des deux Canadiens
.
Ces derniers arguments font partie de la stratégie de Meng Wanzhou et de ses avocats pour faire avorter le procès pour abus de procédures.
Si nécessaire, la défense prévoit aussi d’argumenter que les autorités canadiennes et américaines ont conspiré pour violer les droits constitutionnels de Meng Wanzhou au moment de son arrestation. Les avocats seront en Cour fédérale la semaine prochaine à cet effet pour demander que des documents du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) soient révélés, car ils prouvent, selon eux, une collusion avec le FBI.
Meng Wanzhou vit sous surveillance continue à Vancouver après avoir payé une caution de 10 millions de dollars à la suite de son arrestation. Elle porte un bracelet qui rend compte de ses déplacements et réside dans l’une de ses deux propriétés, d'une valeur de plusieurs millions de dollars, dans l’ouest de la ville. Elle nie toutes les allégations dont elle fait l'objet.
Avec des informations de Jason Proctor