Le masque avec une fenêtre translucide, une solution plus inclusive?

Un masque avec une visière au niveau de la bouche permet aux personnes malentendantes de lire sur les lèvres.
Photo : AFP/Lionel Bonaventure
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le port obligatoire du masque dans les lieux publics fermés représente un défi important pour les personnes malentendantes. En effet, le masque les empêche de lire sur les lèvres, ce qui nuit à leur compréhension. Quelles sont les pistes de solution?
C’est comme un stress de plus quand je vais parler avec quelqu’un avec un masque parce que je sais que je ne comprendrai pas tout et que je vais la faire répéter, et il risque d’y avoir des frictions à ce niveau-là
, rapporte Marie-Pier Haché, une jeune femme malentendante qui vit à Rouyn-Noranda.
Les personnes malentendantes se fient beaucoup à la lecture labiale pour comprendre les mots. Le port obligatoire du masque dans les lieux publics leur impose une barrière importante. Toutefois, les masques avec une fenêtre de matériau translucide au niveau de la bouche pourraient grandement les aider.
Le petit truc transparent pour lire sur les lèvres, c’est sûr que ce serait un grand soulagement, reconnaît Marie-Pier Haché. Donc oui, on doit porter un masque et oui je comprends ça, mais ce n’est vraiment pas tout le monde qui a ça [un masque qui montre les lèvres]. Depuis le début de la crise de COVID-19, je n’ai vu personne qui avait un masque comme ça.
Jeanne Choquette, présidente-directrice générale d’Audition Québec, indique que le ministère de la Santé a commandé 100 000 masques chirurgicaux avec une fenêtre transparente. Elle se réjouit que le ministère ait répondu à la demande qu’Audition Québec avait envoyée au mois de juin, mais souligne que beaucoup plus de masques de ce genre seront nécessaires.
J’ai parlé à des audiologistes qui m’ont dit que ce n’était pas suffisant. Au début, je trouvais que le chiffre était gros, mais quand vous pensez au nombre d’établissements qu’il y a au Québec…
remarque-t-elle. Elle mentionne d’autres travailleurs, comme les dentistes, les physiothérapeutes, es massothérapeutes et les coiffeurs, qui auraient aussi besoin des masques avec une fenêtre transparente.
Le défi : un masque transparent et sécuritaire
Jeanne Choquette précise que ce ne sont pas tous les masques avec une fenêtre translucide qui peuvent être considérés comme des masques chirurgicaux. En effet, des masques confectionnés de façon artisanale ne respectent pas les normes sanitaires pour être portés à moins de deux mètres de distance d’une autre personne.
C’est quand même un début, reconnaît Jeanne Choquette. On ne s’attend pas à ce que toute la population ait un masque transparent, ça c’est clair.

Jeanne Choquette aimerait que plus de gens aient accès au masque avec visière.
Photo : Radio-Canada / Michel Aspirot
Un organisme québécois, TechniTextile, a cependant entamé un projet avec l’entreprise québécoise Prémont pour que la province puisse s’approvisionner en masques avec une pellicule transparente.
Actuellement, il y a une rupture de stock auprès du fournisseur américain qui fabrique un masque qui répond aux normes ASTM (la Société américaine pour les essais et matériaux), explique Dany Charest, directeur général de TechniTextile.
TechniTextile a contacté l’entreprise Prémont, qui a commencé à développer un masque avec une fenêtre transparente.
Je pense que c’est un produit qui est encore méconnu parce qu’il y a probablement plein de gens qui seraient intéressés à travailler avec un masque comme ça, parce que ça rend la communication beaucoup plus agréable, estime M. Charest. Je pense que ce marché de masques là est appelé à être grandissant.
Il s’attend à pouvoir lancer le produit au début du mois de septembre. M. Charest ajoute qu’il est encore difficile de trouver un matériau translucide qui répond aux normes des masques de procédures réutilisables.
D’autres solutions
Jeanne Choquette recommande aux gens qui s’adressent à des personnes malentendantes de ne pas crier, car cela peut être humiliant. En cas de confusion, elle suggère d’utiliser un papier et un crayon, ou encore la technologie.
Par exemple, Pascale Nadeau, interprète à la Ressource pour personnes handicapées de l’Abitibi-Témiscamingue, indique qu’un nouveau service est offert depuis le début de la crise sanitaire.
Toutes les salles d’urgence de chacun des hôpitaux de la région, ainsi que dans tous les centres de dépistage de la COVID-19, les professionnels disposent maintenant d’une tablette pour contacter directement une interprète et obtenir rapidement de l’interprétariat à distance [à l’aide de Zoom]
, explique-t-elle.