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Les témoignages anonymes dans les foyers de soins se multiplient

Une préposée aide un résident à se déplacer en fauteuil roulant dans un couloir du foyer de soins.

Le Foyer régional Ste-Élizabeth de Baker Brook a 50 lits.

Photo : Radio-Canada / Bernard LeBel

Radio-Canada

L'établissement Foyer régional Ste-Élizabeth, à Baker Brook dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick, dénonce un manque critique de travailleurs. Sous le couvert de l’anonymat, des employés se disent découragés et débordés.

Ces derniers affirment même savoir que les soins qu’ils donnent aux patients sont inadéquats et insuffisants, au point où ils ont honte du travail qu’ils accomplissent, une fois de retour chez eux.

Selon leurs témoignages, certaines personnes âgées doivent par exemple attendre trop longtemps avant d’aller aux toilettes, et d’autres restent souillées dans leur culotte jetable.

Ce n’est pas humain. Le pauvre petit monsieur ou la pauvre petite madame qui a été obligé de faire des selles dans sa culotte absorbante parce qu’on n'a pas eu le temps de l’emmener aux toilettes. C’est sa dignité qui est touchée là-dedans.

Une citation de Employé.e anonyme du Foyer régional Ste-Élizabeth

Par ailleurs, nos sources reconnaissent ne pas être en mesure d'offrir un bain complet par semaine par résident, ce qui fait écho au témoignage recueilli la semaine dernière dans un foyer de soins à Shippagan.

Dernièrement, non. C’est un problème qui se retrouve souvent dans les saisons estivales avec les vacances et tout ça. Faut remettre les bains complets [à plus tard]. On essaie de les combler soit le lendemain, soit le surlendemain. Mais dernièrement, on a vu que certains avaient skippé leurs bains de deux semaines, a exposé l'une de nos sources.

Logo sur lequel nous pouvons lire FOYER RÉGIONAL STE-ÉLIZABETH

Les résidents du Foyer régional Ste-Élizabeth sont des individus en perte d’autonomie qui nécessitent l’accès en tout temps à des soins médicaux.

Photo : Radio-Canada

Le coeur du problème, selon les travailleurs anonymes : le manque criant de personnel qui menace la dignité même des patients qui en souffrent.

Tout de suite, c’est un manque de personnel très, très élevé. Un exemple : il y a des matins qu’on est censés être neuf sur le plancher. Mais on est quatre. C’est arrivé à quelques reprises, a confié une source anonyme.

Ces quatre employés deviennent donc les seuls responsables de lever, laver et de nourrir 50 résidents.

Puis pour la plupart de nos résidents, il faut utiliser un levier. Quand tu utilises le levier, il faut être deux personnes. 75 % à 80 % des résidents sont au levier. On fait ça comment? Faire toutes nos tâches, puis apporter un déjeuner pour 8 h 15, C’est pratiquement impossible, a relaté notre source.

Ce manque de personnel atteint même la santé mentale des employés et crée un cercle vicieux.

C’est une question de santé mentale. Admettons qu’ils trouvent une entente, une recette miracle, qui fait qu’on a plus d’employés sur le plancher, qui fait qu’on a une meilleure dynamique de travail, on va sortir de notre shift de travail plus accompli.e.s. Moi, tout de suite, je sors de là et je suis brûlé.e net.

Nos sources croient également qu'une réorganisation des horaires de travail dans le but d'offrir plus de postes à temps plein pourrait régler en partie le problème.

Tout de suite, ils veulent avoir des employés, mais surtout pour des remplacements. C’est pas tout le monde qui est prêt à venir travailler une semaine pendant 10 h et une autre semaine pendant 40 ou 50 h. Ils veulent avoir du temps complet.

Le syndicat et la direction commentent

La direction du foyer admet que des congés de maladie pris à la dernière minute posent parfois des défis.

Des fois, la fin de semaine, quand il manque du personnel, on est obligés de couper les bains pour pouvoir donner les soins prioritaires, explique Sylvie Corriveau, directrice des soins du Foyer régional Ste-Élizabeth.

Actuellement, le nombre d’heures de soins par résident est d’un peu moins de trois heures par jour.

On est deux par aile pour 15 résidents, ça fait qu’il peut en avoir cinq ou six qui sonnent en même temps, mais on peut juste y aller, une demi-heure après ou [plus], indique Nancy Boucher, la présidente locale du Syndicat canadien de la fonction publique.

Le syndicat et la direction du foyer de soins s’entendent pour dire que la solution à la surcharge de travail et à l’épuisement passe par une augmentation des ressources humaines.

On pourrait avoir beaucoup plus de personnel. On aurait beaucoup plus de remplacements et mon Dieu que ça serait moins chargé pour eux, imagine Monique Gendron, directrice générale du Foyer régional Ste-Élizabeth.

Ces entretiens surviennent quelques jours après qu’une source anonyme a témoigné sur les soins offerts dans les Résidences Mgr Chiasson à Shippagan.

D’après le reportage de Bernard LeBel

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