Les femmes seraient plus touchées par la pandémie sur le plan familial et professionnel

La professeure de sociologie Susan Prentice fait également remarquer que les femmes qui ont gardé leurs emplois en ce temps de pandémie doivent conjuguer les soins des enfants et le télétravail.
Photo : Courtoisie Christine Labrie
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La pandémie de COVID-19 a des conséquences sur tout le monde, mais les femmes sont plus touchées, d’après la professeure de sociologie Susan Prentice, de l’Université du Manitoba. Elle explique que ces dernières, qui sont traditionnellement responsables de la majorité des tâches parentales et qui occupent des emplois peu rémunérés, ont été plus marquées par les effets de la COVID-19.
D’après Susan Prentice, dans une famille biparentale, c'est souvent le revenu qui décide lequel des deux conjoints doit quitter son emploi pour s’occuper des enfants qui ne vont plus à l’école ou à la garderie. Très souvent, c'est la femme qui gagne moins que l'homme et qui doit rester à la maison.
Cela signifie qu’une mère est moins susceptible de retourner au travail
, dit-elle.
En juin, le Manitoba a connu une baisse de 8,1 % du nombre de femmes qui travaillent par rapport à l’an dernier, ce qui représente près de 11 000 emplois.
Le taux de chômage des femmes de plus de 25 ans, qui était de 10,3 % en mai, était presque égal à celui des hommes, à 8,3 %, en juin, mais cela ne tenait pas compte des femmes qui ont quitté le marché du travail, souligne Susan Prentice.

Susan Prentice, professeure de sociologie à l’Université du Manitoba.
Photo : Radio-Canada / Jaison Empson
La professeure de sociologie fait également remarquer que les femmes qui ont gardé leur emploi en ce temps de pandémie doivent concilier les enfants et le télétravail.
C’est le cas de Stephanie Laubenstein, qui travaille de la maison à temps plein, prend soin des travaux scolaires de son fils, Benjamin, 9 ans, et s’occupe également du chien de la maison.
Mme Laubenstein est directrice des ventes et du développement commercial chez le fabricant d'autobus New Flyer. En temps normal, elle voyage beaucoup pour son travail et partage la prise en charge de Benjamin avec le père de ce dernier.
Lorsque la pandémie a frappé le Manitoba, elle était à Winnipeg et s’est retrouvée confinée avec son fils. Tout d’un coup, je suis devenue maman à plein temps, femme d’affaires à plein temps et enseignante à plein temps, et il est devenu vraiment difficile de concilier toutes ces exigences
, dit-elle.
Elle a souvent été interrompue dans son travail par Benjamin et raconte qu’une fois, alors qu’elle était en vidéoconférence, ce dernier a accouru pour lui dire que le chien avait mangé ses sous-vêtements.
Heureusement, les gens de la vidéoconférence en ont ri et m’ont donné le temps de résoudre cette situation
, ajoute-t-elle, en souriant.

Stephanie Laubenstein travaille de la maison à temps plein, prend soin des travaux scolaires de son fils, Benjami, 9 ans, et s’occupe également du chien de la maison.
Photo : Radio-Canada / Ian Froese
Stephanie Laubenstein explique que son fils ne peut pas aller chez son père, car la famille s’inquiète de l’exposition de celui-ci au virus. Benjamin est considéré comme une personne à haut risque, et son père travaille avec le public. La mère de famille a obtenu une aide psychologique et se dit plus sereine, car le service de garde de Benjamin rouvrira bientôt.
De longues journées de 12 heures
Certaines familles comme celle de Celia Valel avaient opté pour un partage des tâches. Celia Valel et son mari ont trois enfants de moins de 9 ans qui n’allaient plus à la garderie en raison de la pandémie.
Pour assurer la garde et le suivi scolaire de ces derniers, le couple s’était organisé pour faire de longues journées de 12 heures à tour de rôle. Cette solution s’est avérée insupportable après quelque temps, dit Celia Valel.
Souvent, je ne voyais pas mes enfants à leur réveil et je ne les voyais pas avant d’aller au lit non plus. C’était très démoralisant.
Celia Valel a eu des places en garderie pour les enfants, cependant elle est inquiète pour la prochaine rentrée scolaire. Si les cours ne reprennent pas en présentiel, la famille pourrait de nouveau faire face à un déséquilibre.
Besoin d’une meilleure sécurité d’emploi
Les femmes qui occupent des emplois de services comme celui de caissier ont besoin d’une meilleure rémunération et plus de jours de congé maladie, d’après Lynne Fernandez, titulaire de la chaire Errol-Black sur les questions liées au travail au Centre canadien de politiques alternatives.
Elle affirme que, si rien n’est fait, les hommes vont récupérer les emplois des femmes, ce qui aura des conséquences sur la place de la femme sur le marché du travail à long terme.
Avec des informations d'Ian Froese