Depuis longtemps, le Canada et les États-Unis partagent la plus longue frontière du monde
La frontière entre le Canada et les États-Unis est la plus longue du monde.
Photo : Radio-Canada
Le 19 mars 2020, la pandémie de la COVID-19 a convaincu le Canada et les États-Unis de fermer temporairement la frontière qui sépare les deux pays aux voyages non essentiels. Cette fermeture est un événement exceptionnel dans l’histoire de la plus longue frontière partagée du monde.
Une frontière poreuse à l’est…
« Le Canada est le pays qui a la plus longue frontière avec un autre pays : 8900 kilomètres. »

Reportage de la journaliste Françoise Stanton sur la vie quotidienne dans deux villages des Cantons-de-l'Est que sépare en deux la frontière canado-américaine.
En 1984, la journaliste Françoise Stanton se rend dans les villages frontaliers de Beebe Plains et de Rock Island, situés à 150 kilomètres au sud-est de Montréal.
Elle nous en rapporte un reportage qu’elle présente à l’émission Le Point du 23 février 1984 qu’anime ce jour-là Simon Durivage.
La journaliste nous rappelle qu’en 1772 des arpenteurs ont commis une erreur de délimitation des frontières entre ce qui était alors les colonies britanniques du Canada et du Vermont.
C’est sur le 49e parallèle de latitude que devait s’étendre la ligne de délimitation des frontières du Canada et des colonies américaines.
Mais les arpenteurs ont tracé la ligne à un peu plus d’un kilomètre plus au nord.
Inconscients de cette erreur, des colons d’origine britannique ont construit les villages de Beebe Plains et de Rock Island à cheval sur cette frontière.
Un traité signé entre la Grande-Bretagne et les États-Unis en 1818 ne corrige pas l'erreur.
La journaliste Françoise Stanton constate que, dans ces villages, certaines maisons sont traversées par la ligne de la frontière.
Le geste apparemment banal de traverser une rue peut signifier dans ces villages se retrouver dans un autre pays.
Autre particularité des villages de Beebe Plains et de Rock Island, plusieurs citoyens y possèdent la double nationalité américaine et canadienne.
… Comme à l’ouest

L'animateur Marc-André Masson interviewe l'historien Luc Côté sur l'histoire de la frontière canado-américaine dans les provinces de l'Ouest du Canada.
Le 4 septembre 2002, Paul-André Masson, qui anime au Réseau de l'information l’émission 11 septembre - le monde a changé, a invité l’historien du Collège de Saint-Boniface Luc Côté.
Ce dernier analyse l’importance de la frontière canado-américaine dans les provinces de l’Ouest canadien.
Luc Côté rappelle que la population des provinces de l’Ouest du Canada est concentrée près de la frontière américaine pour des raisons historiques.
À l’époque de la construction du chemin de fer au Canada, le Canadien National, ne voulant pas de concurrence provenant d’un rival américain, a fait suivre la frontière canado-américaine à sa ligne de voie ferrée.
La majorité des nouveaux arrivants au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta, se sont installés tout près de cette dernière.
La frontière canado-américaine était à la fois peu hermétique et très poreuse.
Cette double nature de la frontière entre les deux pays a été bien utile aux trafiquants durant la période de la prohibition d’alcool imposée aux États-Unis entre 1920 et 1933.
Selon une légende, toujours non prouvée, on aurait même aperçu à cette époque le célèbre gangster Al Capone dans les rues de la ville de Moose Jaw, située en Saskatchewan.
Il aurait traversé la frontière sans être inquiété par les forces de l’ordre.
La frontière entre le Canada et les États-Unis n'a généralement pas été une source de problème entre les deux nations.
Elle était si discrète qu’en fait peu d’Américains, à moins de vivre dans un état frontalier, étaient conscients jusqu'à récemment qu’il existait une frontière avec le Canada.
Cette perception a cependant quelque peu changé après les attentats du 11 septembre 2001.
Le gouvernement de Washington perçoit désormais cette frontière poreuse comme étant une passoire que peuvent utiliser des éléments terroristes pour s'infiltrer sur le territoire américain.
La question de l'immigration illégale s'ajoute à la menace que perçoivent les autorités américaines émanant d'une frontière avec le Canada qui est trop peu surveillée.
En 2020, c’est une menace sanitaire, provoquée par l’épidémie de la COVID-19 qui referme brutalement la frontière terrestre entre le Canada et les États-Unis.
Personne ne sait encore quand cette dernière rouvrira normalement.