La famille de Regis Korchinski-Paquet demande une seconde autopsie
Une marche commémorative est prévue le 25 juillet pour saluer la mémoire de la femme de 29 ans.

Regis Korchinski-Paquet était une jeune femme fière de ses origines, une gymnaste douée et une bénévole engagée au sein de sa paroisse, selon l'avocat qui représente la famille.
Photo : Facebook/Regis Korchinski-Paquet
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La famille de Regis Korchinski-Paquet qui est tombée du balcon de son logement à la fin mai a commandé une seconde autopsie pour corroborer ses allégations de négligence criminelle contre la police de Toronto. Elle dit qu'elle a complété sa propre investigation et ses entrevues avec les responsables de l'Unité des enquêtes spéciales.
Les avocats de la famille Regis Korchinski-Paquet envisagent des poursuites si aucune accusation criminelle n'est déposée contre les agents qui étaient présents dans l'appartement de la victime lors de sa mort.
Ils assurent qu'ils ont effectué leurs propres enquêtes auprès des témoins qui ont vu ou entendu ce qui s'est passé le soir du 27 mai. Il y a certainement matière à déposer des accusations, de négligence criminelle ayant causé la mort par exemple, selon ce que nous avons appris
, explique l'avocat Howard Morton.

L'avocat Howard Morton
Photo : Radio-Canada
Me Morton souligne toutefois qu'il est trop tôt pour préciser la nature des accusations qu'il aimerait voir dans cette affaire sans avoir lu au préalable les conclusions finales de l'Unité des enquêtes spéciales (UES).
Il explique néanmoins que des accusations devraient être déposées contre les agents fautifs à la lumière des entrevues que les membres de la famille ont accordées aux inspecteurs de l'UES et des témoignages qu'ils ont recueillis.

L'avocat Knia Singh entouré de membres de la famille de Regis Korchinski-Paquet
Photo : Radio-Canada
Son confrère Knia Singh affirme qu'une seconde autopsie sera par ailleurs utile. Il précise qu'il a approché le bureau du coroner de Terre-Neuve et que ce dernier s'est montré disposé à faire une seconde autopsie. Une seconde analyse pourrait relever des éléments que la première autopsie aurait écartés
, ajoute-t-il.
Nous attendons bien sûr le rapport de l'UES, mais nous savons que l'Unité n'est pas transparente ni indépendante dans ses investigations comme on a pu le constater dans le passé
, poursuit-il.
L'UES doit terminer son rapport dans les prochains jours. La famille s'attend toutefois à ce que le document soit censuré, parce que l'UES n'est pas un modèle de transparence et d'indépendance selon elle.

L'Unité des enquêtes spéciales doit bientôt remettre son rapport sur la mort de Regis Korchinski-Paquet.
Photo : Photo tirée de Facebook
La famille affirme que le rapport lui sera néanmoins utile, puisqu'il mentionnera le nom de tous les agents qui étaient présents dans l'appartement de la victime lorsqu'elle est tombée de son balcon.
Me Singh ajoute que le premier ministre Doug Ford et la solliciteure générale, Sylvia Jones, devraient faire preuve d'empathie
et s'assurer que les policiers en Ontario fassent preuve de retenue en présence de personnes qui affichent des problèmes de santé mentale.
L'avocat accuse néanmoins les conservateurs d'avoir modifié les lois sur les services de police et sur les enquêtes portant sur la police à l'avantage des forces de l'ordre et non du public. On s'attendrait du premier ministre et de la ministre qu'ils fassent en sorte que la police soit plus redevable de ses actions
, dit-il.
Me Singh soutient que Mme Jones a par ailleurs la responsabilité de résoudre les problèmes de racisme et d'impunité systémiques au sein des corps de police lorsqu'elle aura reçu les conclusions de l'UES.

Des gerbes de fleurs ont été déposées en signe de condoléances à la famille de Regis Korchinski-Paquet après sa mort près de High Park.
Photo : CBC / Mark Bochsler
Il souligne qu'il est intéressant de constater l'écart qui existe, selon lui, entre les conclusions de l'UES et celles des organismes de surveillance de la police comme la Commission ontarienne des droits de la personne.
Les rapports de l'UES ne mènent presque jamais à des accusations criminelles contre un ou des policiers alors que ceux des agences mettent en lumière de nombreuses violations commises par les forces de l'ordre
, explique-t-il.
L'avocat ajoute que la famille compte elle aussi rendre son propre rapport public. Il précise que les corps de police ne sont pas compétents pour faire face à une personne en détresse psychologique, parce qu'ils ne sont pas formés en santé mentale.
Réactions de la famille
Le père de la victime, Peter Korchinski, a demandé que justice soit faite au nom de sa fille et au nom de tous ceux qui ont souffert aux mains de la police. Je me battrai jusqu'à la mort pour que justice soit faite
, dit-il les larmes aux yeux.
Le frère de Regis, Reece Korchinski-Beals a formulé le même souhait. La colère ne me ramènera pas ma soeur, mais combien de personnes sont mortes en présence des policiers
, s'interroge-t-il.
Une marche à la mémoire de la femme de 29 ans aura lieu le 25 juillet et la famille invite le public à y assister en grand nombre, en respectant les mesures de distanciation physique. Ce ne sera pas le premier rassemblement du genre.

Une peinture murale de l’artiste Adrian Hayles représente Regis Korchinski-Paquet, morte d’une chute d’un balcon lors d’une intervention policière.
Photo : Radio-Canada / John Sandeman
La mère de la victime, Claudette Beals, a précisé qu'elle était toujours en deuil, en colère et anéantie par la mort de sa fille.
Elle a néanmoins remercié les Torontois de la compassion dont ils ont fait preuve à l'endroit de sa famille. Mme Beals a aussi remercié de leur soutien le mouvement Black Lives Matter et le groupe Justice pour Regis.
Peter Korchinski a rappelé combien sa fille était adorable et il a demandé aux Torontois de s'élever contre le racisme dans la métropole lors de la commémoration.