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Mariages, restos, sports : ce que 170 experts de la santé accepteraient ou pas de faire

Trois clients portant un masque sont assis à une table.

Des clients à la terrasse d'un restaurant.

Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Des spécialistes de la santé à Montréal interrogés par CBC/Radio-Canada sont à l’aise à l’idée de souper chez des amis ou d'aller chez le coiffeur, mais beaucoup comptent attendre qu’il y ait un vaccin contre la COVID-19 avant d'aller à un mariage ou de pratiquer un sport comme le hockey.

CBC/Radio-Canada a interrogé début juillet 170 experts dans les domaines de l’épidémiologie, des maladies infectieuses, de la médecine d’urgence et de la santé publique, notamment, pour avoir une idée de leur perception des risques associés aux activités quotidiennes.

Ils ont aussi pu donner leur avis sur la gestion de la pandémie par le gouvernement du Québec et le niveau de préparation de la province s'il advenait une seconde vague d'infections.

Leurs réponses reflètent une diversité d'opinions, qui sont influencées non seulement par les connaissances scientifiques sur le coronavirus qui évoluent chaque jour, mais aussi par la personnalité des répondants.

Toutefois, sur plusieurs sujets, des consensus sont apparus. La plupart des experts interrogés ne comptent pas participer à un rassemblement dans un horizon rapproché, ni pratiquer un sport de contact ou aller à l'épicerie sans masque.

Mais la grande majorité est déjà allée chez le coiffeur, a déjà rendu visite à des amis ou a mangé à la terrasse d’un restaurant, ou compte le faire dans les six prochains mois.

On voit des valeurs numériques dans un tableau.
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Les réponses des experts de la santé interrogés par CBC/Radio-Canada

Photo : Radio-Canada

Je suis en fait allé à un bar samedi, mais c'était un établissement avec des tables à l'extérieur, où il fallait réserver sa place, dit Janusz Kaczorowski, un professeur et directeur de recherche au Département de médecine de famille et médecine d'urgence de l'Université de Montréal.

Les tables étaient espacées dans un stationnement. Je dois dire que je m'y sentais aussi en sécurité que si j'avais été assis sur la terrasse à la maison.

Plus stricts que le gouvernement

La grande majorité des répondants disent adopter des mesures ou des comportements au moins aussi stricts que ce que recommande la santé publique. Plus de la moitié disent que leurs règles personnelles sont encore plus contraignantes que ce que demandent les autorités.

Le questionnaire a été présenté dans la semaine 5 au 12 juillet, avant l'annonce du port obligatoire du masque dans les lieux publics fermés.

De nombreux répondants auraient souhaité que l'obligation du port du masque soit adoptée plus tôt. Lors d'entrevues de suivi, plusieurs experts affirment que cette mesure permet maintenant de pratiquer certaines activités de façon plus sécuritaire.

La Dre Eva Suarthana, épidémiologiste médicale au centre de recherche de l'Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, dit qu'elle est maintenant à l'aise de prendre les transports en commun compte tenu de l'obligation de porter le masque.

Cette règle aurait dû être mise en place bien plus tôt dans la pandémie, dit-elle, précisant qu'elle a commencé à porter un masque à l'extérieur de chez elle dès le mois de mars.

D'autres spécialistes disent que leurs décisions dépendent de divers facteurs.

Pour la plupart de vos questions, la réponse correcte est "ça dépend", écrit Jack Siemiatycki, un professeur de médecine sociale et préventive à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Un autobus de la STM pendant la COVID-19.

Le port du masque est désormais obligatoire dans les transports en commun à Montréal.

Photo : Radio-Canada / CATHERINE LEGAULT

Je ne serais pas à l’aise de rencontrer une nouvelle personne dans un petit bureau sans fenêtre, sans rien connaître d’elle et sans distanciation significative, et ça va rester le cas pendant des mois ou des années.

Les règles d'hygiène de base que nous aurions dû avoir même avant la pandémie — comme le lavage fréquent des mains — contribuent beaucoup à réduire le risque d'attraper la COVID-19, mentionne Petronela Ancuta, une sommité montréalaise de la recherche sur le VIH/SIDA.

Je crois qu'il faut trouver un juste équilibre entre la peur et la sensibilisation. Les maladies infectieuses existent. Elles ne datent pas d'hier, mais elles peuvent être graves, dit Mme Ancuta.

Les mesures qu'on prend normalement pour éviter d'attraper la grippe sont une bonne base pour aider à prévenir les infections, ajoute-t-elle.

Risques à Montréal

Les experts ont aussi été sondés sur le risque perçu de contracter la COVID-19 à Montréal, sur une échelle de 1 à 10 (1 représentant un risque très faible et 10, un risque extrêmement élevé). Les réponses varient grandement, mais la plupart se situent entre 3 et 7.

La Dre Nikita Pant Pai, chercheuse et professeure d'épidémiologie clinique à l'Université McGill, estime que le risque se situe à 7. Elle mentionne que la hausse récente de cas dans certains pays qui ont mis fin à leur confinement la rend très prudente.

C'est impossible d'ignorer le fait qu'on peut contracter la COVID-19 d'une personne asymptomatique. Même si vous portez un masque et respectez la distanciation, c'est complètement ridicule de penser que vous n'êtes pas vulnérable, dit-elle.

Je ne veux pas baisser la garde. C'est aussi ma personnalité, au-delà de ce que la science nous dit, ajoute-t-elle.

D'autres experts vont dans le même sens, en disant que leurs réponses sont guidées par leur expérience personnelle.

Mireille Schnitzer, professeure agrégée de biostatistique à l'Université de Montréal, refuse de faire certaines choses qui ont pourtant reçu le feu vert des autorités de la santé publique, comme manger à l'intérieur d'un restaurant ou aller au cinéma.

C'est aussi facile à comprendre : je suis enceinte de sept mois, précise-t-elle.

Méthodologie, limites et précisions

L'objectif de cette enquête était de réfléchir à nos gestes quotidiens, aux risques qui y sont associés, et y apporter l'éclairage de professionnels de la santé qui connaissent bien le contexte montréalais. L'enquête n’a pas de valeur statistique et l'échantillon n’est pas représentatif de l’ensemble des experts de la santé.

Le questionnaire a été envoyé par courriel à 907 experts de la santé dans le milieu universitaire et le secteur hospitalier. Les adresses ont été obtenues sur les sites web des institutions. Un premier courriel a été envoyé le 7 juillet et un rappel a été fait le 10 juillet.

L’accent a été mis sur des praticiens et des chercheurs affiliés à des centres universitaires ou à des hôpitaux de recherche qui jouent un rôle direct dans la gestion de la pandémie, particulièrement dans les domaines de la santé publique, de l’épidémiologie ou de la médecine d’urgence.

Sur les 180 réponses obtenues, 10 étaient des doublons. 104 courriels sur les 907 ont envoyé une réponse automatique d’absence ou une réponse d’adresse courriel non valide.

Voici la répartition des 170 répondants selon leur spécialité :

  • Maladies infectieuses (épidémiologie, immunologie, virologie) : 41
  • Médecine d'urgence : 23
  • Santé publique : 20
  • Médecine familiale ou générale : 17
  • Épidémiologie de maladies non infectieuses : 6
  • Biostatistique : 3
  • Autre spécialité médicale : 55
  • Spécialité non médicale : 5

Des répondants ont trouvé que certaines questions étaient ambiguës et auraient aimé pouvoir répondre « ne s'applique pas », dans certains cas.

Le questionnaire pourrait aussi donner l'impression que les experts évaluent les risques en fonction du temps écoulé, mais ce n'est pas le cas.

Il n'y a personne qui compte les jours avant de pouvoir faire à nouveau telle chose. Les gens attendent qu'il y ait des preuves que c'est maintenant sécuritaire, explique Jay Kaufman, un professeur d'épidémiologie à l'Université McGill, dans un échange par courriel.

Lorsqu'on nous demande : "Quand pensez-vous prendre à nouveau l'avion", par exemple, ce n'est pas une affaire de trois mois ou six mois, mais bien quand la transmission à bord des avions sera devenue rare.

D’après un texte de John MacFarlane, Roberto Rocha et Jonathan Montpetit de CBC

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