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Les organismes de bienfaisance toujours aux prises avec d'importants défis financiers

Des hommes, dont certains parlent au téléphone, devant l'enseigne du YMCA.

Certains YMCA offrent notamment des services de résidence.

Photo : Radio-Canada / Charles Contant

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Quelques mois après leurs premiers appels à l'aide, plusieurs organismes de bienfaisance sont toujours aux prises avec des difficultés financières malgré l'aide d’urgence offerte par les gouvernements provincial et fédéral.

Je crois que plusieurs, ou même tous les organismes à but non lucratif et de bienfaisance s’entendent pour dire que ce n’est pas assez, lance sans détour la directrice générale des services d'emploi et d'immigration du YMCA du Nord-Est de l’Ontario, Chantal Carre.

L'aide des gouvernements est insuffisante pour compenser les pertes de revenus des derniers mois.

Mme Carre précise qu’une part non négligeable du financement du YMCA provient des frais d’adhésion aux services, tels des services de garde, des cours et des installations sportives abordables. Or, les établissements du Nord-Est sont fermés depuis le début de la pandémie et plusieurs programmes n'ont toujours pas repris, plaçant l’organisme dans une situation financière délicate.

La devanture du YMCA de Sudbury est marquée du logo.

Les camps de jour pour les enfants et les services de garderie ont recommencé à North Bay et Parry Sound le 29 juin, tandis que ces activités ont repris le 6 juillet dans les districts de Sudbury et Manitoulin.

Photo : Radio-Canada / Jean-Loup Doudard

Si on ferme nos portes demain, ce sont des parents, des familles, des aînés qui n’auront plus accès à nos services, s’inquiète Mme Carre, faisant allusion à la fermeture d’une succursale du YMCA de la Nouvelle-Écosse (Nouvelle fenêtre).

Le même discours résonne dans les locaux de la Légion royale canadienne du Nord de l’Ontario. Depuis le mois de mars, ils ont zéro revenu, explique France Gélinas, députée du NPD de la circonscription Nickel Belt, qui se fait porte-parole de leur cause auprès du gouvernement provincial.

Leurs sources de revenus à eux, c’est de faire des dîners, d’organiser des célébrations, c’est de louer des locaux, énumère-t-elle. Pandémie oblige, ces activités sont maintenant impossibles à organiser.

« Les dépenses, elles, elles n’ont pas baissé. Que ce soit les assurances, la facture d’Hydro, la fournaise, la chaleur! »

— Une citation de  France Gélinas, députée du NPD de Nickel Belt
Un cuisinier au Fish N' Fry.

La Légion royale canadienne de Capreol, dans le Grand Sudbury, a l'habitude de tenir de traditionnels « Fish N' Fry » les vendredis, une activité de financement où l'on vend notamment du poisson frit.

Photo : Radio-Canada / Zacharie Routhier

Mme Gélinas souligne également que la structure particulière des sections locales de la Légion royale canadienne de la circonscription de Nickel Belt fait en sorte qu’elles ne sont pas admissibles aux programmes d’aide provinciaux.

Le cabinet du ministre des Services à l'enfance et des Services sociaux et communautaires n’a pas répondu à la question de Radio-Canada quant à la possibilité de revoir les critères d'admissibilité au fonds de secours pour les services sociaux. Près de 300 millions de dollars ont été mis à la disposition des organismes à but non lucratif.

La porte-parole Palmer Lockridge a toutefois précisé que depuis le début de la pandémie, le gouvernement de Doug Ford a investi 17 milliards de dollars en mesures indirectes pouvant bénéficier aux travailleurs des organismes de bienfaisance.

Une situation qui trouve écho partout au Canada

La Société canadienne du cancer (SCC), qui oeuvre à l’échelle nationale, enregistre elle aussi des pertes de revenus importantes malgré les mesures d’aide du gouvernement fédéral. Depuis le début de la pandémie, ses prévisions n’ont pas changé : l’année en cours devrait se solder par un déficit de 80 millions de dollars.

Pour l’organisme, le printemps est habituellement caractérisé par des activités de collecte de fonds. Tout ça, ça a été annulé parce que ce sont des activités où l’on rencontre des gens, explique Denis Lalonde, vice-président principal de la SCC pour le Canada français.

L’organisme a toutefois organisé une version virtuelle de ses activités de financement, avec des résultats mitigés. Le Relais pour la vie, caractérisé par des activités de mobilisation sur le terrain et dans les écoles, n’a cumulé que le quart des dons des années précédentes, soit 4,5 millions de dollars.

« C’est extrêmement insécurisant par rapport à l’avenir. »

— Une citation de  Denis Lalonde, vice-président principal de la SCC pour le Canada français
Participants au Relais pour la vie à Ville-Marie, au Témiscamingue.

Des participants au Relais pour la vie à Ville-Marie, au Témiscamingue, en 2019

Photo : Radio-Canada / Tanya Neveu

Conséquence directe de la baisse de leurs moyens financiers, la SCC investira 16 millions de dollars de moins que prévu en recherche pour le cancer, c’est-à-dire 40 millions.

Imagine Canada, un regroupement d’organismes à but non lucratif dont fait partie la SCC, demande au gouvernement fédéral de délier à nouveau les cordons de sa bourse afin de les aider à pallier des pertes envisagées de plus de 10 milliards de dollars pour l’année 2020.

On parle d’organismes qui sont sous-financés depuis des années, qui portent des services à bout de bras, plaide Pascal Lépine, porte-parole du regroupement. Selon un sondage effectué par Imagine Canada, un organisme sur cinq a dû suspendre ses activités au plus fort de la crise.

Si M. Lépine reconnaît que la pandémie est difficile pour les entreprises, il soutient toutefois qu’elles ont une certaine marge de manoeuvre pour se réinventer et pour vendre leurs produits autrement. Les organismes de bienfaisance, eux, ont les mains liées : ils dépendent pour la plupart de dons et de subventions.

« Beaucoup des services qu’on offre, ce sont des services de première ligne. Des personnes en situation d’itinérance, des gens qui ont de la difficulté à se nourrir. [...] Si on enlève ça au Canada, ça fait un pays dont le tissu social va s’effriter grandement.  »

— Une citation de  Pascal Lépine, porte-parole d'Imagine Canada

Imagine Canada chiffre à 4,25 milliards l’aide fédérale offerte au secteur de la bienfaisance. Cela inclut l'investissement fait dans le cadre de la subvention salariale d’urgence du Canada.

Pour faire face à la crise, Imagine Canada demande un fonds de stabilisation de 3,75 milliards de dollars au gouvernement fédéral.

Maya Dura, porte-parole du ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, dit que le gouvernement va continuer à chercher des moyens de travailler avec les organisations caritatives et à but non lucratif qui soutiennent les Canadiens pendant la crise.

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