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Climat de travail toxique au MBAM : « Un mensonge », dit Nathalie Bondil

Nathalie Bondil parle devant une peinture d'Andy Warhol.

Nathalie Bondil était directrice générale et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Montréal depuis 2007.

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Congédiée lundi par le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), Nathalie Bondil, qui en a été la directrice générale et conservatrice en chef pendant plus de 10 ans, se dit étonnée par la position du conseil d'administration, qui dénonce un climat de travail toxique.

Mme Bondil s'est exprimée pour la première fois mardi au micro de Tout un matin au sujet de son congédiement, puis à RDI matin.

Le conseil d'administration du MBAM a en effet annoncé lundi qu'il mettait fin immédiatement à son contrat, en raison d'allégations de harcèlement psychologique. Son président, Michel de la Chenelière, a maintenu que l'institution muséale ne pouvait plus fermer les yeux sur un environnement de travail devenu toxique.

En entrevue mardi, Nathalie Bondil a plutôt laissé entendre qu'une seule personne aurait causé des problèmes. Selon elle, cette situation est survenue au moment où le MBAM vivait une phase d'expansion dans un contexte de plein emploi, ce qui a mis beaucoup de pression sur ses différents services.

« Quand vous gérez une entreprise de 400 personnes, c'est normal qu'il y ait des moments où il y a de la fatigue, qu'il y ait un service ou des personnes qui soient moins contents, et surtout des personnes qui partent. »

— Une citation de  Nathalie Bondil, ex-directrice du MBAM

Ça m'étonne beaucoup, a affirmé l'ex-directrice, en référence au rapport négatif du Cabinet RH, une firme extérieure mandatée pour faire un diagnostic du climat de travail au MBAM. Ce rapport, présenté en février dernier au conseil d'administration du Musée, fait état d'une dégradation importante et multifactorielle du climat de travail.

Mme Bondil estime que si tel avait été le cas, le comité de direction en aurait eu des échos, des plaintes, et on n'en a pas, tout simplement.

C’est un mensonge pour cacher d’autres irrégularités de processus de recrutement [...] pour masquer d'autres problèmes de gouvernance, a plutôt soutenu Nathalie Bondil mardi.

Une nomination mise en cause

Avant l'annonce de son congédiement, Mme Bondil estimait plutôt que les administrateurs du Musée tentaient de la pousser vers la sortie parce qu'elle refusait d'approuver la nomination de Mary-Dailey Desmarais au poste de directrice de conservation, une thèse à laquelle elle souscrit d'ailleurs toujours.

La création de ce poste avait été suggérée dans le rapport du Cabinet RH, afin de délester Mme Bondil de certaines tâches. Cette dernière affirme que si elle était d'accord avec cette stratégie de réorganisation, elle ne l'était toutefois pas avec le processus de recrutement en soi.

Il y a des règles de gouvernance qu'on peut questionner, dit-elle. Il y a beaucoup d'opacité, de difficulté aussi, à pouvoir discuter ou s'exprimer directement avec le C. A. en ce moment, et c'est ça qui a créé cette situation.

Moi, ce que je vois, c'est le fait qu'on ait questionné un processus de recrutement qui a agacé le président du C. A., a-t-elle ajouté, pour expliquer son congédiement. Elle parle d'une nomination que le conseil d'administration voulait faire passer avec force.

En somme, Mme Bondil a soutenu que le comité de direction du Musée soutenait une autre candidature que celle de Mary-Dailey Desmarais, dont elle a toutefois vanté l'excellent travail. On voulait vraiment quelqu'un de sénior au poste de directrice de conservation, a-t-elle précisé. J'aurais été heureuse de donner un autre poste à Mary. [...] On aurait pu avoir la meilleure équipe au Canada.

« C'est le temps de pouvoir s'interroger sur la gouvernance du Musée. C'est quand même un musée qui reçoit énormément de fonds publics, et c'est vrai que l'opacité dans laquelle il est géré, à l'heure actuelle, peut poser question. »

— Une citation de  Nathalie Bondil, ex-directrice du MBAM

Le syndicat du MBAM dit avoir alerté la direction

Dans un communiqué, le syndicat du MBAM affirme qu'il a à maintes fois soulevé des problèmes de climat de travail aux instances internes appropriées, mais faute de changements, il a interpelé le C. A..

Le syndicat précise que son organisation n’a pas été mise au courant des conclusions du rapport produit par une firme indépendante et n’en connaît pas la teneur, même s'il dit avoir fait une demande à cet effet.

Il n’en demeure pas moins que le syndicat souligne l'engagement de la part du C. A" d'assurer un climat de travail sain et harmonieux pour les employés et d'honorer l'expertise et le professionnalisme des équipes du Musée.

L’organisation syndicale affirme que son action s’inscrit dans une démarche de relations de travail et rappelle avoir déposé un grief auprès des représentants de l’employeur […] pour réclamer que l’employeur agisse afin de garantir un milieu de travail sain et exempt de harcèlement.

Il fait remarquer que de nombreux employés avaient peur de porter plainte par peur de représailles, de ne pas pouvoir travailler ailleurs ou ont tout simplement quitté le musée. Par ailleurs, les employés ou ex-employés qui s’expriment le font actuellement sous le couvert de l’anonymat, pour les raisons énoncées.

Un « dur coup » pour le Musée

La ministre de la Culture, Nathalie Roy, a réagi au congédiement de Mme Bondil mardi.

Le Musée des beaux-arts de Montréal a sa propre structure de gouvernance, et le gouvernement du Québec n’a pas à s’immiscer dans sa gestion interne. Il s’agit tout de même d’un dur coup pour le Musée, a-t-elle soutenu.

Dimanche, elle avait apporté son soutien à Nathalie Bondil. Sans commenter directement la crise qui secoue le Musée, elle s'était dite consternée d'apprendre qu'on mettait en doute les qualités de Mme Bondil.

Monique Jérôme-Forget à la défense de Nathalie Bondil

Dans une entrevue accordée à l'émission Midi info sur les ondes d'ICI Première, Monique Jérôme-Forget, présidente du conseil d’administration du Musée McCord Stewart, n'a pas mâché ses mots pour dénoncer la campagne de salissage dont Nathalie Bondil est la cible, selon elle. Elle a aussi relevé de graves lacunes dans la gouvernance du Musée des beaux-arts.

Ce que je vois moi en ce moment, c’est du harcèlement, a déclaré Mme Jérôme-Forget. Cette femme-là a été impeccable pendant 19 ans, mais la 20e année, elle ne fonctionne plus.

« L’injustice qui est faite à l’endroit de cette femme qui a amené le Musée des beaux-arts au niveau où il est actuellement est incroyablement désastreuse pour le Musée et pour Montréal. »

— Une citation de  Monique Jérôme-Forget, présidente du conseil d'administration du Musée McCord Stewart

Selon Mme Jérôme-Forget, le problème au Musée des beaux-arts n'est pas Nathalie Bondil, mais bien la gouvernance défaillante du président de son conseil d'administration, Michel de la Chenelière.

C’est le contraire d’une gouvernance. M. de la Chenelière ne sait pas gouverner, ne sait pas être président d’un conseil d’administration, proteste Monique Jérôme-Forget, qui a de longues années d'expérience au sein de nombreux conseils d'administration.

J’invite la ministre de la Culture [Nathalie Roy] à regarder la gouvernance de ce musée, a-t-elle conclu.

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