Le masque sera obligatoire dans les lieux publics fermés partout au Québec

François Legault a déclaré que le port du masque était obligatoire partout dans les lieux publics fermés du Québec à compter du 18 juillet.
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
Le port du masque sera obligatoire dans tous les lieux publics intérieurs du Québec à compter du 18 juillet, a confirmé le premier ministre François Legault après des semaines de pressions sociales et politiques sur son gouvernement.
Dès samedi prochain, les personnes qui voudront se rendre dans un lieu public fermé – une boutique, une épicerie, un centre commercial, un centre sportif, par exemple – devront porter un masque, sous peine de se voir refuser l'accès.
Selon la façon de faire retenue par le gouvernement, ce sont les propriétaires des lieux qui auront la responsabilité de faire appliquer cette réglementation dans leurs établissements. Ceux qui n’appliqueront pas le nouveau règlement s'exposeront dès le 18 juillet à une amende variant de 400 $ à 6000 $, selon qu'il s'agit d'une première offense ou d'une récidive.
Les citoyens qui ne porteront pas de masque dans les espaces publics intérieurs ne seront pas sanctionnés pour le moment. Ils pourront bénéficier d’une période d’adaptation de deux semaines, soit jusqu’au 1er août, au terme de laquelle le gouvernement se réserve le droit de sévir en imposant des amendes au besoin.
Les enfants de moins de 12 ans, quant à eux, ne seront pas obligés de porter un masque dans les lieux publics et aucune amende ne sera imposée dans leur cas. Par contre, Québec recommande fortement aux enfants de porter aussi le masque dans les espaces publics, dans la mesure du possible.
Quant à l'application du règlement, le premier ministre a expliqué que le masque n'aura pas à être porté en permanence dans les lieux publics, ce qui inclut les restaurants : l'usage du masque sera demandé lorsqu'il ne sera pas possible de respecter la distanciation de deux mètres entre les gens ou pendant les déplacements à l'intérieur.
Le virus ne prend pas de vacances
C'est qu'en dépit de la situation relativement stable de la pandémie au Québec, les autorités redoutent un relâchement des mesures sanitaires pendant les vacances de la construction – une période propice aux déplacements, aux fêtes et aux rapprochements, qui sont autant d'occasions pour le coronavirus de se propager dans la population.
Un écart de comportement collectif pourrait, selon François Legault, relancer la propagation de la COVID-19 et faire en sorte qu'une nouvelle période de confinement soit nécessaire, ce qu'il désire éviter à tout prix.
« Ce n’est pas vrai qu’on va foutre en l’air tout le travail qu’on a fait depuis quatre mois à cause de quelques personnes qui aiment les gros partys. »
Le premier ministre rappelle donc aux Québécois de toutes les régions de limiter les rassemblements à moins de 10 personnes, de porter le masque dans les lieux publics intérieurs et de s'amuser en gardant toujours à l'esprit que le virus ne prend pas de vacances
.

Une femme porte un masque en entrant dans le métro de Montréal.
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
Rappelons que, depuis lundi matin, le port du masque est obligatoire dans tous les transports en commun du Québec. Une période de grâce de 14 jours est accordée aux usagers, mais après le 27 juillet, les services de transport pourront refuser l’accès aux clients qui ne portent pas de masque.
Les détaillants ne sont pas des policiers
Au Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), on dénonce le fait que Québec impose aux détaillants le rôle de faire appliquer sa réglementation.
Son directeur général, Stéphane Drouin, considère que la décision du gouvernement du Québec n’est pas applicable sous sa forme actuelle
.
Depuis le début de la crise, les détaillants ont toujours agi de façon responsable, a-t-il souligné par communiqué. Leur imposer la responsabilité du respect du port obligatoire du masque, sous la menace d’amendes importantes, alors qu’ils assument déjà des coûts additionnels importants est très difficile à accepter.
Selon lui, les détaillants n’ont pas à faire les frais du comportement des personnes qui refuseront de se plier au règlement.
Éviter un scénario à l'américaine
La menace de propagation accrue que représentent les vacances de la construction fait craindre à Québec une perte de contrôle de l'épidémie semblable à celles qu'on observe depuis quelques semaines aux États-Unis, où le déconfinement rapide a nettement favorisé la propagation du virus.
La Floride a notamment battu un triste record dimanche en recensant 15 299 nouveaux cas de COVID-19 en une seule journée. Il s'agit du plus grand nombre de nouveaux cas enregistrés en 24 heures par un État américain depuis le début de la pandémie de coronavirus.
Au Québec, la progression de la contagion demeure stable pour le moment. Depuis la mi-juin, on signale environ une centaine de nouveaux cas par jour. Lundi, la santé publique québécoise recensait exactement 100 nouveaux cas de COVID-19 et 1 décès survenu au Québec ces dernières 24 heures.
Cette légère recrudescence du nombre de cas d'infection, observable depuis quelques jours, explique en partie pourquoi Québec a décidé de rendre obligatoire le port du masque dans les lieux publics fermés, a expliqué le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, en entrevue à Radio-Canada.
Celui-ci a d'ailleurs précisé que la visière ne pourra pas remplacer le masque dans les commerces et les restaurants, tant pour la clientèle que pour le personnel.
Le ministre Dubé a répété que, malgré les réticences du patronat et des syndicats, ce sont bel et bien les commerçants et les employés des services de transport en commun qui devront faire respecter le port du masque.
Mais il maintient que des amendes pourront être données aux personnes. Surtout celles qui refusent délibérément de porter le masque en évoquant les libertés individuelles.
Celles-ci, soutient le ministre, devraient se voir refuser l'accès
aux espaces publics fermés. Il y a un choix entre les libertés individuelles et le bien-être collectif de tout le monde. Et on l'a vu dans les derniers mois, les dernières semaines, aux États-Unis : quand les libertés individuelles prennent le dessus, c'est toute la société qui en paie le prix.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux Christian Dubé.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers