Le manque de diversité à l’AEFO critiqué

Des membres de l'Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens dénoncent un manque d'inclusion.
Photo : @AEFO/Twitter
- Marie-Hélène Ratel
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un groupe d’enseignants dénonce une « quasi-absence d’inclusion et de diversité ethnique et culturelle » parmi les dirigeants, employés et représentants syndicaux de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO).
Le comité des Enseignantes et enseignants franco-ontariens issus de la diversité ethnoculturelle a fait parvenir une lettre ouverte le 29 juin à des politiciens et associations dénonçant la situation.
La frustration est énorme au sein de la communauté. [...] Pourquoi nous ne pouvons pas être inclus au sein de ce syndicat?

Clément Yonta Ngouné demande à ce que les membres de la diversité ethnoculturelle soient mieux représentés.
Photo : Radio-Canada
La lettre était notamment adressée aux premiers ministres Justin Trudeau et Doug Ford, à des ministres fédéraux et provinciaux, ainsi qu’à des fédérations d’enseignants et associations représentant les conseils scolaires en Ontario.
Les auteurs réclament une rencontre avec tous ces destinataires pour présenter l’ampleur de la discrimination et du népotisme au sein de l’AEFO et ses conséquences sur les enseignantes et enseignants issus de la diversité ethnoculturelle
.
Pour l’enseignant Clément Yonta Ngouné, membre du comité, il est inexplicable qu’en 2020 l’inclusion et la diversité soient totalement absentes
au sein du syndicat qui représente tous les enseignants franco-ontariens.
Blaise Nguendo-Yongsi, un autre membre du groupe, dit ressentir une constante frustration en raison de ce contexte, qu’il trouve injuste : « On représente une masse critique d’une partie de la population. Comme éducateurs, nous devons servir de modèles. »
Le groupe demande à l’AEFO de revoir sa structure organisationnelle pour mieux inclure les gens de la diversité, avec par exemple des quotas à respecter, propose M. Nuendo-Yongsi.
Nous ne sommes pas valorisés au sein de notre syndicat. Pourquoi? Nous sommes compétents. Qu’on nous donne la possibilité d’avoir des postes de cadres, des responsabilités.
L’AEFO a décliné notre demande d’entrevue.
La responsable des communications, Marilyne Guèvremont, soutient que l’AEFO n’a pas été saisie de cette lettre et par conséquent, nous ne pouvons pas émettre de commentaires
.

L'Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens dit qu'elle n'a pas été informée de la lettre envoyée aux politiciens.
Photo : Radio-Canada
Une déclaration contre le racisme
Quelques heures après avoir été contactée par Radio-Canada, l’AEFO a publié une déclaration contre le racisme systémique et le racisme envers les Noirs.
Dans cette déclaration, on peut lire que les membres du conseil d’administration de l’AEFO ont adopté le 13 juin une résolution dans laquelle l’association s’engage à prendre des actions concrètes pour contrer ce racisme auprès de la communauté et auprès de ses partenaires
.
L’AEFO n’a pas répondu aux questions de Radio-Canada concernant les actions qui sont envisagées.
De la poudre aux yeux
La résolution est loin d’être suffisante pour le groupe d’enseignants, qui réclame des actions concrètes de la part du syndicat depuis février 2019, lorsqu’une controverse a éclaté au moment du du dévoilement des résultats d’un sondage dans lequel des enseignants se sont sentis humiliés.
Les résultats montraient que des membres de l’AEFO estimaient que les enseignants issus de la diversité manquaient de qualifications
.
Depuis, le groupe dit avoir tenté d’engager la conversation avec le syndicat à plusieurs reprises et avoir formulé plusieurs recommandations mais, devant un manque d’actions concrètes, quatre requêtes ont été déposées au Tribunal des droits de la personne de l’Ontario en janvier dernier. Elles doivent encore faire l'effet d'une décision par le Tribunal.
Blaise Nguendo-Yongsi salue la récente déclaration de l’AEFO, mais s’interroge sur sa sincérité : On veut que ça soit acté dans les faits. C’est bien de faire des déclarations, mais il faut qu’elles soient suivies d’actions concrètes sur le terrain.
Par ailleurs, M. Yonta Ngouné critique l’AEFO de rester trop vague et de ne pas reconnaître le racisme systémique dans sa propre institution.
C’est de la poudre aux yeux. La résolution ne dit rien, elle est très vague. Pour nous, ça ne veut rien dire
, explique-t-il.
Le comité des Enseignantes et enseignants franco-ontariens issus de la diversité ethnoculturelle est composé de cinq personnes qui disent représenter tous les enseignants franco-ontariens de la diversité, un pourcentage évalué par le groupe à environ 36 % des quelque 12 000 membres de l’AEFO.
- Marie-Hélène Ratel