Pékin impose sa loi sur la sécurité à Hong Kong
Le Canada, les États-Unis et l'Union européenne, entre autres, avaient exhorté Pékin à ne pas l'adopter.

Des manifestants prodémocratie se font entendre dans un centre commercial, tandis que des policiers montent la garde.
Photo : Getty Images / Anthony Kwan
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La Chine a adopté mardi une loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong, perçue par ses détracteurs comme une manière de museler l'opposition dans le territoire autonome. Le président Xi Jinping l'a promulguée quelques heures plus tard.
Ignorant les appels des Occidentaux, le Parlement national a voté à l'unanimité ce texte qui intervient un an après le début des manifestations monstres dans l'ex-colonie britannique contre l'influence du gouvernement central.
Elle entre en vigueur dès mardi, a précisé la cheffe de l'exécutif hongkongais pro-Pékin Carrie Lam.
La prison à vie pourra être infligée pour les crimes contre la sécurité nationale commis à Hong Kong et la justice chinoise aura juridiction pour les plus graves
d'entre eux, d'après la nouvelle loi dont le contenu vient d'être publié.
Elle prévoit aussi la mise en place par Pékin d'une agence pour la sécurité nationale.
L'agence de presse officielle Chine nouvelle en avait donné en juin les grandes lignes, affirmant qu'elle devait réprimer le séparatisme
, le terrorisme
, la subversion
et la collusion avec des forces extérieures et étrangères
.

Des partisans de Pékin, à Hong Kong, célèbrent l'adoption de la loi sur la sécurité nationale.
Photo : Getty Images / Anthony Kwan
Échaudé par ces événements, Pékin aura imposé en quelques semaines cette loi qui contourne le conseil législatif local et fait craindre à l'opposition hongkongaise un recul inédit des libertés depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997.
Pour le gouvernement central, il s'agit avec cette loi d'assurer la stabilité, de mettre fin au vandalisme ayant émaillé les manifestations de 2019 dans la ville de 7,5 millions d'habitants, ainsi que d'y réprimer le courant pro-indépendance.
Cette loi sera un glaive suspendu au-dessus de la tête des membres de la petite minorité qui menace la sécurité nationale.
Condamnée le même jour par 27 pays membres de l'ONU, dont la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Japon, après l'avoir été par l'Union européenne et les États-Unis, accusée par ses détracteurs d'être une tentative de museler l'opposition à Hong Kong, la loi a été promulguée par le président chinois Xi Jinping après avoir été entérinée par le Comité permanent du Parlement, une instance soumise au Parti communiste chinois (PCC).
La Chine doit réexaminer la nouvelle loi sur la sécurité à Hong Kong, qui menace
les libertés dans ce territoire autonome, ont demandé mardi les 27 États dans un communiqué au Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève.
Nous demandons instamment aux gouvernements de Chine et de Hong Kong de réexaminer l'introduction de cette législation
, ont déclaré ces États, parmi lesquels figurent la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Japon.
Pour l'opposition prodémocratie de Hong Kong et pour plusieurs pays occidentaux, dont le Canada et les États-Unis, cette loi constitue une attaque contre l'autonomie et les libertés du territoire.
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Grave atteinte
à l'autonomie de Hong Kong
L'idée de confier à un organisme du pouvoir chinois des prérogatives dans le territoire autonome inquiète fortement l'opposition locale, car la séparation des pouvoirs n'existe pas en Chine continentale, dirigée par le PCC.
Cela marque la fin de Hong Kong tel que le monde la connaissait. Avec des pouvoirs étendus et une loi mal définie, la ville se transformera en un "État de police secrète".

Le militant prodémocratie Joshua Wong.
Photo : Reuters / Tyrone Siu
Le parti politique Demosisto, que Joshua Wong a fondé avec d'autres militants en 2014, a annoncé mardi sa dissolution. Cette formation appelait notamment à l'autodétermination du territoire, une position qui pouvait tomber sous le coup de la nouvelle loi.
Depuis sa rétrocession, Hong Kong jouit d'une large autonomie par rapport à la Chine continentale, en vertu du principe un pays, deux systèmes
.
Les Hongkongais bénéficient ainsi de la liberté d'expression, de la liberté de la presse et d'une justice indépendante.
L'Union européenne (UE) a déploré
mardi l'adoption du texte.
Cette loi risque de porter gravement atteinte au degré élevé d'autonomie de Hong Kong et d'avoir un effet préjudiciable sur l'indépendance du pouvoir judiciaire et de l'État de droit.
Les ministres des Affaires étrangères du G7 (Canada, États-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie et Japon) avaient également appelé Pékin à revenir sur ce projet.
Anticipant le vote, Washington avait annoncé lundi la fin des ventes d'équipement de défense sensible à Hong Kong pour éviter qu'il tombe aux mains
de l'armée chinoise. Pékin a promis mardi des représailles
.
Les États-Unis ont déjà décrété dès la semaine dernière des restrictions de visas pour les responsables chinois accusés de remettre en cause
l'autonomie du territoire. La Chine a répliqué avec une mesure similaire visant les Américains s'étant mal comportés
en critiquant la loi.

La cheffe de l'exécutif hongkongais, Carrie Lam
Photo : Getty Images / Anthony Kwan
Carrie Lam a fustigé les pressions occidentales dans un message vidéo diffusé lors d'une session du Conseil des droits de la personne de l'ONU :
J'exhorte la communauté internationale à respecter le droit de notre pays à garantir la sécurité nationale et les aspirations à la stabilité et à l'harmonie de la population de Hong Kong.

Pékin a adopté sa loi sur la sécurité nationale à la veille du 23e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine.
Photo : Getty Images / Anthony Kwan
Quelle sera la réaction des Hongkongais après le vote du texte? Des manifestations d'ampleur semblent à première vue difficiles à organiser : les autorités de Hong Kong interdisent toujours les rassemblements de plus de 50 personnes en raison de l'épidémie de COVID-19.