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Les surdoses dans les centres de consommation supervisée coûtent moins cher

Une trousse avec une aiguille stérile, des tampons d'alcool antiseptique et une bande élastique.

Les centres d'injection supervisée empêchent des milliers de morts par surdose chaque année au Canada.

Photo : Radio-Canada / Mike Symington

Les surdoses évitées dans les centres de consommation supervisée « font économiser de l’argent, libèrent des ambulances et diminuent l’affluence dans les salles d’urgence », conclut une étude de l’Université de Calgary. Celui de Calgary à lui seul a ainsi fait épargner 2,3 millions de dollars au gouvernement albertain depuis son ouverture.

Gérer une surdose dans un centre de consommation supervisée coûte au bas mot 1600 $ de moins qu'aux urgences, selon l’analyse de coûts Jennifer Jackson.

C’est surtout parce qu’on évite le trajet d’ambulance (385 $), le coût moyen d’une visite dans une salle d’urgence (1071 $) et le tarif de l’urgentologue (176 $).

La professeure de l'Université de Calgary souligne que la littérature scientifique a prouvé à maintes reprises que ces centres sauvent des vies. Ses travaux montrent qu'ils le font à moindre coût que le système de santé traditionnel.

L’étude se concentre sur le centre Safeworks de Calgary, qui a ouvert ses portes il y a un peu moins de trois ans. Depuis, les infirmières et les travailleuses de ce centre ont évité que 1458 surdoses ne soient mortelles en administrant du naloxone ou de l’oxygène elles-mêmes.

Cela représente une économie de 2,3 millions de dollars. Certes, c’est moins que ce que le centre coûte au gouvernement, mais ce n’est pas le seul avantage, explique la chercheuse.

On sait par exemple qu’à Vancouverles économies faites grâce à la prévention du VIH [d'Insite] sont assez importantes pour payer tous leurs frais, souligne-t-elle.

Cet aspect n’a pas été étudié en Alberta, mais Jennifer Jackson espère s’y atteler prochainement.

J’aimerais que les décideurs en Alberta prennent en compte que ce type de service est vital pour prévenir les surdoses, sauver des vies, et qu’il est rentable.

Une citation de Jennifer Jackson, professeure en sciences infirmières

La chercheuse remarque par ailleurs que ce centre semble améliorer ses pratiques d’année en année.

Ses données montrent que, alors que le nombre de clients augmente, la proportion de surdoses diminue. De plus, lorsque ces surdoses surviennent, le personnel de Safeworks est de plus en plus apte à les gérer sans l’aide des secours.

Ainsi, Safeworks a appelé une ambulance à l’aide pour 11 % des surdoses survenues dans les deux premiers mois après son ouverture, mais seulement pour 2 % de celles survenues en 2020.

Désengorger les urgences

Tous ces appels aux urgences évités sont un avantage non négligeable, soutient Jennifer Jackson.

Toutes les personnes qui ont besoin de soins d’urgence peuvent les avoir plus rapidement parce que Safeworks existe, dit-elle.

Je suis complètement d’accord, affirme Eddy Lang, chef du département de médecine d’urgence à Calgary. Si les centres de consommation supervisée n’existaient pas, c’est certain qu’on verrait plus de surdoses à l’urgence.

Toutefois, les surdoses n'occupent pas la majorité des ressources en milieu hospitalier, dit-il, mais elles ont pris une place grandissante durant les dernières années.

Le Dr Lang explique que le nombre de cas fluctue beaucoup, mais que, pendant les pires périodes de l’année, chaque salle d’urgence de la métropole peut en traiter entre 3 et 5 par jour.

Il ajoute que chacun de ces cas peut facilement nécessiter 6, 12 ou même 18 heures pour être géré.

Ces patients ont tendance à avoir besoin de plusieurs heures d’observation parce que cela prend du temps avant qu’ils ne se réveillent assez bien pour avoir une conversation, explique-t-il.

Les centres de consommation supervisée, selon lui, ont tous les compétences et les outils nécessaires pour s’occuper d’eux.

L’avenir toujours incertain

Il y a présentement sept centres de consommation supervisée en Alberta, et trois, en attente d’approbation. Le gouvernement actuel ne s’est pas montré très favorable à leurs activités, gelant le financement de nouveaux établissements dès le début de son mandat.

Le bureau du ministre adjoint pour la Santé mentale et les dépendances, Jason Luan, affirme qu’aucune décision n’a encore été prise en ce qui concerne leur avenir.

Nous apprécions cette recherche. Cependant, l’impact sur la communauté en matière de sécurité, par exemple en ce qui concerne les seringues souillées et la hausse de la criminalité, va beaucoup plus loin que le coût des transferts en ambulance et des soins hospitaliers, écrit l’attachée de presse du ministre, Kassandra Kitz.

Ces mots rappellent un rapport cinglant sur les centres de consommation supervisée, que le gouvernement a publié en mars dernier. Cette étude, qui avait pour but d’examiner leur impact sur le voisinage, était principalement basée sur des consultations publiques.

Elle n'a pas fait l'unanimité. Josh Fanaeian, urgentologue à la clinique de traitement des dépendances Metro City, a, entre autres, reproché aux auteurs de faire de grandes généralisations à partir de cas isolés.

Le comité qui a rédigé le rapport a par ailleurs clamé que les centres de consommation supervisée surestiment le nombre de surdoses qu’ils évitent, en présumant que des interventions mineures comme l’administration d’oxygène ont empêché un décès.

Or, la Dre Jackson, qui est aussi infirmière, explique qu'il n'y a aucun doute dans la communauté médicale que cette manoeuvre sauve beaucoup de personnes, aussi simple soit-elle.

L’hypoxie (ou le manque d’oxygène) est la cause numéro un de décès chez les personnes en surdose, dit-elle.

Elle est certaine que les chiffres utilisés dans son étude sont exacts.

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