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La COVID-19 chamboule le marché de la drogue

Des gens viennent en aide à un toxicomane.

Une augmentation des cas de surdoses a été enregistrée à Montréal.

Photo : Radio-Canada / Ève Couture

Alors que le Canada traverse déjà une crise des opioïdes, la pandémie de coronavirus vient aggraver la situation. La qualité de certaines drogues est en chute libre et leur prix grimpe en flèche, ce qui inquiète des intervenants du milieu communautaire montréalais.

Depuis les trois dernières semaines, on constate qu’il y a une augmentation des surdoses, avance le directeur général de Cactus Montréal, Jean-François Mary. On sait qu’il y a des substances dangereuses qui circulent.

L’organisme qui gère l'un des quatre centres d’injections supervisées de la métropole dénombre une dizaine de surdoses depuis le début du confinement. Il a d’ailleurs été le seul à demeurer ouvert pendant toute la durée de la pandémie. Cactus a toutefois dû réduire sa capacité d’accueil de moitié pour respecter la distanciation sociale.

En Colombie-Britannique, 170 personnes sont mortes par surdose au cours du mois de mai selon le Services des coroners de la province. Une augmentation de plus de 90 % comparativement à l’an dernier. De son côté, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec n’observe pas de hausses inhabituelles de surdoses depuis le début de la pandémie. Du côté d'Urgences Santé, au mois de mai, on dénombre une vingtaine d'interventions avec un patient ayant reçu de la naloxone, l'antidote aux surdoses d'opioïdes. Un chiffre équivalent aux deux dernières années pour la même période.

Mais ce n’est pas ce que constate Jean-François Mary sur le terrain. La majorité des cas vont être traités par des gens de la communauté, dit-il. Il n’y aura pas d’appel au 911. Ils ne veulent pas être transportés à l’hôpital ou veulent éviter que la police se présente sur les lieux.

Une photo mettant en scène des drogues illicites.

Le reportage de Simon Coutu

Photo : iStock

COVID-19 : tout sur la pandémie

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Une représentation du coronavirus.

Baisse de la qualité

La fermeture des frontières a eu un énorme impact sur l’approvisionnement et sur la qualité de certaines drogues. Dans la rue, le prix de la cocaïne a presque doublé. Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal a même lancé vendredi une alerte concernant un risque de surdoses lié au fentanyl dans de la poudre mauve vendue comme de l’héroïne.

Depuis le début de la pandémie, les patients de la Dre Marie-Ève Morin, qui travaille avec une clientèle aux prises avec des dépendances, lui signalent une baisse de la qualité des substances qui s’échangent dans la rue. 

En ce moment, les petits trafiquants ont deux options : vendre la drogue plus cher ou la couper davantage avec des mauvais produits, affirme la directrice médicale de la Clinique Caméléon. L’augmentation des prix fait aussi en sorte que certaines personnes n’auront plus accès à leur drogue de choix et vont se tourner vers des substituts, qu’ils connaissent moins.

Malgré tout, un trafiquant de drogues rencontré par Radio-Canada observe aussi une hausse des ventes auprès de ses clients. Il confirme d’ailleurs que les affaires vont très bien depuis le début du confinement. 

Je fais définitivement plus d’argent en ce moment, dit-il. Je pense que les gens sur la Prestation canadienne d’urgence, certains ont des fonds disponibles et pas grand-chose à faire avec.

Pas seulement sur le marché noir

La Dre Morin note, elle aussi, une augmentation généralisée de la consommation de drogues chez ses patients, et pas seulement sur le marché noir.

Une enquête d’Éduc’alcool fait d’ailleurs état qu’environ 20 % des Québécois ont bu davantage en mars et en avril. Du côté de la Société québécoise du cannabis, pour la même période, on constate une hausse des ventes de 10 % par rapport à l’an dernier.

Ce qu’on voit aussi qui me préoccupe encore plus, c’est Monsieur Madame Tout-le-Monde, qui avait l’habitude de prendre un petit verre de vin en soupant. Avec le confinement, l’arrêt de travail, l’isolement, l’anxiété, l’ennui, certains se sont mis à consommer à partir de 11 h le matin. Retourner sur le marché du travail quand on a développé une dépendance à l’alcool, ce n'est pas évident.

Et avec l’instabilité économique qui se profile à l’horizon, elle s’inquiète d’autant plus pour ses patients.

C’est le genre de contexte qui peut les pousser à se tourner vers des drogues de moins bonne qualité ou poser des gestes illégaux pour se la procurer. J’ai encore plus peur de ce qui s’en vient que de ce qui s’est passé.

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