Une étude appuie la nécessité de centres de consommation supervisée dans le Grand Sudbury

Des cabines dans un centre d'injection supervisée.
Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson
Des intervenants accueillent favorablement les conclusions de l’Étude d’évaluation des besoins et de faisabilité concernant les services de consommation supervisée dans le Grand Sudbury. Selon le rapport publié lundi après-midi, l’établissement de services de consommation supervisée serait une stratégie réalisable pour la Ville afin de réduire les effets négatifs de la consommation de drogues.
La Stratégie communautaire contre les drogues de la Ville du Grand Sudbury, qui a mené l'étude, a consulté près de 200 consommateurs de drogues et plus de 2000 membres de la communauté.
La majorité d'entre eux affirme que des services de consommation supervisée seraient utiles dans le Grand Sudbury.
Près des deux tiers estiment que de tels services permettraient de réduire la consommation et la présence de seringues dans les parcs, alors que trois répondants sur cinq croient que cela permettrait de réduire le nombre de surdoses mortelles.
Le directeur de l'organisme Réseau Access Network, Richard Rainville, qui a pris part aux consultations, n'est pas surpris des résultats.
Nous travaillons avec les personnes vivant avec le VIH et l'hépatite C, et aussi avec les personnes qui consomment des drogues. Ça fait plusieurs années qu'elles nous en parlent, qu'elles nous disent qu'elles veulent avoir accès à ces services, non seulement pour consommer dans un établissement sain, mais aussi pour avoir accès à d'autres services qui peuvent les aider
, indique-t-il.
Des inquiétudes ont cependant été soulevées, notamment par des propriétaires de commerces, en ce qui concerne la sécurité et une augmentation de la criminalité près des services de consommation supervisée.
Selon M. Rainville, ces craintes pourraient être apaisées par des discussions additionnelles avec ces entrepreneurs afin de faire valoir le bien-fondé de telles infrastructures.
L'une des inquiétudes de la communauté était aussi le niveau d'aiguilles trouvées sur les terrains. Plusieurs études ont démontré que dans les communautés où il y avait des sites, le nombre d'aiguilles trouvées dans les communautés avait baissé, parce que les gens se servaient des sites même
, souligne M. Rainville, qui dit ainsi être convaincu que les commerces bénéficieraient absolument
de la mise en place de centres de consommation supervisée.
On sait déjà que ça va prendre beaucoup de temps. Il faut être réaliste avec ça [...] il y a beaucoup d'étapes à franchir, et la COVID-19 peut aussi ralentir le processus, mais il y a toujours l'opportunité d'éduquer. C'est une grosse portion du travail qu'il faut faire.
L’étude est une étape obligatoire pour déposer une demande d’exemption au gouvernement fédéral en vertu de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
La Dre Penny Sutcliffe, médecin hygiéniste, et Paul Pedersen, chef du Service de police du Grand Sudbury (SPGS), ont annoncé qu’ils appuient les conclusions de l’étude.
L’étude représente une étape cruciale pour ce qui est de déterminer comment des services de consommation pourraient faire en sorte de mettre un frein aux effets considérables et croissants qu’a ici, sur la santé, la consommation de drogues
, a déclaré la Dre Sutcliffe.
Elle donne un portrait global de l’avis de notre collectivité, présente une analyse minutieuse des données et garantit que les personnes les plus touchées par cette consommation ont pu se faire entendre.
Selon les conclusions de l’étude, les taux de consommation de drogues illicites demeurent plus élevés dans le Grand Sudbury que dans l’ensemble de l’Ontario
, souligne pour sa part le chef du SPGS.
Les services de consommation supervisée pourraient faire partie de notre stratégie globale pour nous attaquer à la consommation d’alcool et d’autres drogues dans notre communauté
, a ajouté le chef Pedersen.
À lire aussi :
Le rapport mentionne aussi que quelques consommateurs de drogues consultés ont indiqué qu'ils ne fréquenteraient pas de centre de consommation supervisée, notamment en raison du manque d'anonymat et de la peur de la police.
La réaction du chef de SPGSdonne de l'espoir [à Richard Rainville] qu'un jour, une meilleure relation soit établie
entre les services policiers et les toxicomanes.
Il faut travailler ensemble et trouver la meilleure façon d'offrir ces services pour que les consommateurs se sentent confortables
, soutient M. Rainville.
L'emplacement éventuel, un choix crucial
Le conseiller municipal du Grand Sudbury, Geoff McCausland, qui soutient la création d'un centre de consommation supervisée, se réjouit de la grande étape
franchie lundi.
Je suis très content et heureux qu'on réalise les besoins qu'on a et qu'on puisse poursuivre le processus pour s'assurer qu'on ait cet espace pour notre communauté
, fait-il savoir.
Ces sites sont une partie de la solution, mais l'un des meilleurs espaces que l'on peut créer pour répondre aux problèmes qu'on a.
Le rapport indique que le choix d’emplacements appropriés serait crucial. La plupart des répondants au sondage communautaire ont exprimé le souhait de voir un centre établi dans le centre-ville, où des secteurs proches comme le Donovan ou le Moulin à fleur.
S'il dit savoir que le choix final de l'emplacement sera absolument difficile
, M. McCausland - le secteur Donovan fait partie du quartier qu'il représente - croit aussi que l'établissement doit être près du centre-ville, parce que c'est là où la majorité des services [auxquels ont recours les] toxicomanes sont situés
.
J'espère que la communauté va être ouverte à ce site et réaliser que c'est très important
, note le conseiller municipal, qui dit d'ailleurs avoir remarqué un niveau d'empathie incroyable
envers les toxicomanes lorsqu'il faisait du porte-à-porte en 2018 pour sa campagne électorale.
Les gens réalisent qu'il y a des membres de communauté qui ont besoin d'aide et que si un site comme celui-là peut les aider, on doit le faire.
Selon le rapport, les services de consommation supervisée devraient être intégrés à des organismes qui œuvrent déjà auprès des toxicomanes.