François Legault crée un « Groupe des sept » contre le racisme

Le premier ministre François Legault (centre) a confié aux ministres Nadine Girault et Lionel Carmant le mandat de diriger les travaux du groupe d'action contre le racisme.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
C’est un « Groupe des sept » contre le racisme envers les minorités visibles et les Autochtones que le premier ministre du Québec, François Legault, a annoncé lundi au dans sa conférence de presse à Montréal.
Le groupe d’action contre le racisme sera coprésidé par la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Nadine Girault, et par Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
Les deux coprésidents seront accompagnés de la ministre des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, ainsi que de plusieurs autres membres du caucus caquiste : Ian Lafrenière, Denis Lamothe, Isabelle Lecours et Christopher Skeete.
Nadine Girault a salué le rendez-vous avec l’Histoire
que représente la création de ce groupe d’action, et a souligné que cette lutte contre le racisme relève des droits de la personne, au même titre que l’égalité entre les hommes et les femmes.
« Nous le savons : les minorités sont sous-représentées partout dans notre société. Reconnaître le problème est déjà une partie de la solution. Mais il faut accepter de dire que ça dure depuis trop longtemps. Il faut aller plus loin et clairement créer des obligations de résultat. »
Le mandat du groupe d’action se décline en trois volets :
- identifier des secteurs prioritaires;
- prendre en compte les réalités particulières que vivent les personnes issues des minorités;
- élaborer des actions concrètes que le gouvernement pourra mettre en place.
Agir rapidement
Ce Groupe des sept
, en référence au célèbre groupe de peintres canadiens du début du XXe siècle, devra proposer dès l’automne des recommandations concrètes
pour poser des actions efficaces
contre le racisme envers les minorités visibles et les Autochtones.
« Le mot important est le mot "action". Vous savez que je ne suis pas un fan des comités, des groupes, des tables, etc. J’ai donc demandé aux deux coprésidents d’arriver rapidement avec des actions. »
Le premier ministre a d’ailleurs reconnu que le racisme n’est pas un enjeu simplement de sécurité publique et représente un problème beaucoup plus large. Les membres du groupe d’action se pencheront notamment sur cet enjeu dans l'emploi, la justice, le logement et en éducation.
Et chacun de proposer un secteur sur lequel le groupe d’action devra se concentrer : le profilage racial pour Lionel Carmant, l’emploi pour François Legault, qui déplore le taux de chômage hyper élevé
au sein des minorités visibles, et la représentation de ces minorités au sein de la fonction publique pour Nadine Girault – nous devons donner l’exemple
, explique-t-elle.
On ne fera pas le procès des Québécois
, dit Legault
Mais pas question de perdre du temps sur une question de sémantique. François Legault, visiblement agacé par les nombreuses questions des journalistes à ce sujet, a refusé de qualifier le racisme de systémique
, affirmant qu’il y a plusieurs définitions du racisme systémique.
Il fait pourtant cavalier seul. En matinée, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait reconnu qu’il y avait du racisme systémique au sein de la Ville de Montréal.
Le premier ministre conservateur du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, a lui aussi admis qu’il y avait du racisme systémique dans la province, endeuillée après la mort de deux Autochtones tués par la police en moins de dix jours.
On ne veut pas importer ce climat d’affrontement qu’on voit aux États-Unis
, a expliqué le premier ministre, en écho au mouvement mondial de protestation contre les violences policières et le racisme systémique, qui a débuté aux États-Unis après la mort de George Floyd à la suite de son arrestation.
Le premier ministre Legault compte plutôt baser le travail du groupe d’action sur un grand consensus
qui se dégage sur le phénomène au Québec :
- La grande majorité des Québécois ne sont pas racistes;
- Il y a du racisme et il y a des personnes racistes au Québec.
Plutôt que de faire un débat sur [la définition du racisme systémique], concentrons-nous sur le racisme
, explique-t-il.
Questionnée en anglais sur sa propre définition du concept, Nadine Girault a refusé d’en donner une, expliquant que trouver une définition qui convienne à tout le monde représente une perte de temps.
« J’ai vécu du racisme de nombreuses fois dans ma carrière. Demandez-moi de quelle sorte de racisme il s'agit. Pour moi c’est du racisme. Point. »
La semaine dernière, M. Legault appelait justement à une « évolution tranquille » sur cette question, mais plusieurs militants déplorent le fait que le premier ministre refuse de se prononcer sur l'existence ou non d'un racisme « systémique » au sein de la société québécoise.

Valérie Plante et François Legault annoncent aujourd'hui des mesures pour combattre le racisme. Reportage de Mélissa François.
« Une victoire et une défaite »
Le premier ministre Legault a aussi dressé un bilan de la réponse de son gouvernement à la crise de la COVID-19. Il reconnaît que la situation catastrophique dans les CHSLD et les résidences de soins de longue durée a été une défaite, mais il considère le nombre relativement peu élevé de morts dans le reste de la population comme une victoire, même si chaque décès est un décès de trop
.
Il a par ailleurs annoncé qu’une seconde cohorte de 2000 aspirants préposés aux bénéficiaires débuteront leur formation à l’automne. Celle-ci s’ajoute aux 9800 personnes qui ont déjà commencé leur formation de trois mois cet été.
Projet de loi 61 : rendez-vous à l’automne
Le premier ministre est aussi revenu sur le projet de loi 61, critiqué de toutes parts et dont l’adoption a été repoussée à l’automne.
Depuis un an et demi, je ne calcule plus le nombre de fois qu’un ministre ou un député est venu me voir pour me dire que ça n’avance pas assez vite
, a expliqué François Legault.
Celui-ci s’est par ailleurs dédouané de toute velléité de revenir aux pratiques révélées par la commission Charbonneau.
« Il n’y a pas personne dans le gouvernement qui veut revenir à donner des cadeaux à des bandits parce qu’ils ont fait de la collusion pour avoir des contrats. »