Des « primes COVID » en voie de disparition

Les employés des épiceries ont bénéficié de primes salariales de deux dollars de l'heure durant trois mois.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Ils ont été surnommés « anges gardiens », au même titre que les travailleurs de la santé, pour avoir été au front au plus fort de la pandémie. Mais les employés des services essentiels, dont les travailleurs des supermarchés et des pharmacies, ne toucheront plus la prime de deux dollars de l’heure qui leur avait été offerte « en guise de reconnaissance » au début du confinement.
Cet incitatif, instauré en mars dernier par plusieurs employeurs, a pris fin samedi. C’est notamment le cas chez Metro, qui regroupe les enseignes Metro, Adonis et Super C, ainsi que Sobeys (IGA) et les Compagnies Loblaw, qui regroupent les enseignes Loblaw, Provigo, Maxi et Pharmaprix.
Interrogés par Radio-Canada, plusieurs employés de ces enseignes ont affirmé qu’ils n’étaient pas autorisés à parler aux médias, mais ceux qui ont accepté de répondre à nos questions n’ont pas caché leur déception.
J’aurai aimé que la prime soit prolongée un peu plus longtemps encore
, confie Sébastien, un commis dans une grande épicerie dans le centre-ville de Montréal qui n’a pas voulu révéler son nom de famille par peur de représailles de la part de son employeur.
Le déconfinement vient de commencer, c’est encore tôt pour la couper
, a-t-il ajouté, expliquant que les employés doivent toujours accomplir des tâches supplémentaires qui ne faisaient pas partie de leur quotidien prépandémie.
La collecte des bouteilles consignées va reprendre et on va se retrouver avec une importante quantité de bouteilles stockées chez les clients depuis des mois
, explique-t-il. Ça va alourdir les tâches c’est sûr.
Alain Dionne, quant à lui, travaille comme poissonnier au Metro de la rue Papineau depuis 13 ans.

Alain Dionne
Photo : Radio-Canada
Je pense que c’est pas correct, parce que la pandémie va continuer. […] On va pouvoir vivre sans [les primes], mais je pense qu’on y a droit.
Il affirme que la prime a fait une petite différence
dans sa vie, lui faisant sentir que son travail était apprécié
.
On savait que c’était temporaire et que ça allait durer le temps de la pandémie, mais ils l’ont coupée avant
, ajoute-t-il.
Un bonus à la place des primes
Pour compenser la fin des primes COVID-19, plusieurs supermarchés, dont les géants Loblaw et Metro, ont annoncé des primes de remerciement
, en un seul versement à leurs travailleurs.
Dans une déclaration transmise par courriel, la direction de Metro affirme qu’en guise de reconnaissance additionnelle, nos employés à temps plein recevront un montant de 200 dollars et nos employés à temps partiel un montant de 100 dollars qui sera versé d'ici le 2 juillet
.
Pour expliquer cette décision, Geneviève Grégoire, directrice des communications chez Metro, indique que les employés ne travaillent plus dans les conditions de crise qui ont prévalu de mars jusqu'en mai
.
La demande se stabilise alors que d'autres commerces rouvrent leurs portes. De nombreuses mesures de prévention ont été mises en œuvre et adoptées, tant par les employés que par les clients, et nous passons maintenant en mode relance, sans pour autant baisser la garde.
Chez Olymel, les 15000 employés qui ont bénéficié de la prime COVID-19 ont été informés au début du mois de juin de l'arrêt de cette mesure.
C’est un effort financier considérable pour encourager nos employés à traverser une période où ce n’était pas évident de venir au travail tous les matins
, indique à Radio-Canada Richard Vigneault, porte-parole d'Olymel. On a ajouté à ça énormément de coûts pour l’application de mesures sanitaires
conformément aux recommandations de la Direction de la santé publique.
De son côté, le principal syndicat du secteur, les Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC), affilié à la FTQ au Québec, se montre déçu du fait que les employeurs de divers secteurs choisissent de cesser de payer la prime COVID-19 pendant que la pandémie continue. Le syndicat, qui compte 35 000 membres, estime qu'il faut de meilleures conditions de travail pour les employés des épiceries et des usines de transformation.
On a vraiment l'intention de transporter cette discussion-là à la table de négociations
, indique la porte-parole Roxane Larouche. S'il y a une chose que la pandémie nous a démontré, c'est la valeur de ces travailleurs-là, qui étaient au front pour nourrir les familles québécoises.
Avec les informations de Yasmine Khayat et de Sébastien Desrosiers