Une journée « historique » pour la francophonie en milieu minoritaire

L'avocat Roger Lepage représentait la Fédération nationale des conseils scolaires francophones.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Fervent défenseur des droits des francophones en Saskatchewan, l’avocat constitutionnaliste Roger Lepage est « ravi » de la victoire des parents francophones de la Colombie-Britannique dans la cause sur l’éducation en français. Cette journée du 12 juin 2020, qu’il qualifie d’historique, restera longtemps dans les annales de la francophonie en milieu minoritaire, juge-t-il.
Je suis ravi
, lance d’entrée de jeu celui qui représentait la Fédération nationale des conseils scolaires francophones.
C’est une très grande victoire. La minorité [francophone] aura une éducation de qualité égale à celle que la majorité [anglophone] peut avoir
, souligne-t-il.
L’avocat remarque que la Cour suprême du pays a confirmé qu'un fondement constitutionnel existe vraiment
pour nos écoles francophones, et qu’un gouvernement provincial ne peut pas se soustraire de cela
.
« C’est vraiment une victoire très importante. »
Roger Lepage considère que cette décision pourrait avoir des effets ailleurs au pays.
En Saskatchewan, par exemple, le Conseil scolaire fransaskois (CSF) livre un véritable bras de fer à la province en ce qui a trait à l’éducation francophone.
En mars 2019, le gouvernement avait promis la construction de trois nouvelles écoles francophones d’ici 2020. Un an plus tard, la province n’a rien prévu dans son plan de dépenses de 14 milliards de dollars.
Après avoir pris connaissance du jugement de la Cour suprême du Canada, le gouvernement de la Saskatchewan a mentionné, par courriel, qu'il s'engage toujours à respecter l'entente établie pour les trois nouvelles écoles francophones.
Roger Lepage rappelle que, depuis 2013, le CSF
a déposé un total de quatre recours judiciaires pour des projets d’écoles à Saskatoon, à Ponteix, à Regina et à Prince Albert.Maintenant, on peut rappeler au gouvernement [provincial] ces quatre projets qui ont un fondement constitutionnel
, signale-t-il.
Dans la mesure où la province joue la sourde oreille, l’avocat conseille au CSF
et au Collectif des parents inquiets et préoccupés de la Saskatchewan (CPIP) de recourir à nouveau aux tribunaux pour faire avancer les dossiers en question.Le CPIP estime que le jugement donne plus de munitions, beaucoup plus puissantes, si jamais nous décidons de réactiver notre recours judiciaire
.
La notion d’équivalence réelle que nous avons évoquée dans notre recours judiciaire, déposé en 2017, vient d’être validée et renforcée par la plus haute cour du Canada
, a expliqué le CPIP par voie de communiqué, mentionnant également son souhait de voir le gouvernement de la Saskatchewan prendre acte de ce jugement et agir rapidement
pour respecter l’entente prise en mars 2019.
De son côté, le président de l'Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) Denis Simard ne cache pas qu’il utilisera ce jugement à bon escient quand viendra le temps de faire part de ses revendications politiques au Conseil des écoles fransaskoises (CEF).
Le gouvernement devra mettre de l’avant de nouveaux chiffres et de nouvelles équivalences quand il parlera de nos écoles et nous allons miser là-dessus puisque c’est certainement en notre faveur
, mentionne-t-il.
Denis Simard laisse aussi entendre que les Fransaskois pourraient oser être plus ambitieux qu’auparavant dans leurs demandes auprès du gouvernement. Ce nouveau jugement va peut-être nous offrir des opportunités d’aller négocier pour de nouvelles écoles homogènes dans des régions que nous n’aurions pas anticipées
, dit-il.
Quant au directeur général du CEFcontent
de la décision. Selon lui, elle permettra aux gouvernements provinciaux du pays de regarder la situation avec de nouvelles lunettes
et les forcera à agir sans devoir leur faire des demandes de façon répétitive.
« Cette décision historique vient consolider, valider et concrétiser plusieurs points que nous avons toujours fait valoir. »
Avec les informations de Grégory Wilson, Emmanuelle Poisson et Thomas Gagné