Autochtones tués par la police : des marches pacifiques dans un contexte tendu au N.-B.

La petite Gracie, 6 ans, distribue des petits cartons à la mémoire de sa mère.
Photo : Radio-Canada / Geneviève Normand
Des centaines d’Autochtones et leurs alliés ont marché pacifiquement, samedi après-midi, dans les rues de grandes villes des Maritimes en hommage à Chantel Moore, une jeune femme autochtone tuée par un policier la semaine dernière à Edmundston, au Nouveau-Brunswick.
Des marches ont eu lieu à Edmundston, à Fredericton et à Moncton au Nouveau-Brunswick, ainsi qu’à Halifax, en Nouvelle-Écosse.
À 13 h samedi, ils étaient quelques centaines à marcher silencieusement pour rendre hommage aux deux défunts et à leurs proches.
Prévues initialement pour rendre hommage à Chantel Moore, ces marches de la guérison ont pris un sens encore plus profond pour les communautés concernées à la suite de la mort de Rodney Levi, vendredi soir à Miramichi.
Il s'agit du second Autochtone mort sous les balles de la police au Nouveau-Brunswick en 10 jours.
Chantel Moore a été abattue en pleine nuit le 4 juin à Edmundston lors d'une visite de la police, qui s’était rendue chez elle pour vérifier si elle se portait bien.
Samedi, la foule s'était donné rendez-vous au pas de sa porte, où elle a perdu la vie.
C’est un rituel qui est empreint de beaucoup de sérénité et de guérison
, a témoigné le maire de la ville d’Edmundston, Cyrille Simard.
C’est une longue marche qui va être difficile, mais il y a une responsabilité pour chacun d’entre nous d’apprendre, de comprendre et de poser des gestes.
À Moncton, plusieurs centaines de personnes ont marché dans une atmosphère très solennelle et en silence, le long du parc Riverain.
Dans des discours empreints d'émotions, plusieurs participants ont dénoncé le racisme systémique dont sont victimes les membres des Premières Nations.
Aucune animosité ne s’est fait sentir avec les membres de la GRC qui ont escorté la marche d'une trentaine de minutes.
La députée fédérale de la circonscription Moncton-Riverview-Dieppe, Ginette Petitpas Taylor, a participé à la marche de Moncton. On sait qu’il y a un problème au niveau de notre système judiciaire et la police fait partie de ce système-là
, a-t-elle déclaré. Pour cette dernière, nier ce fait, c’est se mettre la tête dans le sable
.
Ginette Petitpas Taylor indique qu’adresser la situation et dire qu’elle existe est la première étape de changement. On peut voir que la foule démontre que la communauté veut passer à l’action.
La communauté autochtone de partout au pays s’est d'ailleurs dite consternée par ce drame.
Jusqu'à Halifax, les participants ont aussi parlé samedi du drame qui a coûté la vie à Rodney Levi. Selon Amanda, qui se décrit comme une membre des communautés autochtones de la Nouvelle-Écosse, M. Levi était bien connu de tous, au-delà des frontières du Nouveau-Brunswick.
Je suis ici aujourd’hui pour démontrer que la violence qui continue de se passer envers les femmes et les personnes qui sont autochtones ne peut pas continuer
, a témoigné une autre participante, Naomi Bird, samedi après-midi à Halifax.
Kathleen Olds, qui l’accompagnait, a pour sa part indiqué que de voir tant de gens dans la rue lui apporte un sentiment d’espoir
.
On marche pour construire un monde meilleur.
Demander que justice soit rendue pour Chantel Moore
La semaine dernière a été difficile pour les membres des Premières Nations vivant au Nouveau-Brunswick. La mort par balles de Chantel Moore a mis au jour le racisme systémique qui existe au sein de notre système de justice
, ont indiqué tous les chefs des communautés autochtones du Nouveau-Brunswick par l’entremise d’un communiqué publié samedi.
Nous ne pouvons pas attendre les résultats des enquêtes à portée limitée. Nous n'avons pas besoin de prouver que la discrimination systémique existe ; nous savons que la discrimination existe
, ont-ils notamment écrit.
La police d’Edmundston affirme que la jeune Autochtone, couteau en main, était menaçante.
Or, les circonstances de son décès sont remises en question par sa famille. Une enquête du Bureau des enquêtes indépendantes du Québec est en cours.
N’allons-nous jamais connaître toute la vérité? Elle n’est plus là pour se défendre
, a déclaré sa mère, Martha Martin.