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Le plastique à usage unique revient en grâce avec la COVID-19

Un masque chirurgical traîne au sol.

Les masques, gants et autres équipements de protection personnelle ne sont pas recyclables.

Photo : CBC/Michael Wilson

La crise du coronavirus a fait revenir les objets plastiques à usage unique au goût du jour, malgré l’engagement du gouvernement Trudeau de les interdire en 2021.

Masques chirurgicaux, gants, visières, serviettes désinfectantes, suremballage des produits, sacs ou encore ustensiles pour les plats à emporter, la liste des plastiques COVID-19 a bouleversé la tendance au bannissement des polymères synthétiques.

Alors que les Canadiens se préoccupent de leur état de santé et du retour au travail, l’interdiction des pailles en plastique peut sembler futile, malgré de nombreux engagements municipaux et gouvernementaux de ces dernières années.

Le bannissement des plastiques à usage unique sur pause

En juin 2019, Ottawa annonçait un plan visant à interdire les articles en plastique à usage unique, applicable dès 2021.

Les Canadiens jettent 8 milliards de dollars de déchets plastiques par an, expliquait alors Justin Trudeau.

Encore en janvier dernier, le ministre de l’Environnement, Jonathan Wilkinson, mentionnait cet objectif serait absolument atteint.

Jonathan Wilkinson lors d'une conférence de presse dans un hôtel de Winnipeg.

Le ministre fédéral de l'Environnement et des Changements climatiques, Jonathan Wilkinson

Photo : La Presse canadienne / Mike Sudoma

En mai, M. Wilkinson affirmait que l'intention de passer à cette interdiction demeure, mais a déclaré qu'il ne pouvait pas dire quand.

Il est très difficile de savoir exactement comment tout cela va se régler compte tenu de l'incertitude de l'époque, mais nous avons l'intention d'aller de l'avant avec l'interdiction des plastiques.

Du côté de Toronto, les projets de réglementation autour des articles à usage unique ont été mis en attente, alors que la Ville se concentre sur sa réponse d'urgence à la COVID-19 et sa récupération et sa reconstruction, indique la municipalité dans un courriel.

Penser à l'impact à long terme

La crise sanitaire constitue une priorité absolue et l’usage d’équipements de protection individuelle (EPI) est tout simplement logique, reconnaît un groupe de lutte contre la pollution au plastique.

Mais il ne faut pas oublier les impacts des plastiques à usage unique sur l’environnement et sur la santé publique, estime la militante et porte-parole de l’Alliance environnementale de Toronto, Emily Alfred.

Le plastique non recyclable finit dans nos cours d'eau, se décompose et finit dans notre air, dans nos aliments. Ce sont de graves menaces pour la santé humaine.

Une citation de Emily Alfred, militante environnementale

Nous devons penser à l'impact à long terme d'un trop grand nombre de plastiques.

Une femme avec une main sur la hanche face à l'objectif.

« Les décisions que nous prenons maintenant ne peuvent pas nous mettre sur la voie d'une plus grande pollution plastique », affirme Emily Alfred, militante auprès de l'Alliance environnementale de Toronto et du mouvement Zero Waste.

Photo : Radio-Canada / Avec l'autorisation d'Emily Alfred

Or, la plupart des EPI ne sont pas recyclables, et les gants et masques froissés sont devenus courants sur le sol à l’extérieur des épiceries et autres magasins, en particulier depuis que les provinces ont commencé à assouplir leurs mesures de confinement.

Un masque chirurgical met environ 450 ans à se décomposer dans la nature, selon des organismes de défense de l’environnement.

Emily Alfred pointe du doigt l’effort des industriels pétrochimiques à agrandir la brèche ouverte par le besoin de protection sanitaire.

Préférable de ne pas interdire le plastique, selon les industriels

Il est regrettable que l'industrie du pétrole, du gaz et du plastique exploite vraiment la peur des gens autour de la transmission du coronavirus pour pousser à utiliser plus de plastique.

L’Association des produits chimiques du Canada (APCC), qui représente une industrie de 58 milliards de dollars, voit le problème d’un autre œil.

Sa vice-présidente exécutive, Isabelle Des Chênes, estime que l’usage des EPI a mené à de meilleurs sentiments du public envers le plastique.

Pour nous, c’est préférable de ne pas avoir une interdiction du plastique, dit-elle, indiquant travailler avec le gouvernement pour mettre l’accent sur la gestion des déchets plutôt que l’interdiction.

Un tailleur portant un masque mesure le cou d'un client portant lui aussi un masque.

L'usage du plastique s'est généralisé en pleine tendance vers le bannissement des articles à usage unique.

Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette

Si les EPI ne sont pas recyclables en l’état, les producteurs de plastique, qui seront tenus de collecter et recycler les déchets lorsque la loi fédérale entrera finalement en vigueur, travaillent à repenser les produits pour s'assurer qu’ils sont faits d’une façon à pouvoir être recyclés, continue Isabelle Des Chênes.

Des systèmes de recyclage chimique, capables de réduire les plastiques à la molécule, sont à l’étude pour assurer une réutilisation à 100 %.

L’objectif est de mettre en place une économie circulaire du plastique, assure-t-elle.

Une femme portant des lunettes sourit.

Les masques et les gants sont des produits « vraiment difficiles à recycler », affirme Isabelle Des Chênes, vice-présidente exécutive de l'Association des produits chimiques du Canada.

Photo : Radio-Canada / Avec l'autorisation d'Isabelle Des Chênes

Quoi qu’il en soit, le miracle du plastique en tant que barrière au coronavirus n’est pas aussi limpide qu’il y paraît.

Le New England Journal of Medicine a récemment publié les résultats d'une étude montrant que le SRAS-CoV-2 est plus stable sur le plastique et l'acier inoxydable que sur le cuivre et le carton, et un virus viable a été détecté jusqu'à 72 heures après l'application sur ces surfaces.

Cela suggère, par exemple, que les sacs en papier sont susceptibles d'être moins à risque que ceux en plastique.

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