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Funérailles de George Floyd : « C’est plus qu’un moment isolé dans le temps »

Des hommes noirs transportent sur leurs épaules le cercueil de George Floyd en sortant de l'église.

La dépouille de George Floyd a pris le chemin du cimetière Houston Memorial Gardens situé à Pearland, à 15 kilomètres de Houston, après les funérailles.

Photo : Associated Press / Godofredo A. Vásquez

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Les funérailles de George Floyd ont été célébrées mardi à Houston, au Texas, au lendemain de la comparution pour la première fois devant la justice du policier accusé de son meurtre.

George Floyd est mort dans une violente intervention policière, le 25 mai dernier, à Minneapolis, où il résidait.

Les obsèques étaient réservées à la famille et aux proches. La cérémonie comptait environ 500 invités, des proches, quelques personnalités comme le rappeur Paul Wall, le boxeur Floyd Mayweather, l'acteur Jamie Foxx ainsi que des élus, dont le maire de Houston, Sylvester Turner.

L'événement a duré plusieurs heures au cours desquelles plusieurs personnes ont offert des témoignages, des réflexions, des prières, le tout entrecoupé de chants gospel.

Le cercueil de George Floyd est arrivé dans la matinée à l'église Fountain of Praise, dans la métropole texane, où le défunt a vécu la majeure partie de sa vie.

Des hommes noirs tirent son cercueil doré.

La dépouille de George Floyd est transportée dans l'église Fountain of Praise à Pearland, au Texas, où auront lieux ses funérailles.

Photo : Associated Press / Godofredo A. Vásquez

Dans un silence absolu, des employés des pompes funèbres l'ont porté dans le bâtiment. À son passage, des policiers ont formé une haie d'honneur.

Après les funérailles, la dépouille a pris le chemin du cimetière Houston Memorial Gardens situé à Pearland, à 15 kilomètres de Houston.

George Floyd sera enterré aux côtés de sa mère Larcenia, décédée en 2018, dont il avait le surnom « Cissy » tatoué sur la poitrine. Lors de son calvaire, il avait imploré sa mère, après avoir supplié le policier Derek Chauvin de le relâcher.

La cérémonie en détail

Dans l'église bondée, la révérende Mia Wright a lancé : C'est l'heure de célébrer sa vie. Nous allons peut-être pleurer, faire notre deuil, mais nous allons trouver du réconfort et de l'espoir, a-t-elle ajouté en ouvrant la cérémonie funèbre.

De son côté, le révérend Remus Wright a déclaré : Nous voulons que justice soit rendue.

La pasteure Kim Burrell a interprété la chanson God Will Take Care of You avec le Houston Ensemble, et Dray Tate a chanté la pièce A Change is Gonna Come. Le chanteur Ne-Yo a entonné le titre It’s So Hard to Say Goodbye to Yesterday.

Ne-Yo chante dans l'église.

L'artiste Ne-Yo a chanté aux funérailles de George Floyd.

Photo : Associated Press / David J. Phillip

Le révérend Arthur Rucker a récité un passage de l’Ancien Testament, et le révérend Gusta Booker, un passage du Nouveau Testament.

La pasteure Mary White a lu avec passion la prière Prayer of Comfort. Un artiste a peint en direct une toile de George Floyd en noir et blanc.

Une vidéo a été présentée au cours de la cérémonie dans laquelle Joe Biden, ancien vice-président démocrate américain, a dénoncé les injustices dont les Noirs sont victimes.

L'heure de la justice raciale est venue aux États-Unis, a lancé le candidat démocrate à la présidentielle. Nous ne pouvons plus nous détourner du racisme qui blesse notre âme, a-t-il ajouté.

Sheila Jackson Lee parle dans un micro à côté d'une toile à l'effigie de George Floyd.

La représentante démocrate du Texas Sheila Jackson Lee a rendu hommage à George Floyd.

Photo : Associated Press / Godofredo A. Vásquez

La représentante démocrate du Texas, Sheila Jackson Lee, a dit que George Floyd avait une mission sur Terre : celle de mettre fin à la brutalité policière, aux mauvais traitements envers les minorités visibles et de mettre en lumière le manque de justice qui accable la communauté noire.

Il avait comme mandat de faire se lever les gens et qu'ils ne se rassoient pas tant qu'ils n'auraient pas obtenu justice, a-t-elle soutenu.

De son côté, le représentant démocrate du Texas Al Green a affirmé : Son crime était qu’il était né Noir. C'est plus qu'un moment isolé dans le temps, c'est un mouvement qui influence toute notre époque, a-t-il poursuivi.

Il a dit que tous ont une responsabilité envers lui pour faire en sorte que cela ne se reproduise plus. Nous avons besoin d’une réconciliation. […] C’est le temps de se réconcilier, a-t-il dit.

George Floyd a changé le monde et nous allons le faire savoir au monde, a déclaré l'élu du Texas à la Chambre des représentants.

Pour sa part, le maire de Houston, Sylvester Turner, a déclaré : Quand il a pris sa dernière respiration, il nous a permis de respirer.

Des mots de la famille

Plusieurs membres de la famille de George Floyd sont montés sur la scène et ont pris la parole à tour de rôle à la tribune pour témoigner de lui.

LaTonya Floyd est en pleurs.

LaTonya Floyd était très émotive lorsqu'elle a rendu hommage à son frère George.

Photo : Associated Press / David J. Phillip

LaTonya Floyd a parlé de son frère comme d’un héros : Merci, Dieu, de m’avoir donné mon propre Superman. Tu vas me manquer, a-t-elle ajouté.

La jeune nièce de George Floyd, Brooke Williams, a dénoncé la « haine raciale » aux États-Unis.

On a dit vouloir redonner sa grandeur à l'Amérique, a-t-elle souligné, en référence au slogan de campagne de Donald Trump. Mais quand l'Amérique a-t-elle été grande?, s'est-elle interrogée.

Sa tante Kathleen Mcgee a invité les gens à serrer leurs proches et à les aimer, car on ne sait jamais quand l’heure sonnera. Elle les a invités à l’unité : Nous ne faisons qu’un.

« George Floyd était Amour. […] Je suis George Floyd. Vous êtes George Floyd. »

— Une citation de  Terrence Floyd, frère de George Floyd
Terrence Floyd porte des lunettes noires et un chapeau noir et parle dans un micro.

Terrence Floyd a dit que son frère George Floyd était un homme bon.

Photo : Associated Press / Godofredo A. Vásquez

Le sermon du révérend Sharpton

Comme lors d'un premier hommage à Minneapolis, jeudi, le sermon a été prononcé par le révérend Al Sharpton, figure de la défense des droits civiques aux États-Unis.

D’entrée de jeu, Al Sharpton a parlé de « négligence intentionnelle » des autorités visant à laisser les Noirs mourir. Ce n’est pas juste une tragédie, c’est un crime, a clamé le pasteur tôt dans son discours, réclamant que justice soit rendue.

Il a fortement dénoncé l’iniquité dont sont victimes les Noirs de la part des corps policiers et du système de justice. Il a affirmé que, si quatre hommes noirs avaient causé la mort d’un homme blanc, ils seraient envoyés en prison.

Tant qu'on ne reconnaîtra pas qu'une vie noire vaut autant qu'une vie blanche, on continuera de rester dans la même situation, a-t-il dit. On veut que la loi s’applique de façon égale à tous, a-t-il précisé.

Al Sharpton parle devant une toile de George Floyd en noir et blanc.

Le révérend Al Sharpton a prononcé un sermon aux funérailles de George Floyd à Houston, au Texas.

Photo : Associated Press / Godofredo A. Vásquez

Al Sharpton a vivement critiqué la violence institutionnalisée contre la communauté noire. Quand tu mets ton genou sur le cou de quelqu’un, ce n’est pas normal, a-t-il décrié.

Tu dois être rempli de venin pour pouvoir tenir tout ton poids sur l’autre pour le maintenir en place aussi longtemps, a-t-il suggéré. Quel genre de mentalité est-ce? Comment se fait-il que cela se répète?, a-t-il demandé.

Le révérend s’en est pris au président en condamnant les tirs des forces de l’ordre de Washington sur des manifestants pour les disperser afin que M. Trump puisse sortir de la Maison-Blanche, traverser la rue, se rendre à l’église et se faire photographier avec une bible à la main devant le lieu de culte. De la méchanceté dans les hautes sphères, a-t-il déploré.

Le président a parlé d'appeler les militaires en renfort pour ramener le calme dans les villes secouées par des violences à la suite de ce drame, a relevé cette figure des droits civiques. Mais il n'a pas eu un mot pour les 8 minutes 46 secondes de ce meurtre policier, a-t-il regretté.

« Le message transmis, c'est que, si vous êtes dans les forces de l'ordre, la loi ne s'applique pas à vous. »

— Une citation de  Le révérend Al Sharpton

M. Sharpton a promis de continuer la lutte, même quand les caméras de télévision seront parties. Nous serons là à Minneapolis quand le procès commencera, a-t-il affirmé.

Une série d'hommages

Des dizaines de personnes se tiennent debout, regardant en direction du cercueil, doré, de George Floyd.

Les membres de la famille de George Floyd et ses amis se sont réunis dans la chapelle de l'université chrétienne North Central pour lui rendre hommage.

Photo : Reuters / LUCAS JACKSON

Un dernier hommage public a été rendu mardi dans la métropole texane à cet homme noir de 46 ans qui y a longtemps vécu.

Environ 6000 personnes ont défilé toute la journée devant son cercueil exposé dans l'église, pour réciter une prière ou pour lui dire un dernier mot, le poing levé, sous le regard de son frère Philonise Floyd, très ému. Cela fait très mal d'être ici, c'est dur et douloureux, leur a-t-il dit.

Les adieux à George Floyd ont commencé jeudi dernier à Minneapolis, lors d’un service commémoratif qui s’est déroulé dans la chapelle de l'université chrétienne North Central.

Puis, samedi, des centaines de personnes ont aussi fait la queue pour voir son cercueil à Raeford, en Caroline du Nord, à une vingtaine de kilomètres de son lieu de naissance.

Une arrestation violente

Le policier Derek Chauvin est devenu à travers le monde le visage de la brutalité policière depuis la diffusion d'une vidéo qui le montre en train d'appuyer son genou sur le cou de George Floyd pendant près de neuf minutes.

Une murale bleue à l'effigie de George Floyd avec la mention de son nom.

Une murale en hommage à George Floyd, dont la mort au cours d'une intervention policière a suscité la colère de nombreux Américains.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Bélanger

Il est apparu dans une tenue orange de prisonnier lundi pour une audience de procédure organisée par vidéo depuis la prison de haute sécurité dans laquelle il est détenu.

Lors de cette première comparution, deux semaines exactement après la mort de George Floyd, la juge Jeannice Reding a fixé à un million de dollars le montant de la caution libératoire de l'ancien agent de 44 ans, assortie de certaines conditions. La date de la prochaine audience a été fixée au 29 juin.

Derek Chauvin avait été dans un premier temps inculpé d'homicide involontaire, mais les faits ont été requalifiés en meurtre non prémédité, un chef passible de 40 années de réclusion.

Trois de ses anciens collègues impliqués dans l'arrestation fatale de George Floyd ont été inculpés de complicité de meurtre.

George Floyd avait été arrêté parce que la police, prévenue par un commerçant, le soupçonnait d'avoir voulu écouler un faux billet de 20 $.

Une vague de colère

Sa mort a déclenché une vague de colère et de manifestations comme les États-Unis n'en avaient plus connu depuis les années 1960 et le mouvement pour les droits civiques.

Une marée de pancartes dénonçant le racisme et demandant la justice semble ensevelir la Maison Blanche.

Plusieurs milliers de manifestants ont défilé samedi à Washington et dans plusieurs autres villes pour dénoncer la discrimination raciale.

Photo : Reuters / Jim Bourg

Partout dans le pays, des dizaines de milliers de personnes, noires et blanches, rassemblées dans un même mouvement de colère contre le racisme et les violences policières, sont encore descendues dans la rue ce week-end de façon pacifique.

Sur leurs pancartes, aux côtés du cri de ralliement Black Lives Matter (La vie des Noirs compte), de plus en plus de personnes demandaient de cesser de financer la police.

Leurs appels ont été entendus par le conseil municipal de Minneapolis, qui a l'intention de démanteler la police municipale pour tout remettre à plat. Au Congrès, près de 200 élus, en majorité démocrate, ont présenté un texte de loi pour mettre un terme à la large immunité dont bénéficient les agents de police.

Le président Donald Trump continue de vouloir afficher aux yeux de sa base électorale la même fermeté que depuis le début du mouvement. Nous n'allons pas couper les fonds de la police, nous n'allons pas démanteler la police, a déclaré le milliardaire républicain.

De Paris à Bristol, au Royaume-Uni, en passant par l'Australie, la colère a dépassé les frontières américaines pour s'étendre sur plusieurs continents, où de nombreuses manifestations de solidarité se sont déroulées.

Avec les informations de Agence France-Presse

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