Un mois de la Fierté sur fond de pandémie

Le Village n'est pas aussi animé qu'à l'habitude en raison de la pandémie.
Photo : CBC / John Rieti
Pandémie oblige, tous les événements du mois de la Fierté à Toronto sont organisés en ligne cette année, ce qui peut être particulièrement difficile pour certains avec le confinement qui se poursuit depuis près de trois mois.
Dans le Village, sur la rue Church, ce n'est pas le mois de juin habituel. Pas de foule ni de bars bondés, tous les lieux de rassemblement sont fermés.
Wendy Limbertie, une résidente du quartier, se sent seule et est bien déçue de l’absence d’événements sociaux en personne ce mois-ci, dont le fameux défilé qui attire habituellement les foules.
C’est très difficile. Je me sens seule. Beaucoup de membres de la communauté LGBTQ vivent seuls.
Wendy n’est pas la seule à se trouver dans une telle situation. Et pour plusieurs, le mois de la Fierté est habituellement un moment où ils peuvent s’exprimer sans tabou et se rassembler dans des lieux où ils se sentent acceptés tels qu’ils sont.
Le président du groupe FrancoQueer, Arnaud Baudry, reconnaît que c’est habituellement une occasion pour certains de sortir du placard et il craint que de telles occasions soient perdues cette année.
Le défi c’est de ne pas pouvoir avoir accès à ces espaces positifs, profiter de sa communauté et tisser des liens.
Le centre communautaire The 519, qui travaille auprès de la communauté LGBTQ, constate une certaine détresse psychologique auprès de gens qui ressentent beaucoup de solitude et qui souffrent d’anxiété ou de dépression.
Malgré l’aide disponible en ligne et au téléphone, ces gens n’ont pas accès aux mêmes programmes de soutien qu’à l’habitude en raison de la pandémie.
Nous ne pouvons pas tout régler en ligne. Je suis réellement préoccupé par l'isolement et des effets néfastes sur la santé mentale des gens en ce moment.
Justin Khan croit que les célébrations en ligne ce mois-ci ont leurs limites. Il explique que pour certains il peut être difficile d’y prendre part de chez eux s’ils vivent par exemple sous un toit où ils ne se sentent pas appuyés ou en sécurité.
Un mois d’événements en ligne
C’est dans ces circonstances bien particulières que Pride Toronto a dû se réinventer cette année.
Avec sa programmation exclusivement en ligne, les organisateurs cherchent avant tout à offrir une plateforme pour permettre à la communauté de connecter.
Il y a beaucoup de gens qui ne vont pas recevoir ce sentiment, cette émotion d'être avec un grand groupe qui vous accepte. Il y a beaucoup de gens qui ne ressentent ça que pendant cette fin de semaine [de la Fierté].
Une variété d’événements sont prévus, comme des soirées Trivia, des séances d’entraînement avec des olympiens, des spectacles, et le festival à la fin du mois avec la marche de la fierté trans, la marche des femmes et le défilé.
Ça va être des drag queens, des DJ, des gens dans leur appartement avec des costumes. On va juste essayer d'avoir une sorte de connexion
, explique Philippe en décrivant le déroulement du défilé virtuel du 28 juin.
Il est conscient que l’été et le beau temps pourraient décourager des gens d’être rivés devant leurs écrans, mais il espère tout de même que la communauté profitera de la programmation.