Au tour des Canadiens de descendre dans la rue pour dénoncer le racisme

Le reportage de Jean-François Poudrier.
Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette
Des milliers de Canadiens ont défilé dans les rues d'un bout à l'autre du pays, vendredi, pour dénoncer le racisme et réclamer d'importants changements du côté des forces de l'ordre.
Des milliers de citoyens ont entamé une marche à partir du parlement d'Ottawa. Parmi eux se trouvait le premier ministre Justin Trudeau, le visage masqué, qui s'est joint à la foule pour écouter les discours avant de prendre le chemin de la rue Wellington.
Voilà plusieurs jours que M. Trudeau dénonce lui aussi le racisme envers les Noirs qui « existe aussi chez nous ». Si le chef libéral a soutenu que son gouvernement agissait contre cette situation, il n'a toutefois pas dévoilé de nouvelles politiques spécifiques pour lutter contre le racisme.
Une autre marche s'est déroulée dans le calme à Toronto. En allant à la rencontre de manifestants, le chef du service de police, Mark Saunders, s'est agenouillé en compagnie de quelques autres policiers en uniforme. Certains manifestants ont fait de même, tandis que les photographes saisissaient la scène.
En Saskatchewan, une troisième manifestation en solidarité avec le mouvement Black Lives Matter (La vie des Noirs compte) et la lutte contre le racisme a eu lieu, cette fois à Regina. Des centaines de personnes s'y étaient déjà rassemblées mardi. Jeudi, c'était au tour de Saskatoon.
Dans la province voisine du Manitoba, une manifestation s'est déroulée à Winnipeg.
Sur la côte ouest, Vancouver a accueilli en fin de journée un deuxième rassemblement pour dénoncer le racisme. Il y a du racisme à Vancouver et nous devons en parler. Il y a beaucoup de personnes racisées qui sont victimes de profilage racial par la Gendarmerie royale du Canada [...] Je crois qu'il est temps d'aborder ce problème à Vancouver aussi
, a expliqué Jacob Callender-Prasad, l'organisateur de l'événement.
Dans les Maritimes, une marche s'est déroulée elle aussi dans le calme dans la ville de Moncton, au Nouveau-Brunswick. La députée libérale de Moncton—Riverview—Dieppe, Ginette Petitpas Taylor, était de la partie.
Au Québec, la ville de Repentigny, au nord-est de Montréal, a accueilli en soirée sa propre manifestation, qui a rassemblé quelque 130 personnes.
Montréal ne sera toutefois pas en reste, puisqu'une deuxième manifestation contre la brutalité policière y est prévue pour dimanche.
Le chef du Service de police de la Ville de Montréal, Sylvain Caron, a indiqué qu'il y prendrait part. Plus tôt dans la journée, il avait dit attendre une invitation des organisateurs.
Une première manifestation a eu lieu dimanche dernier dans les rues de la métropole et a rassemblé plusieurs milliers de personnes dans le calme avant d'être assombrie par des actes de violence commis par des casseurs.
Vendredi, Sylvain Caron a annoncé que la nouvelle politique sur les interpellations effectuées par ses agents serait rendue publique le 8 juillet. M. Caron souhaite que le travail des policiers soit exempt de discrimination et de racisme à Montréal
.
Ces rassemblements surviennent dans la foulée de la mort de George Floyd aux États-Unis, la semaine dernière, un événement qui a ravivé la colère des Noirs et d'autres minorités culturelles face à la violence policière et au racisme systémique.
L'Afro-Américain de 46 ans est mort lors d'une opération policière à Minneapolis, dans l'État du Minnesota, le 25 mai. Le policier Derek Chauvin, congédié le lendemain puis accusé de meurtre au deuxième degré depuis, a appuyé son genou sur le cou de George Floyd pendant 8 minutes et 46 secondes. Les trois agents qui l'accompagnaient ont aussi été congédiés et sont accusés de complicité de meurtre.