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Un Edmontonien dénonce s'être fait mettre un genou sur le cou lors d’une arrestation

Une capture d'écran de la vidéo montre le genou du policier sur le cou de Jean-Claude Rukundo.

L'arrestation Jean-Claude Rukundo, durant laquelle un policier lui a mis un genou sur le cou pour l'immobiliser, a été filmée.

Photo : Capture d’écran - Facebook / Sifa Ngeze

Radio-Canada

Un Edmontonien d'origine africaine dénonce avoir été victime d’une arrestation musclée faite par la police d’Edmonton en 2018, durant laquelle un policier lui a mis un genou sur le cou, la même technique employée contre l’Afro-Américain George Floyd.

Les images de l’opération policière qui a coûté la vie à George Floyd, le 25 mai, ont fait ressurgir de douloureux souvenirs pour Jean-Claude Rukundo.

En juillet 2018, le résident d’Edmonton a fait l’objet d’une arrestation musclée alors qu’il était venu prêter main-forte à sa femme, impliquée dans un accident d’auto.

Selon lui, les policiers qui l’ont appréhendé ont fait usage d’une force excessive en le maintenant au sol avec le genou d’un policier sur la nuque.

Je ne pouvais pas respirer.

Une citation de Jean-Claude Rukundo

Même dans la vidéo je dis que je ne peux pas respirer. On peut voir qu’il a utilisé la force et qu’il a appuyé sur mon cou avec son genou. [...] Ce jour-là, j’ai craint pour ma vie et l’avenir de mes enfants. Je suis le seul à avoir un revenu dans la famille, raconte le père de cinq enfants.

Choquée par la mort de l’Américain de 46 ans, Sifa Ngeze, la femme de Jean-Claude Rukundo, a décidé de publier la vidéo de l’arrestation de son mari, à Edmonton, en juillet 2018.

La vidéo d’une durée de 14 secondes a été publiée mardi, quelques heures seulement après que le chef de police Dale McFee ait exprimé son soutien à la communauté noire d’Edmonton et lancé un appel à la responsabilité.

Elle montre Jean-Claude Rukundo couché sur le ventre et immobilisé au sol par deux policiers alors qu’il se fait menotter.

On y entend également un policier prononcer des injures avant de mettre son genou sur la nuque de Jean-Claude Rukundo.

Deux versions des faits

Dans une déclaration écrite, le Service de police d’Edmonton a indiqué que les policiers n’étaient intervenus auprès de M. Rukundo qu’après que ce dernier ait refusé de quitter le lieu de l’accident.

Le Service de police d’Edmonton affirme également que le policier ayant utilisé un langage injurieux a fait l’objet d’une mesure disciplinaire.

Jean-Claude Rukundo et sa femme Sifa Ngeze dans leur salon.

Jean-Claude Rukundo et Sifa Ngeze croient avoir été victimes de racisme de la part de la police d'Edmonton.

Photo : Radio-Canada

Jean-Claude Rukundo et sa femme ont cependant une version différente de l’incident.

Le couple raconte que Sifa Ngeze a appelé le 911 et son mari après être entrée en collision avec un véhicule alors qu’elle se rendait au Superstore, en juillet 2018.

Selon eux, la situation était paisible, jusqu’à ce qu’un des policiers dépêchés sur place menace Jean-Claude Rukundo, alors au téléphone avec la compagnie d’assurance, de l’arrêter s’il ne quittait pas les lieux de l’accident.

Le policier a envenimé la situation.

Une citation de Jean-Claude Rukundo

Il a élevé la voix et m’a traité comme si je n’étais pas un humain, ajoute-t-il.

Il raconte qu’il a ensuite été reconduit au poste de police et accusé d’entrave à un agent de la paix et d’avoir résisté à une arrestation.

De son côté, la police d’Edmonton soutient avoir demandé à Jean-Claude Rukundo de quitter les lieux de l’accident à plusieurs reprises.

L’homme a poussé un des policiers et fait preuve d’agressivité, déclare Patrycja Mokrzan, une porte-parole du Service de police d’Edmonton, dans un courriel.

Les policiers présents ont jugé qu’ils pouvaient procéder à une arrestation. Lorsqu’ils ont tenté de l’arrêter, l’homme a continué à résister, ce qui a mené les policiers à le mettre au sol, ajoute-t-elle.

Selon la porte-parole, les conclusions de l’enquête menée par la section des normes professionnelles du Service de police d’Edmonton ont été transmises à M. Rukundo et sa femme en 2019, lorsque l’enquête s’est terminée.

Le Service de police d’Edmonton n’a cependant pas confirmé s’il a porté des accusations contre M. Rukundo.

Une méthode excessive

Selon l’ancien chef de police de Moose Jaw, en Saskatchewan, Terry Coleman, le comportement des policiers durant l’arrestation de Jean-Claude Rukundo est troublant et inutile.

Selon lui, les policiers peuvent mettre leur genou sur une épaule ou sur l’omoplate au besoin, même si cette pratique demeure risquée.

Il n’est pas du tout nécessaire de le mettre sur la nuque [...] ni d’occlure les voies respiratoires ou le flot sanguin, dit-il.

Selon Patrycja Mokrzan, les policiers ne sont pas formés pour viser le cou ou la tête lorsqu’ils tentent d’immobiliser quelqu’un, mais plutôt le dos ou la poitrine.

La dynamique de chaque situation doit être prise en considération et il est possible qu’une technique ne soit pas bien appliquée lorsqu’une personne résiste.

Une citation de Patrycja Mokrzan, porte-parole du Service de police d'Edmonton

Des conséquences à long terme

Le couple affirme avoir dépensé 5000 $ afin de se défendre face aux accusations de la police portées contre Jean-Claude Rukundo. Depuis, les deux parents disent avoir des difficultés financières.

La police n’est pas censée nous faire du mal. Elle est censée nous protéger, déplore Sifa Ngeze.

Son mari et elle, originaires du Burundi, sont convaincus qu’ils auraient été traités différemment s’ils étaient blancs. Ils espèrent que leur témoignage aidera à faire changer les choses.

Nous ne sommes pas violents. Nous avons fui la violence. Nous voulons simplement vivre, dit le père de famille.

Je ne suis pas un bandit. Je suis un père. J’essaie juste de faire en sorte que cela n’arrive pas à mes enfants.

Avec les informations de Raffy Boudjikanian

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