COVID-19, transparence et vie privée : la Saskatchewan pourrait-elle faire mieux?

La façon dont les données sur la COVID-19 sont publiées quotidiennement par la Saskatchewan font l'objet d'une révision, indique un porte-parole du ministère de la Santé.
Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck
Des experts estiment que la Saskatchewan pourrait faire preuve de plus de transparence dans les informations qu’elle divulgue à propos de la COVID-19 afin de permettre à la population d’être mieux informée sur la situation dans les diverses régions de la province.
Selon la Dre Anne Huang, une ancienne médecin hygiéniste adjointe de la Saskatchewan et de Santé Canada, il est possible de dévoiler plus d’information tout en assurant la confidentialité des personnes touchées par la maladie.
Jusqu’à présent, la Saskatchewan rend publiques des statistiques sur le nombre de cas de COVID-19 dans six grandes régions ainsi que différentes informations liées aux tranches d’âge des personnes infectées, notamment.
La province ne dévoile habituellement pas les communautés où des cas de COVID-19 ont été signalés à moins qu’il n'y ait eu une éclosion.
Or, dans certaines provinces au Canada, des statistiques plus détaillées sont publiées par les autorités. C’est le cas de l'Ontario, où la santé publique de Toronto diffuse maintenant des données selon les codes postaux.
Une telle option ne fonctionnerait pas en Saskatchewan pour assurer la confidentialité des personnes infectées, estime la Dre Huang, qui considère toutefois que la province pourrait réévaluer sa façon de faire.
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Elle propose, par exemple, d’opter pour une carte montrant les 38 divisions du réseau de santé établies par l’Autorité de la santé de la Saskatchewan selon les comportements des personnes lorsque celles-ci accèdent aux services de santé
.
Pour relancer l’économie en toute sécurité, nous devons mieux repérer les points chauds [de la maladie]. La meilleure façon d’illustrer où se trouvent les points chauds et les cas de transmission, c’est de montrer les données avec une carte
, affirme la Dre Huang.
Transparence et confiance
Le commissaire à l’information et à la vie privée de la Saskatchewan, Ron Kruzeniski, est d’avis que, pour maintenir la confiance du public, les provinces doivent être transparentes par rapport à la clarté et à la quantité des informations qu’elles divulguent.
J’encouragerais certainement ceux qui prennent les décisions à faire preuve de la plus grande précision possible tout en s’assurant de ne pas fournir des informations qui pourraient permettre de reconnaître des personnes en particulier
, dit Ron Kruzeniski.
Selon lui, la question est de déterminer où tracer la ligne entre la transparence et la vie privée.
Il convient toutefois qu’il serait délicat de relier un cas à une petite communauté, mais pas dans les plus grandes villes comme Regina, Saskatoon ou Prince Albert, où la vie des personnes infectées serait probablement protégée.
Un professeur du département de santé communautaire et d’épidémiologie de l’Université de la Saskatchewan, Cody Neudorf, pense de son côté que la province devrait revoir son approche en matière de divulgation d’information liée à la COVID-19 à mesure que le nombre de cas augmente.
Une hausse du nombre de cas dans la province permet de faire des ajustements, affirme-t-il, puisque la subdivision des informations est particulièrement difficile avec un très petit nombre de cas.
Une révision est en cours
L’approche utilisée en Saskatchewan pour dévoiler les cas de COVID-19 est en train d’être révisée
, indique un porte-parole du ministère de la Santé, tout en soulignant qu’il n’est pas simple de divulguer plus de données sans empiéter sur la vie privée.
Le porte-parole du ministère de la Santé n’a toutefois pas mentionné si la province envisage de rendre publiques des informations sur les cas de COVID-19 selon les codes postaux ou selon les nombreuses divisions du réseau.
En point de presse mardi, le médecin hygiéniste en chef de la Saskatchewan, Saqib Shahab, a dit que la divulgation du lieu de décès d’une personne ayant succombé à la maladie, par exemple, posait des problèmes en ce qui a trait au critère de confidentialité au sens de la loi.
Il n’y a aucune valeur ajoutée du point de vue de la santé publique ou de l’évaluation des risques pour le public de savoir où vivait une personne qui est malheureusement décédée [des suites de la COVID-19]
, a-t-il mentionné.
Il a toutefois spécifié que la province travaillait sur une nouvelle carte qui comprendra plus de détails que celle qui est utilisée depuis plusieurs semaines.
Avec les informations d’Alicia Bridges et Kendall Latimer