Les Saskatchewanais dénoncent à leur tour le racisme et les injustices

Une manifestation s'est organisée à Regina en solidarité au mouvement Black Lives Matter.
Photo : Radio-Canada / Rob Kruk
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des centaines de Saskatchewanais de tous les âges se sont rassemblés mardi devant le palais législatif, à Regina, afin d’exprimer leur solidarité au mouvement Black Lives Matter et leur désir d’enrayer pour de bon le racisme et la brutalité policière.
Beaucoup de gens ici pensent que le racisme n’existe pas au Canada. C’est important pour nous d’exprimer nos préoccupations et de faire savoir aux gens que nous souffrons autant que les Américains souffrent
, dit Faith Olanipekun, une militante noire, diplômée de l’Université de Regina, qui a organisé le rassemblement.
Je veux que tout le monde sache que nous ne pouvons pas être réduits au silence
, ajoute-t-elle.
Tout au long du rassemblement, des dizaines de personnes se sont présentées au micro afin de dénoncer haut et fort des gestes de racisme qu’elles ont vécus ou dont elles ont été témoins en Saskatchewan et au Canada.
Les témoignages étaient parfois dirigés contre les policiers qui, selon certains, arrêtent davantage les personnes noires au volant de leur voiture pour des contrôles de routine, alors que d’autres témoignages étaient davantage dirigés contre la société dans son ensemble.
Faith Olanipekun dit que la grande participation de la population de la Saskatchewan au rassemblement lui donne espoir en un avenir meilleur, où les gestes de racisme et de brutalité policière ne sont plus aussi fréquents.
C’est incroyable de voir des gens qui viennent soutenir [notre message] et nous voulons que ça continue même après le rassemblement
, mentionne-t-elle.
« Tous ensemble, je pense que nous pouvons assurément changer beaucoup de choses. »
Des manifestations semblables se sont déroulées à travers le pays au cours des derniers jours, notamment à Montréal, à Toronto et à Calgary, après qu’un policier de Minneapolis, aux États-Unis, eut exercé, pendant de nombreuses minutes, de la pression avec son genou sur le cou d’un homme noir de 46 ans, George Floyd, lors d’une arrestation musclée.
Après avoir signalé à plusieurs reprises qu'il avait du mal à respirer, George Floyd a semblé perdre connaissance avant que son décès ne soit constaté par la suite à l'hôpital.
Le policier responsable de ce geste, Derek Chauvin, a ensuite été arrêté et accusé de meurtre au troisième degré et d’homicide involontaire.
Les mots I Can’t Breathe
(Je ne peux plus respirer), prononcés par George Floyd peu avant sa mort, ont d’ailleurs été repris par de nombreuses personnes rassemblées mardi.
Si certains participants ont apporté des pancartes pour rendre hommage à l’Américain, l'artiste Zoe Stradeski, quant à elle, a décidé de dessiner à la craie son visage devant l’assemblée législative avec l’accord, dit-elle, de la députée de sa circonscription, Nicole Sarauer.
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Appel à l’unité chez les corps policiers
Dans une série de messages publiés sur les réseaux sociaux, les Services de police de Regina et de Saskatoon ont ajouté leur voix aux messages, déjà nombreux, de solidarité avec la communauté noire.
Les corps policiers ont aussi dit qu’ils s’efforcent de prôner les valeurs d’équité, d’intégrité, de respect et de compassion auprès de leurs agents pour chacune de leurs interventions auprès du public, et ce, peu importe la couleur de la peau des personnes interpellées.
Les deux services de police ont aussi affirmé qu’ils étaient déterminés à montrer la voie pour renforcer le sentiment de sécurité à l’intérieur de leurs communautés respectives et qu’ils souhaitaient travailler avec la population pour s’assurer que le profilage racial ne soit plus aussi présent à l’avenir.
Un rassemblement pacifique
Le message de solidarité des manifestants n’a pas été perturbé. Le rassemblement, qui a duré plusieurs heures, s’est déroulé dans le calme.
Certaines manifestations ont dégénéré aux États-Unis depuis une semaine, des commerces ayant été pillés, des voitures, incendiées, et des affrontements ayant éclaté entre policiers et manifestants.
Il y a également eu des scènes de saccage durant des rassemblements au Canada.
Dans une publication sur Twitter mardi matin, le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, avait rappelé aux manifestants que les manifestations pacifiques sont toujours les bienvenues devant l’assemblée législative
, mais que les actes de vandalisme, eux, n’avaient pas leur place
Il faisait ainsi référence à des gestes répréhensibles qui ont été commis lundi soir en marge du rassemblement sur le monument de guerre, qualifiant au passage la situation d'inacceptable
et de scandaleuse
.
Avec les informations de Jean-Baptiste Demouy et d’Aimée Lemieux