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Réforme du PEQ : des ajustements souhaités

La réduction des délais de traitement et l’instauration d’une clause pour les étudiants étrangers non diplômés sont notamment demandées, alors qu’une étude universitaire met en relief la réussite de ce programme d’immigration.

Université McGill.

Le PEQ est un programme d'immigration qui permet aux étudiants étrangers et aux travailleurs temporaires d'obtenir, à terme, la résidence permanente.

Photo : Radio-Canada / Martin Thibault

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Annoncée la semaine passée par le ministre Simon Jolin-Barrette, cette nouvelle réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) impose désormais une plus importante expérience de travail aux immigrants voulant bénéficier de ce programme pour immigrer, à terme, de manière permanente au Canada.

Cette exigence de travail rehaussée a été saluée, particulièrement par le milieu des affaires, mais des ajustements sont à présent réclamés.

Puisque le projet de règlement a fait l’objet d’une prépublication, un délai de 30 jours permet ainsi d’éventuelles modifications avant l’entrée en vigueur de la réforme.

On va dans la bonne direction, mais on sent qu’il y a encore un peu de travail à faire, explique Véronique Proulx, présidente de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ).

Cette dernière ne comprend pas pourquoi l’accès au PEQ serait refusé aux immigrants travaillant dans les secteurs d’emploi les moins qualifiés [les domaines C et D, selon la Classification nationale des professions], comme l'indique le ministre de l’Immigration.

Avant la crise, les deux tiers des emplois en pénurie ne demandaient pas un secondaire 5. Il faut faire venir ces gens pour travailler dans le secteur manufacturier, assure-t-elle, tout en demandant un accès au PEQ à certains diplômés issus de formations plus techniques de moins de 1800 heures, comme les soudeurs.

Le PEQ est un programme, initialement, qui permet aux diplômés étrangers et aux travailleurs temporaires ayant un an d’expérience de bénéficier d’une voie rapide vers l’immigration permanente. En moins d’un mois, un certificat de sélection du Québec (CSQ) était délivré.

Délais plus courts espérés

Désormais, un diplômé devra travailler de un à deux ans, et un travailleur temporaire devra prouver qu'il détient trois ans d’expérience à temps plein. Le délai de traitement passera quant à lui à six mois.

C’est une contrariété, glisse Pierre Cossette, recteur de l'Université de Sherbrooke et président du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI). Le délai, rapide, faisait partie de l’attractivité du PEQ, ajoute-t-il, tout en précisant être satisfait par l'abandon des listes d'accès évoquées dans la première version de cette réforme.

« On souhaite que les délais soient le plus courts possible. Plus c’est long, plus c’est un problème. Il faut que le message soit clair : montrer que ces étudiants étrangers sont les bienvenus. »

— Une citation de  Pierre Cossette, président du BCI

Une révision à la baisse de ces délais est aussi espérée par d’autres représentants du milieu des affaires, à l’instar de MEQ et de la Chambre de commerce de Montréal.

L’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration (AQAADI) met quant à elle l’accent sur les difficultés, pour un travailleur temporaire, de conserver plus de trois ans un même permis de travail, qui est de compétence fédérale, pour postuler au PEQ.

Cette exigence pourrait ainsi entraîner une attractivité moindre pour des travailleurs français ou belges, venus au Québec avec un permis vacances-travail qui dure un ou deux ans. Ces derniers devront trouver d’autres solutions, avec Ottawa, pour prolonger leur séjour au Canada.

Ce sera excessivement long, coûteux et laborieux pour ces personnes, soutient Guillaume Cliche-Rivard, président de l’AQAADI, qui aimerait un retour à l’exigence initiale d’un an de travail.

Il ne faut pas que les personnes immigrantes soient victimes de la bureaucratie, précise de son côté Charles Milliard, président de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).

« On ne veut pas que les gens soient pris en otages, on ne veut pas créer de conditions défavorables. »

— Une citation de  Charles Milliard, président de la FCCQ

L’AQAADI et le Collectif Étiq, qui regroupe des travailleurs et des étudiants étrangers, souhaitent également la mise en place d’une clause de droits acquis pour les étudiants déjà au Québec, mais non diplômés.

À ce jour, le ministre Jolin-Barrette a promis une clause transitoire pour tout ceux, déjà diplômés, qui ont déjà un permis leur permettant de travailler. Cette clause de droits acquis avait d’ailleurs été mise de l’avant par le premier ministre Legault en novembre, lors de la première version de la réforme, laquelle avait été suspendue à la suite des nombreuses critiques des milieux des affaires et de l’éducation.

Un programme généreux, soutient le ministre Jolin-Barrette

Invité à réagir mardi à plusieurs des demandes de députés des partis d'opposition, le ministre Simon Jolin-Barrette a assuré avoir consulté et écouté avant de dévoiler la nouvelle réforme.

Durant des échanges houleux, qui ont nécessité l'intervention du président de l'Assemblée nationale, François Paradis, il a défendu une réforme durable et une volonté d'améliorer nos programmes d'immigration, sans montrer d'ouverture à d'éventuelles modifications. Je ne pense pas que c'est déraisonnable, ce qu'on demande, a-t-il notamment clamé, avant d'ajouter qu'il n'y a aucun État dans le monde qui a un programme aussi généreux que nous en matière d'immigration.

Une étude évoque le succès du PEQ

Lancé en 2010 par le gouvernement libéral de Jean Charest, le PEQ serait une réussite, selon une étude réalisée par des chercheurs de l’Université Laval, qui sera prochainement publiée dans la Revue canadienne de sociologie.

La recherche, qu’a pu consulter Radio-Canada, souligne que les immigrants issus des premières cohortes ayant bénéficié de ce programme performent très bien sur le marché de l’emploi.

Selon l'étude, le taux d’emploi chez les immigrants du PEQ serait supérieur au taux d’emploi de l’ensemble de la population québécoise âgée de 25 à 44 ans (environ 90 % contre 87,3 % en 2015). Le revenu d’emploi moyen des travailleurs admis au PEQ serait lui aussi supérieur dans la même catégorie.

En revanche, du côté des diplômés étrangers passant par le PEQ, le revenu moyen est légèrement inférieur à celui de l’ensemble des Québécois âgés de 25 à 34 ans. Cette situation s’améliore très rapidement avec le temps, au fur et à mesure qu’ils acquièrent de l’expérience sur le marché du travail québécois, précise-t-on.

« Tout indique que les immigrants admis dans le cadre du programme PEQ ne viennent pas gonfler les chiffres du chômage et répondent bien aux besoins du marché du travail. »

— Une citation de  Extrait d’une étude de chercheurs de l’Université Laval

Il en résulte que l’argumentaire économique avancé pour justifier la réforme du PEQ ne [peut] résister à l’épreuve des faits et que, dans ce contexte, elle relève plutôt d’une autre logique, peut-on lire dans ce document signé par Charles Fleury, Danièle Bélanger et Aline Lechaume.

Une manifestation devant les bureaux de François Legault

Radio-Canada a appris qu’un rassemblement sera organisé mercredi devant l’édifice Honoré-Mercier qui accueille, à Québec, les bureaux du premier ministre François Legault.

Plusieurs dizaines d’étudiants et de travailleurs étrangers comptent se rendre devant l’Assemblée nationale pour faire part de leurs inquiétudes liées à la réforme. Au début de novembre, de nombreuses personnes s’étaient déjà rendues à Québec pour présenter d’émouvants témoignages. François Legault s’était alors dit ébranlé par ces messages.

D’autres manifestations ont déjà été organisées à Montréal ces derniers jours.

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