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De manifestations à émeutes, le ton a changé au Minnesota, disent les autorités

Des citoyens manifestent le poing levé et pancartes dans les airs.

Le reportage de notre envoyé spécial Jean-François Bélanger.

Photo : Associated Press / Julio Cortez

Radio-Canada

Après quatre nuits de manifestations, le gouverneur du Minnesota et les maires de Minneapolis et de St-Paul ne parlent plus de manifestations, mais d’émeutes, qui « n’ont plus rien à voir avec la liberté d’expression et la mort de George Floyd ». Néanmoins, des citoyens ont manifesté dans le calme cet après-midi et ont participé à des corvées pour nettoyer les rues après les violences de la veille.

Dans une série de conférences de presse samedi matin, les autorités ont annoncé que, pour eux, le ton avait maintenant changé et que la stratégie pour maintenir la paix allait donc devoir faire de même.

Nous allons tout faire pour rétablir l’ordre dans nos rues, a annoncé le gouverneur du Minnesota, Tim Walz. La situation à Minneapolis n’a plus rien à voir avec le meurtre de George Floyd. Il s'agit plutôt de s'attaquer à la société civile et d'instaurer la peur.

Pour rétablir l’ordre chez lui, alors que la colère a pris de l'ampleur vendredi soir dans une trentaine de villes des États-Unis, le gouverneur Walz a annoncé la mobilisation générale des 13 000 soldats de la Garde nationale du Minnesota, une première depuis la Seconde Guerre mondiale, et il a indiqué avoir demandé l'aide du département de la Défense.

Dès midi samedi, au moins 2500 soldats seront en service dans les rues des Twin cities, l'agglomération englobant les villes de Minneapolis et de Saint Paul.

Des soldats se tiennent debout devant un convoi militaire.

Dès midi samedi, au moins 2500 soldats de la garde nationale ont été déployés au Minnesota à la demande du gouverneur Tim Walz.

Photo : Associated Press / David Joles

L'armée américaine ne peut légalement pas intervenir sur le territoire américain, au nom de la protection des civils, sauf en cas d'insurrection, ce qui ne s'est pas produit depuis 1992, lors des émeutes de Los Angeles ayant suivi l'agression musclée d'un autre Noir aux mains de la police, Rodney King.

À Minneapolis, les manifestations prévues dans la journée en mémoire de George Floyd restent autorisées.

Tim Walz a aussi mentionné à de nombreuses reprises qu’il y aurait plus d’arrestations et d’interventions des forces armées et policières pour ceux qui ne respecteraient pas le couvre-feu de 20 h imposé dans ces deux villes. Il sera dangereux d'être dans la rue cette nuit, a prévenu le gouverneur.

Tim Walz devant un drapeau des États-Unis.

Le gouverneur du Minnesota Tim Walz.

Photo : Associated Press / Glen Stubbe

Le déploiement vendredi soir de 2500 policiers et soldats de la Garde nationale et l'imposition d'un couvre-feu n'ont pas empêché la grande ville du Minnesota de s'embraser, avec plusieurs commerces incendiés, de nouveaux pillages et de nombreuses dégradations.

C'est un chiffre énorme en termes de forces de l'ordre, a noté le responsable des forces de sécurité de l'État, John Harrington. Mais nous avons été confrontés à des dizaines de milliers d'émeutiers.

Trump dénonce les émeutes

Le président américain Donald Trump a dénoncé samedi les émeutes de la nuit passée dans la ville de Minneapolis, comme l'oeuvre de « pilleurs et d'anarchistes ».

La mort de George Floyd dans les rues de Minneapolis est une grave tragédie, a déclaré le président lors d'un déplacement au Centre spatial Kennedy en Floride, où il assistait au départ d'astronautes américains à bord d’une fusée SpaceX.

Donald Trump parle dans un micro.

Le président américain Donald Trump a promis de mettre fin à l'«anarchie» qui règne dans les rues de Minneapolis.

Photo : Associated Press / Alex Brandon

Mais il a ajouté que sa mémoire était déshonorée par les émeutiers, les pilleurs et les anarchistes, et appelé à la réconciliation, pas la haine, la justice, pas le chaos.

M. Trump a dit avoir parlé avec la famille George Floyd pour lui exprimer « la peine » que le pays éprouve en ce moment.

Il a souligné qu’il a ordonné la tenue d’une enquête sur sa mort et qu’il a demandé au procureur général de se pencher rapidement sur le rôle des trois autres policiers dans cette affaire, afin de déterminer si des accusations doivent être déposées contre eux.

Il a affirmé que les victimes des émeutes étaient les citoyens de Minneapolis et que celles-ci n'avait rien à voir avec la paix et la justice. Il a promis de mettre fin à l’« anarchie » et au « chaos », assurant que les résidents de la ville ont « droit à la sécurité » autant à la maison que dans les rues.

Rétablir la paix et l'ordre

Les maires de Minneapolis, Jacob Frey, et de Saint Paul, Melvin Carter, ont quant à eux été dans le même sens que le gouverneur Tim Walz. Selon eux, les manifestations ne sont plus celles du début de la semaine, qui étaient pacifiques.

La démonstration de force de ce soir est destinée à rétablir la sûreté, la sécurité, la paix et l'ordre.

Une citation de Jacob Frey, maire de Minneapolis

Nous n’acceptons pas la mort de George Floyd. Nous n’accepterons pas non plus la destruction de nos communautés, a dit Melvin Carter.

Deux gendarmes montent la garde séparés par une jeep.

Des membres de la Garde nationale sont postés devant l'édifice du Capitol du Minnesota, à Saint Paul.

Photo : Associated Press / Glen Stubbe

Chacun des deux maires a ajouté que la grande majorité des manifestants ne provenaient pas de leurs municipalités. À Saint Paul, par exemple, le maire Carter a confirmé que la vingtaine de personnes arrêtées hier soir dans sa ville venaient d’un autre État des États-Unis. Le gouverneur Walz a estimé pour sa part que 80 % des manifestants n'étaient pas du Minnesota.

Les deux maires ont également ajouté qu’il y avait une distinction à faire entre ceux qui souhaitaient manifester pacifiquement et ceux qui souhaitaient défier le couvre-feu de ce soir.

Samedi matin, de nombreux habitants de la ville nettoyaient les dégâts de la veille, munis de balais. Ma ville brûle, donc la seule chose que je puisse faire c'est aider à nettoyer, a déclaré à l'AFP Kyle Johnson, 28 ans. La plupart d'entre eux soutenaient tout de même les manifestations.

Une centaine de personnes étaient réunies, avec des fleurs et en chantant « pas de justice, pas de paix », à l'endroit où est mort George Floyd lors de son arrestation.

En après-midi, des citoyens ont manifesté pacifiquement dans les rues de Minneapolis pour réclamer justice et l'arrestation des trois autres policiers qui seraient impliqués dans la mort de George Floyd.

Des preuves

Le policier qui a posé son genou sur le cou de George Floyd durant de longues minutes, Derek Chauvin, a été arrêté et inculpé vendredi pour acte cruel et dangereux et pour homicide involontaire. Il a été placé en détention. Trois autres policiers ont immédiatement été licenciés, comme Derek Chauvin.

Nous avons des preuves, nous avons la vidéo du citoyen, cet acte horrible, horrifique, terrible que nous avons tous vu passer en boucle, nous avons la caméra du policier, les déclarations de témoins, a souligné Mike Freeman, le procureur du comté de Hennepin.

Le secrétaire américain à la Justice William Barr a déclaré qu'il s'agissait d'une inculpation « initiale », laissant entendre qu'elle pourrait être transformée en homicide volontaire.

La famille de la victime a salué ce développement comme un premier pas sur « la voie de la justice '», mais l'a jugé « tardif » et insuffisant.

Nous voulons une inculpation pour homicide volontaire avec préméditation. Et nous voulons voir arrêtés les trois autres agents impliqués dans le drame, a-t-elle affirmé dans un communiqué.

L'affaire rappelle la mort d'Eric Garner, un homme noir décédé en 2014 à New York après avoir été asphyxié lors de son arrestation par des policiers blancs. Lui aussi avait dit « Je ne peux pas respirer », une phrase devenue un cri de ralliement du mouvement Black Lives Matter (« La vie des Noirs compte »).

Avec les informations de CNN, Agence France-Presse et Reuters

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