Mort de George Floyd : la colère prend de l'ampleur aux États-Unis

Pour la quatrième nuit consécutive, des manifestations se sont déroulées au Minnesota.
Photo : Associated Press / John Minchillo
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des manifestations ont éclaté dans une trentaine de villes à travers les États-Unis hier soir suite à la mort de George Floyd à Minneapolis lors d’une arrestation policière brutale, et ce malgré l'arrestation du policier Derek Chauvin, accusé de meurtre au troisième degré et d'homicide involontaire.
Les manifestants réclament des accusations contre les trois autres policiers présents lors de l'intervention qui a coûté la vie à l'homme de 46 ans.
Dans la ville de Minneapolis même, ainsi qu’à Saint Paul, sa ville jumelle, le gouverneur de l’État du Minnesota, Tim Walz, a imposé un couvre-feu de 20 h à 6 h à compter de vendredi soir et pour toute la fin de semaine. Mais bon nombre de manifestants ont fait fi de cette mesure malgré les admonestations des policiers.

Le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, a imposé un couvre-feu à Minneapolis, ce qui n'a pas empêché les manifestations de se poursuivre au cours de la nuit.
Photo : The Associated Press / Julio Cortez
De nombreuses personnes se sont retrouvées devant le commissariat de police où travaillaient les quatre agents impliqués dans la mort de George Floyd, poste qui a d’ailleurs été incendié jeudi soir. Il s'agissait de la quatrième nuit d'émeutes consécutive dans la ville.
L'envoyé spécial de Radio-Canada, Jean-François Bélanger, explique que les manifestants se déplacent chaque soir vers un nouveau point de rassemblement. Les commissariats de police de Minneapolis sont habituellement les cibles de ses nouveaux lieux de rencontre.
Il a pu entrer dans le commissariat, où se trouvaient plusieurs manifestants, vendredi soir.

L'intérieur du commissariat saccagé où travaillait l’agent Derek Chauvin impliqué dans la mort de George Floyd. Sur le mur, on peut lire « Et maintenant, vous nous entendez? »
Photo : Radio-Canada / Jean-François Bélanger
Plus tôt dans la soirée, des manifestants ont affronté la police de l’État du Minnesota, qui montait la garde, dans un face-à-face pacifique de plusieurs heures. Certains manifestants ont fini par lancer des pavés aux policiers, qui ont répondu avec des gaz lacrymogènes peu de temps avant le début du couvre-feu.
D’autres manifestants se sont agenouillés devant les policiers en scandant notamment le nom de George Floyd, tandis que des centaines d'autres ont marché dans les rues de la ville en criant des slogans.

À Minneapolis, les manifestants ont poursuivi leur mouvement de protestation pour la quatrième nuit d'affilée.
Photo : The Associated Press / Julio Cortez
Ailleurs aux États-Unis
Il n'y a pas qu'au Minnesota que la colère a monté d'un cran hier soir. Aux quatre coins des États-Unis, des manifestations en soutien à George Floyd se sont ajoutées à celle de Minneapolis.
En Géorgie, le gouverneur a d'ailleurs décrété l'état d'urgence tôt dans la nuit de samedi, des manifestations empreintes de violence ayant éclaté devant le siège social du groupe de télévision CNN la veille. Une voiture a été incendiée et plusieurs véhicules de police ainsi que les locaux de CNN ont vu leurs vitres brisées.

Le siège social de CNN à Atlanta a été au centre des manifestations dans la ville.
Photo : Reuters / DUSTIN CHAMBERS
Pendant ce temps, sur la côte Pacifique du pays, des manifestants ont tenté de bloquer l’autoroute 101 à San Jose, en Californie. Des agents de la California Highway Patrol ont été atteints par des projectiles. Des véhicules ont aussi été vandalisés et une partie de l'autoroute 101 a été fermée.
De plus, des agents fédéraux du département de la Sécurité intérieure qui protégeait un bâtiment gouvernemental à Oakland ont été atteints par balle. L'un des deux a succombé à ses blessures. Selon la police locale, il y avait plus de 7000 manifestants dans les rues vendredi soir.

Un rassemblement pacifique a eu lieu à Portland en Oregon avant que la situation ne dégénère.
Photo : The Associated Press / Mark Graves
Plus au nord, à Portland, en Oregon, des manifestants ont quant à eux déclenché un incendie dans le quartier général de police. Un rassemblement pacifique avait eu lieu plus tôt en soirée dans un parc de la ville.

À Washington, une centaine de manifestants ont convergé vers la Maison-Blanche vendredi soir en soutien à George Floyd.
Photo : AFP / ERIC BARADAT
Dans la capitale américaine, Washington, la Maison-Blanche a même dû être mise en confinement pendant près de 45 minutes en soirée à l’approche de centaines de protestataires, qui se sont finalement rendus sur la colline du Capitole, tandis qu'à New York, les manifestants et la police se sont affrontés dans divers incidents vendredi soir devant le Centre Barclays.
La situation a été également tendue dans la région de Détroit, où un manifestant de 19 ans a été tué par balle par un individu qui a foncé dans la foule au volant d'une voiture de sport et a ouvert le feu avant de prendre la fuite, selon plusieurs médias locaux.

Des affrontements entre policiers et manifestants ont eu lieu devant le Centre Barclays, à New York.
Photo : Getty Images / Angela Weiss
En revanche, les protestations se sont déroulées de façon plus calme à Houston. Des centaines de personnes ont marché jusqu’à l’hôtel de ville pour demander justice pour George Floyd.
Trump atténue ses propos
Donald Trump a de son côté cherché à atténuer les propos controversés qu'il a tenus sur Twitter, où il a déclaré que « quand les pillages commencent, les tirs commencent aussi », disant « comprendre la douleur » de la famille de George Floyd, avec laquelle il s'est entretenu.
« La famille de George a droit à la justice. Les habitants du Minnesota ont droit à la sécurité », a déclaré le président des États-Unis.
« Les émeutiers ne devraient pas être autorisés à noyer les voix des nombreux manifestants pacifiques. Je comprends la souffrance, je comprends la douleur », a-t-il ajouté.
Le candidat à l'investiture démocrate, Joe Biden, a joint sa voix aux critiques contre les propos « incendiaires » tenus par Donald Trump sur Twitter.
« Ce n'est pas le moment d'écrire des tweets incendiaires. Ce n'est pas le moment d'inciter à la violence », a écrit l'ancien vice-président de Barack Obama sur les réseaux sociaux.
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Avec les informations de CNN, Associated Press et Reuters