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Mort de George Floyd : un policier accusé de meurtre

Un groupe de manifestants entouré de militaires, dont deux brandissent des pancartes où l'on peut lire « Arrêtez la suprématie blanche » et « Un renvoi, ce n'est pas de la justice ».

Des manifestants demandent que cesse la « suprématie blanche » après la mort de George Floyd.

Photo : Radio-Canada / Jean-François Bélanger

Radio-Canada

Suite au décès de George Floyd, un homme noir de 46 ans tué lundi dans la ville de Minneapolis lors d’une arrestation brutale, un policier a été arrêté et est accusé de meurtre au troisième degré et d'homicide involontaire.

Le procureur du comté de Hennepin, Mike Freeman, a déclaré vendredi que d'autres accusations pourraient encore s'ajouter à celles auxquelles le policier Derek Chauvin fait déjà face.

C'est ce policier qui a été aperçu dans une vidéo de plus de sept minutes en train de plaquer George Floyd au sol avec son genou, qu'il applique sur le cou de l'homme interpellé pour un délit mineur. Après avoir signalé à plusieurs reprises qu'il peinait à respirer, George Floyd cesse de bouger et semble perdre connaissance. Il est mort plus tard à l'hôpital.

Un policier est accroupi à genou sur le cou d'un homme noir, plaqué au sol, en pleine rue.

Capture d'écran tirée de la vidéo virale dans laquelle on voit le policier Derek Chauvin immobilisant George Floyd avec un genou sur son cou.

Photo : Associated Press / Darnella Frazier

Selon l'acte d'accusation, cité par le Star Tribune, le policier aurait maintenu son genou sur le cou de M. Floyd pendant un total de 8 minutes 46 secondes, [dont] 2 minutes 53 secondes [pendant lesquelles] M. Floyd était inerte.

Derek Chauvin et trois de ses collègues avaient déjà été limogés, mais sans aucune inculpation.

Une autre vidéo diffusée vendredi, notamment par le réseau CNN, semble montrer que trois des quatre policiers ont participé à l'immobilisation de George Floyd.

La mort de l’homme noir de 46 ans a provoqué l’indignation de centaines de personnes, qui manifestent depuis pour dénoncer l’injustice et la discrimination de la police.

Juste avant l'annonce de l'arrestation de Derek Chauvin, le gouverneur du Minnesota, Tom Walz, a reconnu l'échec abject de la réponse aux manifestations de cette semaine et a appelé la justice à agir rapidement dans ce dossier.

Il a promis de faire le point sur les inégalités raciales à l'origine des troubles, mais a déclaré que la Garde nationale de l'État s'efforcerait d'abord de rétablir l'ordre après trois nuits d'incendies criminels, de pillage et de vandalisme à Minneapolis.

Nous devons rétablir l'ordre dans notre société avant de pouvoir commencer à traiter ce problème.

Une citation de Tim Walz, Le gouverneur du Minnesota

Un couvre-feu est en vigueur à Minneapolis, de 20 h à 6 h, à compter de vendredi soir et pour toute la fin de semaine.

Quelque 500 soldats de la Garde nationale de l'État du Minnesota ont été déployés vendredi matin pour rétablir le calme à Minneapolis.

Une troisième nuit de violence

Des manifestants près d’une voiture en feu.

Analyse de Donald Cuccioletta et de Rafael Jacob

Photo : Getty Images / KEREM YUCEL

Jeudi soir, des manifestants ont mis le feu au poste de police où travaillaient les quatre agents impliqués dans la mort de George Floyd.

Des manifestants sont entrés à l'intérieur d'un commissariat de police, les alarmes d'incendie ont retenti, des gicleurs se sont mis en marche et le bâtiment s'est enflammé. Le corps policier a confirmé dans un communiqué que son personnel avait évacué le bâtiment vers 22 h.

Les manifestations avaient auparavant été majoritairement pacifiques, avec des foules contenues par des chaînes de policiers en uniforme.

Mais il y a eu des heurts, avec le pillage d'une trentaine de magasins, des incendies et l'usage de gaz lacrymogène par la police dans le secteur du poste de police où travaillent les policiers mis en cause.

Des manifestants se sont rassemblés ailleurs aux États-Unis, notamment à Denver, au Colorado, à New York, à Phoenix, en Arizona, et à Columbus, en Ohio.

Trump accusé de faire « l’apologie de la violence »

Dans un nouveau tweet, Donald Trump a voulu préciser son polémique message Viens juste de parler au gouverneur Tim Walz et lui ai dit que l'armée est à ses côtés tout du long. Quand les pillages démarrent, les tirs commencent. Ce tweet du président américain avait été mis en ligne dans la nuit de jeudi à vendredi en réaction aux émeutes de Minneapolis. Twitter l’a ensuite étiqueté comme faisant la glorification de la violence.

Vendredi, Donald Trump a écrit que Le pillage mène aux tirs, et c'est pourquoi un homme a été abattu à Minneapolis mercredi soir. Je ne veux pas que cela arrive, et c'est ce que signifie l'expression utilisée hier soir, ajoutant que cette expression parlait de faits et qu’il ne fallait pas prendre sa phrase comme une déclaration personnelle.

C'est très simple, personne ne devrait avoir de problème avec cela, à part les gens haineux et ceux qui cherchent à causer des problèmes sur les médias sociaux. Honorez la mémoire de George Floyd!, a-t-il conclu.

Par ailleurs, lors de la conférence de presse qu’il a donnée peu de temps après la publication de son tweet, vendredi, Donald Trump n’a fait aucune allusion à cette affaire ni aux troubles ayant lieu à Minneapolis. Les quelques minutes de son discours ont plutôt porté sur les récriminations qu’il a contre la Chine. Il a aussi annoncé que les États-Unis mettaient fin à leur relation avec l'Organisation mondiale de la santé.

Plus tard, le président a dit avoir parlé avec la famille de George Floyd. La famille de George a droit à la justice, a-t-il déclaré, en ajoutant cependant que les habitants du Minnesota ont droit à la sécurité.

Pour sa part, dans un discours diffusé en direct à la télévision et sur les réseaux sociaux vendredi, le candidat démocrate à la Maison-Blanche, Joe Biden, a affirmé que les États-Unis devaient mettre fin au racisme systémique, une grande plaie ouverte, selon lui.

Ce n’est pas le moment d'écrire des tweets incendiaires qui encouragent la violence, a-t-il ajouté en visant le président Trump, sans le citer.

Il s’agit d’une crise nationale et nous avons besoin d’un véritable leadership rassembleur pour mettre fin au racisme systémique.

Une citation de Joe Biden

Dans un premier message sur Twitter jeudi soir, Donald Trump a aussi affirmé : Je ne peux pas m'asseoir et regarder ce qui arrive à une grande ville américaine, Minneapolis. Un manque total de leadership. Soit le pauvre maire radical de gauche Jacob Frey se ressaisit et maîtrise la situation, soit j'envoie la garde nationale et elle fera le travail comme il faut.

Sur Twitter, Joe Biden a de plus accusé le président américain d’appeler à la violence contre les citoyens dans un moment de douleur pour tant de personnes. Je suis furieux, et vous devriez l'être aussi.

L'ancien président Barack Obama a de son côté dénoncé la mort de George Floyd, affirmant que son décès ne devrait pas être considéré comme "normal" aux États-Unis.

Si nous voulons que nos enfants grandissent dans un pays qui est à la hauteur de ses idéaux les plus grands, nous pouvons et devons faire mieux, a-t-il ajouté dans un communiqué.

Un journaliste de CNN brièvement arrêté

Un homme masqué menotté par deux policiers

Omar Jiminez lors de son arrestation.

Photo : CNN

Un journaliste de CNN et son équipe de tournage ont été libérés après avoir été brièvement arrêtés en direct à la télé par la police, tôt vendredi matin, alors qu'ils couvraient les manifestations à Minneapolis.

Le reporter noir Omar Jiminez venait de montrer un manifestant en train d'être arrêté lorsqu'une demi-douzaine de policiers blancs l'ont encerclé, rapporte Reuters.

Nous pouvons tourner de là où vous voulez, a dit Omar Jiminez aux policiers, leur expliquant clairement que lui et son équipe étaient des membres de la presse et prêts à se déplacer, s'ils le désiraient.

La caméra tournait toujours lorsque deux policiers se sont saisis de son micro pour lui passer des menottes.

Pourquoi suis-je en état d'arrestation?, demande alors le journaliste avant que ses collègues soient à leur tour arrêtés et la caméra saisie.

CNN a aussitôt confirmé l’arrestation des membres de son équipe de production pour avoir fait leur travail.

Pour CNN, il s’agit d’une violation évidente de leurs droits au titre du premier amendement.

Les autorités du Minnesota, y compris le gouverneur, doivent libérer les trois employés de CNN immédiatement.

Une citation de Communiqué de CNN

Le gouverneur présente ses excuses

Le gouvernement du Minnesota Tim Walz .

Le gouvernement du Minnesota, Tim Walz, lors d'une conférence de presse vendredi.

Photo : Associated Press / Glen Stubbe

Les trois membres de l'équipe ont été relâchés et le gouverneur Walz a présenté ses plates excuses au président de CNN.

Le gouverneur a qualifié d'inacceptable l'interpellation des journalistes, a ajouté CNN.

Peu après avoir été relâché, Omar Jimenez est revenu sur son arrestation en expliquant que tout le monde a été assez courtois après ce qui est arrivé.

Il n'y avait pas d'animosité, ils n'ont pas été violents envers moi.

Une citation de Omar Jimenez, journaliste à CNN

Ces gens sont à cran, a-t-il ajouté, évoquant de la confusion.

Un traitement différent pour un autre journaliste

Josh Campell, aussi de CNN, qui était également dans la zone, mais ne se trouvait pas avec l'équipe à l'antenne, a déclaré que lui aussi avait été approché par la police, mais qu'il avait été autorisé à rester.

Je me suis identifié ... ils m'ont dit : "OK, vous êtes autorisé à être dans la zone", a raconté M. Campbell, qui est blanc. J'ai été traité bien différemment de [Jimenez], a-t-il dit.

Le candidat démocrate à la Maison-Blanche a réagi sur son compte Twitter en insistant sur le caractère discriminatoire de l’arrestation du journaliste de CNN.

Ce n'est pas abstrait : un reporter noir a été arrêté ce matin alors qu'il faisait son travail, tandis que le policier blanc qui a tué George Floyd est toujours en liberté, a-t-il écrit.

Deux hommes, dont l'un porte un masque et tient une pancarte près d'un véhicule en feu.

Un homme portant un masque tient une pancarte près d'un véhicule en feu dans le stationnement d'un magasin Target lors de manifestations à Minneapolis.

Photo : Reuters / Carlos Barria

Les Canadiens profondément affectés, dit Trudeau

Les Canadiens sont profondément affectés par ce que nous voyons aux informations ces deux derniers jours [à Minneapolis], a déclaré le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, lors d’un point de presse vendredi.

Même si cela se passe aux États-Unis, a rappelé M. Trudeau, au Canada, on n’est pas sans vivre du racisme, la discrimination, et nous devons faire mieux [pour lutter contre] le racisme anti-Noir. Que ce soit du racisme anti-Asiatique, que ce soit la discrimination systémique, nous avons du travail à faire ici.

Avec les informations de Reuters, Agence France-Presse et Associated Press

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