Manque de places en garderie : la COVID-19 exacerbe le problème dans la Baie-des-Chaleurs

Des enfants jouent avec des casse-têtes en mousse.
Photo : iStock
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Au moins neuf services de garde privés et publics ont fermé leurs portes temporairement ou définitivement au cours des dernières semaines dans les MRC de Bonaventure et d'Avignon. La plupart l'ont fait dans la foulée de la pandémie.
Au Centre de la petite enfance (CPE) Aux Joyeux Marmots, qui couvre le territoire des Plateaux jusqu'à Maria, deux services de garde de Matapédia et Carleton-sur-Mer ont fermé définitivement leurs portes depuis mars. Une de ces fermetures était planifiée avant la crise, mais l’autre non.
Trois autres responsables de garde ont suspendu leur service pour une période indéterminée en raison des risques liés à leur santé ou à celle de leur proche en période de pandémie.
La directrice générale du bureau coordonnateur du CPE
Aux Joyeux Marmots, Karine Pelland, note que la pandémie ne fait qu'aggraver la situation qui était déjà problématique.Avant la crise, c’était déjà un casse-tête pour plusieurs parents, dit-elle. Par le nombre d’appels qu’on peut recevoir, on était à même de constater qu’il y avait vraiment un problème de déficit de places.
« C’est certain que la situation actuelle n’aura pas aidé. Ça ne peut pas s’être amélioré, on en a moins qu’on en avait. Il y a un grand besoin de places additionnelles. »
Au CPE
de la Baie, qui couvre le secteur de Maria à Saint-Godefroi, la directrice générale, Julie Dalpé, rapporte une fermeture définitive et deux fermetures temporaires depuis la mi-mars.Par ailleurs, au moins un service de garde non subventionné en milieu familial a aussi fermé ses portes définitivement dans la région.
La présidente de l’Association québécoise des milieux familiaux éducatifs privés ne peut confirmer le nombre exact de fermetures définitives ou temporaires dans la région, mais soutient que la pandémie a un impact « très négatif ».
« Nous savons qu'au niveau national, à la suite d'un sondage auprès de 1500 responsables ,45 % des membres ont fermé temporairement et 15 % de nos membres ne rouvriront pas leur porte. »
Alors que seulement une fraction des enfants peut être accueillie dans les services de garde d’ici le 22 juin en raison des mesures de distanciation physique, Mme Forget Bélec explique que Québec ne comble pas le manque à gagner des responsables de garde en milieux privés.
Le ratio étant à quatre enfants sur six, explique Mme Forget Bélec, elles ne peuvent survivre financièrement. À quatre enfants, on ne peut pas parler de rentabilité. Ce sont des pertes financières.
Des parents cherchent des places
Les parents nouvellois Carl Caissy et Ghislain Brière se retrouvent sans service de garde pour leur fils Valentin. La responsable de la garderie privée que fréquentait leur enfant a choisi de ne pas rouvrir ses portes, dans la foulée de la pandémie.
En étant deux travailleurs autonomes, explique M. Caissy, ça nous cause plein de questionnements.
Les recherches pour trouver un nouveau milieu de garde s'annoncent difficiles.
« On a fait des appels, mais les CPE sont déjà pleins. Des fois, on nous répond qu’il y a des places seulement en septembre 2021. »
Depuis novembre, Josée Belzile, une maman de Nouvelle, a multiplié les appels pour trouver une place en garderie, entre Carleton-sur-Mer et Pointe-à-la-Croix, pour son fils de trois ans. Elle a finalement trouvé une place, libre à partir du mois d'août. Durant les derniers mois, son conjoint et elle ont été contraints de prendre des congés sans solde pour s’occuper de leur enfant.
Actuellement, explique-t-elle, il fréquente une garderie une journée par semaine. La place m'a été cédée par une maman en congé de maternité qui garde ses enfants à la maison. Comme je travaille dans un service essentiel et papa aussi, on a la chance d’avoir de la place temporairement pour les autres jours en raison de la crise, mais aussitôt que les parents qui étaient là précédemment vont retourner au travail, on ne sait pas si on va avoir une place.
« C’est beaucoup d’angoisse et un manque à gagner financier. »
Responsables de garde en milieu familial recherchés
Plus de 100 places en milieu familial ne sont pas octroyées par les CPE
de la Baie et des Joyeux Marmots, faute de requérants pour offrir ce service à la maison.On manque de candidates, résume Karine Pelland. On a des places à donner en milieu familial. Il y a quelques années, on avait 55 responsables de service de garde. On est à moins de 40 en ce moment. C’est sûr et certain qu’on pourrait reconnaître une dizaine de services sans problème au CPE Aux Joyeux Marmots.
Selon Karine Pelland, la mise sur pied d’un service de garde en milieu familial peut se faire en « quelques mois », contrairement à un agrandissement en installation.
Pour agrandir une installation, dit-elle, ça prend au-delà de deux ans avant de voir le jour, mais le besoin de garde dans notre région est immédiat.
« Pour nous en ce moment, c’est vraiment des requérantes en milieu familial qui seraient la clé d’un succès rapide pour avoir plus de places pour les parents qui cherchent actuellement. »
À la fin de l’hiver, le CPE
aux Joyeux Marmots a reçu l’aval pour aller de l’avant pour un projet d’agrandissement de 13 nouvelles places dans son installation de Carleton-sur-Mer, mais le montage financier n’est pas encore ficelé. La réalisation du projet ne se fera pas à court terme, alors que 70 enfants figurent actuellement sur la liste d’attente de l’installation.En octobre dernier, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a annoncé le financement pour agrandir les installations de Maria, de New Richmond et de Bonaventure et ainsi créer 69 nouvelles places en garderie, mais celles-ci ne seront pas accessibles avant plusieurs mois encore.
Un nouveau service de garde en milieu familial ouvrira ses portes à Maria en juin, mais, selon Karine Pelland, les neuf places sont déjà réservées.