Devenir parents pendant la pandémie

Trois couples ont vécu leur première expérience de parents en temps de pandémie.
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
De nombreux couples en Colombie-Britannique sont devenus parents pendant la pandémie avec plusieurs défis en toile de fond. Trois couples nous font part de ce qu'ils ont vécu en pleine crise de la COVID-19.
Un accouchement rempli d’imprévus

La grossesse est une première expérience pour Léa.
Photo : Lea Grand
C’est le 23 mars au matin que Léa ressent ses premières contractions. L’accouchement de son premier enfant, la jeune maman comptait le vivre à l'Hôpital St. Paul de Vancouver, à quelques minutes de l’appartement qu’elle occupe avec son conjoint, Pablo.
Toutefois, c’est à l'Hôpital BC Women, situé plus loin, que le couple devra se diriger. La pandémie s’est installée dans la province, et les équipements de protection contre le virus ne sont pas encore disponibles à St. Paul pour les sages-femmes.
Sans voiture, le couple fait appel à un taxi. Une image restera gravée dans la mémoire de Léa.

Léa doit se rendre à l'hôpital BC Women en taxi.
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet
Le chauffeur avait un masque, ce qui est très bien. Il avait rajouté tout un panneau en plastique pour séparer son côté du côté passager.
Cependant, entourée de plastique, Léa a l’impression d'étouffer. Les contractions sont difficiles à supporter, et le chauffeur prend peur.
Il m’est arrivé de pousser quelques cris de douleur. Le chauffeur voulait nous laisser à un autre hôpital que celui où nous devions aller. Il a paniqué, il pensait que j’allais accoucher dans la voiture.

Les angoisses de la pandémie semblent loin lorsque Léa regarde le petit Mateo dans les bras de son père.
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet
Pablo réussit à convaincre le chauffeur de poursuivre sa route, et le couple arrive enfin à bon port.
À l'hôpital, on leur conseille de retourner à la maison, car le moment n’est pas encore venu pour Léa, dont les contractions sont encore espacées. Une option rapidement rejetée, pas question de reprendre un taxi pour le jeune couple.
C’était hors de question, après l’expérience que l’on venait de vivre.

Léa et son conjoint profitent de trois jours seuls à la maternité.
Photo : Radio-Canada / Lea Grand
Le petit Mateo naîtra finalement quelques heures plus tard, au grand bonheur de Léa et de Pablo, qui ont pu passer trois jours à la maternité.
La nouvelle maman se sent privilégiée d’avoir eu son conjoint à ses côtés, les autres visites à l’hôpital étant interdites.
J’ai apprécié le fait qu'on se retrouve dans cette intimité.
Les grands-mamans, venues d’Espagne et de l’île de la Réunion, ont pour leur part dû respecter la quarantaine et attendre sagement le retour à la maison de la petite famille pour rencontrer leur petit-fils.

Pablo, Lea, leur nouveau-né, Mateo, et Céllo.
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet
Avec plusieurs vols de retour annulés, la maman de Pablo restera au Canada deux mois au lieu des trois semaines prévues initialement.
Des visites médicales à distance
Julie et Boris sont les fiers parents de Marius, né le 4 mars, quelques semaines avant la fermeture des frontières. Martine, la maman de Boris, venue de France, est arrivée juste à temps pour leur prêter main-forte.

Julie, Boris, Martine et le petit Marius posent devant leur appartement à Vancouver.
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet
C’est à la mi-mars, lors de sa première visite médicale avec son nouveau-né, que Julie ressent le stress lié à la pandémie, car elle doit se rendre à la clinique en autobus.

Ce masque, fait par Anna, lui donne un sentiment de sécurité lorsqu'elle doit sortir de la maison.
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet
À son soulagement, elle prend toutefois place en compagnie de sa belle-mère, et armée de désinfectant, dans un autobus vide.
Une fois sur place, les deux femmes apprennent que les consultations se feront dorénavant au téléphone, pandémie oblige.
Une situation anxiogène pour la nouvelle maman.
Tu réponds aux questions [au téléphone], mais tu ne sais pas vraiment. Est-ce que ton bébé va vraiment bien? Est-ce que les réponses que tu donnes sont les bonnes? Est-ce que tu devrais t'inquiéter ou pas?

Julie, Boris et le petit Marius posent devant leur appartement à Vancouver.
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet

Julie pense souvent à sa famille. De petites pantoufles avec l’inscription « Papi d’amour » symbolisent la pandémie pour elle.
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet
Découvrir la maternité avec une aide médicale limitée, ce n’est pas facile, mais Julie s’estime chanceuse d’avoir eu l’aide de Martine. Celle-ci devait repartir il y a plusieurs semaines, mais comme pour beaucoup de voyageurs, la pandémie a retardé son départ.
Un accouchement, c’est pas rien. C’est stressant de devenir un nouvelle maman. Quand on est [bien] entouré, c’est génial
, dit cette dernière.
La famille : loin des yeux, mais pas du coeur
Après la naissance de leur fils, Arthur, le 18 février, Anna et Pierre n’ont pas eu la chance de recevoir la visite et l’aide de leurs parents, puisque les vols de ces derniers prévus en mars ont malheureusement été annulés en raison des bouleversements aériens engendrés par la crise.
Les contacts avec le nouveau venu dans la famille sont restés virtuels.

Anna, Pierre et leur nouveau-né, Arthur
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet

Depuis la naissance, Anna passe beaucoup de temps au téléphone avec sa famille.
Photo : Radio-Canada
Quand on demande à Anna un objet qui, pour elle, illustre la pandémie, elle montre son téléphone. Comme ils [les grands-parents] sont loin, je passe ma vie à appeler mes parents et ma soeur.
Des appels qui permettent de donner des nouvelles à la famille, restée en France. Ces proches, confinés durant plusieurs semaines dans leur pays, sont encore plus disponibles qu’en temps normal pour soutenir les jeunes parents. Une présence virtuelle, mais rassurante.
Les papas plus présents
Un avantage de la pandémie? Les parents sont unanimes : le télétravail.
Il permet à beaucoup de jeunes papas de profiter pleinement de cette expérience.

Anna, Pierre et leur nouveau-né Arthur
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet

Anna partage un peu d'espoir avec un arc-en-ciel « ça va bien aller ».
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet
C’est comme si j'étais encore un peu en congé de paternité parce que je travaille de la chambre, confie Pierre. Ça nous rapproche, cela me permet de le voir [Arthur] beaucoup plus.
Même si je n’ai pas besoin de lui [le papa], je sais qu’il est à côté, ajoute Anne. C’est super rassurant.
On mange ensemble tous les midis, dit Julie. C’est positif pour nous et pour lui.
On se concentre ensemble sur cette nouvelle étape, raconte Léa. Avoir un nouveau-né, prendre le temps de s’en occuper, c’est peut-être un des meilleurs moments.