Trois aînés fransaskois témoignent de ce qu'ils vivent en confinement

Trois aînés fransaskois témoignent de la façon dont ils vivent leur confinement en raison de la COVID-19 depuis deux mois. De gauche à droite: Jacques Proulx, Yvonne Bisson et Anita Begrand.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
De nombreuses personnes âgées ont été forcées de vivre complètement isolées depuis la mise en place des mesures de confinement pour lutter contre la COVID-19. Selon les personnes, cette nouvelle réalité solitaire peut s’avérer simple ou pénible. Trois aînés fransaskois témoignent de la façon dont ils ont été touchés par ce changement profond et spectaculaire.
Isolée de sa famille
Isolée.
C’est le mot qu’emploie Anita Begrand, une grand-mère de 91 ans, pour décrire comment elle se sent depuis deux mois.
Les journées sont longues parce que c’est bien beau de regarder la télévision, mais il y a une limite.
Anita Begrand vit seule dans son appartement à Prince Albert depuis le décès de son mari, il y a un an. Elle sort toujours quelques fois par semaine, soit pour aller rendre visite à son fils, tout en respectant la distance physique, soit pour aller faire ses courses.
Elle se sent malgré tout profondément isolée d’une partie de sa famille.

Anita Begrand trouve que les journées sont longues, seule dans son appartement.
Photo : Radio-Canada
Parce qu’il y a ce virus, mes petits-enfants ne viennent pas. Ils habitent à la campagne et veulent garder leurs distances. Je les comprends
, explique-t-elle.
Son fils lui rend visite plusieurs fois par semaine. Il ne peut cependant pas entrer dans la maison. Anita Begrand s’installe donc sur son balcon pour lui parler.
J’ai des périodes où je me sens déprimée. [...] Je crois que c’est en raison de l’incertitude par rapport à ce que l’avenir [nous réserve]
, dit-elle.
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Des projets pour se garder occupée
De son côté, Yvonne Bisson affirme qu’elle ne pourrait pas être plus heureuse de son temps en quarantaine.
Pour moi, ça a été très bien. Je pourrais quasiment dire fantastique
, déclare-t-elle.
La septuagénaire de Prince Albert mène de front plusieurs passe-temps et projets quotidiens. Cet isolement forcé lui a donné l’occasion de s’y attarder à fond.

Yvonne Bisson, une septuagénaire de Prince Albert, passe ses journées à faire toute sorte d'activités, dont la couture et le jardinage.
Photo : Fournie par Yvonne Bisson
Yvonne Bisson en profite notamment pour travailler dans sa cour et faire de la couture. Elle s’occupe aussi de la comptabilité pour l’entreprise de sa fille.
De temps en temps, elle se sent un peu seule. Toutefois, forte de sa grande liste de projets, Mme Bisson vainc ce sentiment plutôt rapidement.
Des projets? J’en aurai pour toujours! Je veux aussi faire de la peinture [sur tableau] de photos et de scènes. En deux mois, je n’ai toujours pas eu le temps d’y toucher!
Le temps de se reposer
Jacques Proulx voit dans le confinement imposé par la COVID-19 l’occasion de se reposer un peu en attendant que l’ouvrage [reprenne son cours]
.
Le septuagénaire a profité de son temps pour faire le tri de ses souvenirs accumulés au fil des années. Il compte présenter ce travail à ses enfants cet été, lors d'une soirée.
Ça me donne une chance de rassembler des souvenirs que j’avais plus ou moins oubliés. Puis, ça fait une belle histoire parce que mes enfants ne croyaient pas que j’avais gardé des portraits [de certains moments de ma vie].
L’entrepreneur de La Ronge savoure son moment seul : Cela me donne la chance de me reposer et de rassembler mes pensées.
Il en profite aussi pour s’amuser avec ses « jouets », dont un motoquad et une chargeuse sur roues.
Ce sont [pour moi] de belles vacances et ça m’aide beaucoup
, conclut-il.

Jacques Proulx profite de son temps seul pour se reposer et pour faire le tri de ses souvenirs accumulés au fil du temps.
Photo : Radio-Canada
Une situation plus difficile pour certains
Selon le président de la Fédération des aînés fransaskois, Michel Vézina, les circonstances uniques de chaque aîné ont des répercussions sur la façon dont ils vivent leur confinement.
Une première différence peut être observée entre l'isolement dans les petites communautés et les plus grandes villes.
Selon lui, les aînés qui vivent dans une maison à Gravelbourg, par exemple, ont quand même de l’espace pour sortir. Au contraire, ceux qui vivent dans les plus grandes villes comme Regina et Saskatoon, où les contacts sont très étroits entre les gens
, pourraient hésiter davantage à prendre l’air.
Michel Vézina dit aussi que la solitude est plus profonde chez les aînés dans les foyers de soins.
Le fait d’avoir très peu de contacts humains ou de contact avec les gens qui prennent soin de vous, mais qui sont actuellement équipés comme des cosmonautes, où on les reconnaît à peine [ajoute] une mesure d’insécurité.
Une solution à la solitude? Un horaire bien chargé
Tim Leis, un psychologue de Saskatoon, croit qu’une façon d’atténuer ce sentiment de solitude serait de se préparer un calendrier et des objectifs quotidiens
.
Ça va nous aider à nous focaliser sur un avenir [sur lequel] on a un peu de contrôle, plutôt que de se laisser exposer sans cesse à ces inconnus qui font partie de la situation actuelle
, affirme-t-il.
Il mentionne notamment des contacts quotidiens avec ses proches, une saine alimentation, de l’exercice, de la musique ainsi que de la lecture.