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Des asperges du Québec à la poubelle, faute de main-d’oeuvre

Des asperges dans un champ.

Le reportage de Marie-Michelle Lauzon

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Au Québec, l’effet de domino de la pandémie chez les producteurs agricoles fait ses premières victimes. La saison des asperges s’annonce catastrophique. Faute de main-d’oeuvre étrangère expérimentée, une partie des champs sera détruite, même si, de leur côté, les consommateurs répondent à l’appel et achètent des produits locaux.

Dans les champs de Mario Rondeau, à Saint-Thomas-de-Joliette, les asperges se dressent par milliers, prêtes à être récoltées. Des travailleurs agricoles mexicains s’affairent à la tâche, mais ils ne sont que 11 cette année. Normalement, le producteur peut compter sur 23 récolteurs étrangers expérimentés qui connaissent bien le travail.

« Depuis quatre jours, on ne dort pas. On veut en faire le plus possible pour sauver ça.  »

— Une citation de  Mario Rondeau, propriétaire d’Asperges Primera

Les asperges ont poussé vite et ils n’ont pas réussi à garder le rythme. Pour la première fois en 13 ans, faute de personnel, Mario Rondeau va faucher une partie de ses terres et jeter des milliers de kilos d’asperges. Il devra se contenter d’une récolte coupée de moitié comparativement à la quantité normale.

Moi je suis le capitaine du Titanic, pis là il coule , lâche Mario Rondeau.

Mario Rondeau dans son champ.

Mario Rondeau jettera des milliers de kilos d'asperges, faute d'avoir pu les récolter à temps.

Photo : Radio-Canada

La saison des asperges s’étend du début mai au 24 juin, environ. Une aide plus tardive ne permettra pas de sauver la saison.

Aide fédérale : trop peu, trop tard

Ottawa a annoncé au début de mai une série de mesures pour aider le secteur agroalimentaire, à hauteur de 252 millions de dollars, mais cette aide arrive trop tard pour M. Rondeau.

Quand on veut s'inscrire, il faut mettre des preuves à l’appui, des factures. Moi mon temps il faut que je le passe dans le champ. Je n’ai pas le temps de jouer dans mon bureau et de commencer à remplir la paperasse , explique-t-il.

« C'est incroyable! Le dégât est là puis il faut encore de la paperasse pis de la paperasse. C'est insupportable!  »

— Une citation de  Mario Rondeau, propriétaire d’Asperges Primera

Mario Rondeau n’est pas le seul producteur d’asperges dans ce bateau. Stéphane Roy, président de la Ferme LMR à Saint-Liguori, dans Lanaudière, estime qu’il perd environ 30 % de ses récoltes présentement. Lui aussi fauchera un de ses champs – une première depuis 1986 – pour permettre à la plante de produire une nouvelle pousse dans cinq jours.

Je me sens comme un funambule avec une arrivée à l'autre bout qui est l'automne, on se promène sur un fil et on se demande si on va arriver à l'autre bout sans tomber , indique M. Roy.

Stéphane Roy dans un champ d'asperges.

Stéphane Roy a 30 hectares d'asperges.

Photo : Radio-Canada

Stéphane Roy a actuellement 19 travailleurs étrangers dans ses champs, pendant que d’autres travailleurs étrangers terminent leur quarantaine. Habituellement, il engage une quarantaine de travailleurs étrangers et, pour les pics de production, il fait appel au programme Agrijob et accueille des ressources supplémentaires recrutées à Montréal. Or, avec la situation problématique que vit Montréal avec la COVID-19, le producteur est plus froid à l’idée de recruter dans la métropole.

La croissance très rapide des asperges, combinée à la pénurie de travailleurs étrangers, qui n’ont pas pu se rendre à cause de la pandémie, frappe fort et la main-d’oeuvre locale n’a pas la motivation pour prendre la relève.

L’incitatif financier de 100 $ par semaine offert par la province pour encourager les sans-emploi à travailler dans les fermes du Québec a aidé, selon M. Rondeau , mais la Prestation canadienne d'urgence (PCU) et l’aide fédérale versée aux étudiants n’incitent en rien la relève locale.

Avec les informations de Marie-Michelle Lauzon

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