Tenté par une balade en forêt pour échapper au confinement? Gare à la maladie de Lyme!

Une tique gorgée de sang.
Photo : iStock
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Plusieurs régions de l’Ontario et du Québec sont touchées par une prolifération de tiques, des parasites qui peuvent transmettre la maladie de Lyme et d’autres infections à l’humain.
Alors que le beau temps est de retour et que les gouvernements relâchent pas à pas les mesures limitant les déplacements sur le territoire, la tentation de profiter du plein air est plus grande que jamais, après deux mois passés entre quatre murs.
Mais dans plusieurs régions au pays, en se sauvant de la COVID-19, les randonneurs risquent de faire la rencontre d’une autre maladie qui progresse en Amérique du Nord.

Les tiques sont le vecteur le plus important de la maladie de Lyme.
Photo : Université d'Ottawa
Depuis 10 ans, les tiques porteuses de la bactérie Borrelia burgdorferi, qui cause la maladie de Lyme chez les humains, ont connu une importante progression territoriale dans le sud des provinces canadiennes.
Les contacts et les contaminations sont de plus en plus fréquents.
À titre d’exemple, en 2009, les autorités de santé publique de l’Ontario ont signalé 89 cas de maladie de Lyme à travers la province. En 2019, ce nombre est passé à 1133, un sommet.
En 2017, le Canada a signalé 2025 cas de cette maladie, en 2018, le total a chuté à 1487 cas. Les données de 2019 ne sont toujours pas disponibles.
Selon la candidate à la maîtrise en biologie à l’Université Queen’s Émilie Norris-Roozmon, la maladie de Lyme est transmise aux humains lorsqu’une tique infectée va mordre et injecter des bactéries dans le sang de la personne.
Des régions plus touchées que les autres
Les provinces les plus touchées au pays sont l’Ontario, qui comptait le deux tiers des cas au pays en 2017, la Nouvelle-Écosse, qui a déclaré toute la province à risque au cours de la même année, et le Nouveau-Brunswick, qui a déclaré la moitié de ses régions à risque.
Émilie Norris-Roozmon explique que 88 % des cas de maladie de Lyme au pays proviennent de l’Ontario, du Québec ou de la Nouvelle-Écosse.
Du côté du Québec, l’Institut national de santé publique (INSPQ) a identifié plusieurs régions qui comptent de nombreuses zones à risque. La Montérégie, l’Estrie, la région de Gatineau et le centre du Québec possèdent tous au moins une zone considérée comme à risque élevé par la santé publique.
En Ontario, plusieurs directions régionales de santé publique du sud et du sud-ouest de la province signalent des dizaines de contaminations par la maladie de Lyme chaque année.

Les zones considérées à risque pour la maladie de Lyme en Ontario en 2019
Photo : Santé publique Ontario
En général, les régions du sud des provinces sont plus touchées par la maladie, en raison de leur proximité avec les États américains de New York, du Maine, du Vermont et du New Hampshire, quatre territoires fortement touchés, selon le Centre américain de contrôle des maladies (CDC).
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Des cas de maladie de Lyme transmise localement par des tiques ont été observés dans toutes les provinces, selon Santé Canada. D'après Émilie Norris-Roozmon, les changements climatiques pourraient influencer la progression de la maladie vers le nord en raison du réchauffement du climat.
Pour éviter une morsure de tique, selon Mme Norris-Roozmon, la meilleure manière de se protéger sont les vêtements longs, les chaussures fermées et les chasse-insectes qui contiennent du DEET
.
Difficile d'avoir un bon diagnostic
Les symptômes liés à la maladie de Lyme ne sont pas faciles à identifier pour les médecins.
Mme Norris-Roozmon explique qu’au début de l’infection, ils peuvent s’apparenter à ceux d'une grippe, mais que des conséquences plus graves peuvent survenir si la maladie reste non traitée.
Selon le site web de Santé Canada, les symptômes plus graves peuvent inclure des maux de tête sévères, la paralysie faciale, des douleurs intermittentes musculaires, aux os, aux articulations et aux tendons.

Une tique infectée transmet la bactérie en piquant.
Photo : iStock
Des troubles cardiaques et neurologiques font aussi partie des symptômes, selon l'agence gouvernementale.
Mme Norris-Roozmon estime que de nombreux faux positifs et de faux négatifs existent dans le dépistage de la maladie de Lyme
, ce qui fait en sorte que la maladie est difficile à bien diagnostiquer.
C’est pourquoi elle et son équipe ont lancé un sondage (Nouvelle fenêtre) visant à favoriser la collaboration entre le public et les scientifiques pour mener à une meilleure prise de décision dans les politiques publiques de dépistage des maladies issues des morsures de tiques.
En demandant aux personnes qui ont été en contact avec ces insectes de faire part de leur expérience au système de santé, Mme Norris-Roosmon espère avoir un meilleur portrait de la situation en Ontario et déterminer si elles ont reçu un bon diagnostic.
Elle rappelle que des personnes ont attendu des mois avant que la maladie de Lyme soit détectée, devant parfois recevoir de mauvais diagnostics comme de la fibromyalgie
, avant de finalement recevoir la bonne évaluation.