Les entreprises abandonneront-elles les tours de bureaux après la pandémie?
Dans le centre-ville des grandes métropoles, comme Toronto, Montréal et Vancouver, les tours de bureaux seront-elles abandonnées?
Photo : CBC / Talia Ricci
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La crise de la COVID-19 force de nombreux locataires commerciaux à réfléchir à la taille des locaux qu’ils occupent, alors qu’un plus grand nombre d’employés travaillent de la maison.
Le retour au travail serait un cauchemar
dans les gratte-ciel, selon Glenn Gardner, un courtier de la firme immobilière Avison Young, qui travaille en plein coeur du centre-ville de Vancouver.
Dans son édifice, qui contient plus de 50 000 mètres carrés de bureaux, seules deux personnes peuvent monter dans un ascenseur à la fois.
« On peut attendre l'ascenseur très longtemps. »
Réduire son empreinte physique
Certaines compagnies choisissent d’imposer une cure minceur à leurs bureaux. C’est le cas notamment de la plus importante compagnie de logiciels au pays, OpenText, qui fermera la moitié de ses bureaux, situés à Waterloo, en Ontario. Une partie de son personnel restera en télétravail après le déconfinement.
Facebook et Shopify, une compagnie d’Ottawa spécialisée en solutions de paiement en ligne, ont toutes les deux annoncé jeudi qu’un nombre important d’employés continueraient de travailler de la maison lorsque la pandémie s'essoufflera. Les deux entreprises évaluent leurs besoins en matière de locaux.
Julien Gérémie, directeur général du Conseil de la coopération de l’Ontario, qui a sept bureaux à travers la province, envisage un retour facultatif de ses employés. Mais se départir de locaux, bien que ça puisse réduire les coûts, n’est pas une solution miracle, selon lui.
« C'est pas tout le monde qui a le même accès Internet à la maison. C'est pas tout le monde qui a la chance d'avoir une maison calme. »
Je comprends la réalité des gens chez eux, avec des enfants, et cetera, c'est quelque chose qui, sur le long terme, peut nuire à la productivité d'une organisation
, ajoute-t-il.
S’installer en banlieue
La crise actuelle pourrait pousser certaines entreprises à déménager dans les banlieues, selon Ray Wong du groupe Altus, qui fournit des analyses statistiques au secteur de l’immobilier commercial.
C’est environ la moitié du coût des locaux au centre-ville et ça vous rapproche de certains employés, qui choisissent d’habiter en banlieue plutôt que dans des condos minuscules
, dit-il.
Par exemple, la ville de Vaughan, au nord de Toronto, connaît un boom.
La Municipalité a délivré 656 permis de construction résidentiels et commerciaux, d’une valeur de plus de 128 millions de dollars, au premier trimestre de 2020, selon le bureau du maire, Maurizio Bevilacqua.
Des entreprises comme KPMG, PwC Canada et Harley-Davidson ont ouvert des bureaux à Vaughan, attirées par sa population éduquée, sa proximité à un aéroport international et sa ligne de métro qui relie cette banlieue au centre-ville de Toronto.
Densification ou étalement urbain?
Mais ce ne sont pas tous les locataires commerciaux qui abandonneront le centre-ville, loin de là, estime Jon Love, de la firme d’investissement Kingsett Capital.
Vous n’avez qu’à regarder ceux qui se sont installés au centre-ville de Toronto
, affirme le PDG, qui cite en exemple Google, Microsoft, Telus et Deloitte. Il souligne également les deux nouvelles tours de 50 étages que fait construire la Banque CIBC dans le quartier des affaires de la Ville Reine.
« Ce n’est pas parce que le centre-ville coûte moins cher. C’est que ces locataires veulent un écosystème qui permet une meilleure collaboration. »
Julien Gérémie abonde dans le même sens. Construire en hauteur et densifier les villes, c’est une réalité à laquelle on ne pourra pas échapper, qui vient contrer l’étalement urbain
, selon lui.
Facebook, pour sa part, ne prévoit pas fermer de bureaux pour le moment, bien que le réseau social compte garder la moitié de ses quelque 50 000 employés en télétravail. Selon l’entreprise, ce virage n'a pas pour but de remplacer les locaux, mais plutôt d'offrir des options complémentaires.
À lire aussi :
Avec les informations de Dianne Buckner, de CBC