•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Non, les masques ne provoquent pas l’hypoxie cérébrale

Plusieurs publications relayées sur les réseaux sociaux laissent entendre que le port du masque est dangereux.

Un homme porte un masque à l'intérieur.

Le masque est généralement sans danger s'il est bien porté.

Photo : getty images/istockphoto

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Alors que les phases de déconfinement sont enclenchées au pays, des publications sur le web sèment le doute sur l'innocuité du masque, dont le port est pourtant recommandé dans bien des cas par les autorités sanitaires. Sur Facebook, des messages laissent entendre que les masques peuvent provoquer l’hypoxie, l'hypercapnie et le fléchissement des fonctions immunitaires. De l’avis des experts consultés, c’est généralement faux.

Les gens qui portent des masques de façon prolongée s’intoxiquent sans le savoir, risquent des pertes de pensée consciente et risquent même l’hypoxie cérébrale, peut-on lire dans une publication partagée près de 4000 fois sur Facebook. Dans une vidéo également très partagée, une femme affirme sans hésiter : le gouvernement qui va oser nous suggérer de porter un masque, je dis non. Ça n'a pas de prix de respirer librement, ma santé n'a pas de prix.

Pourtant, de l’avis d’une kyrielle d’experts interrogés par plusieurs médias au cours des dernières semaines, ces appréhensions sont non fondées et le port du masque ne pose pas ce genre de risques.

Capture d'écran tirée d'une publication Facebook qui laisse entendre que le port du masque peut mener à l'hypoxie cérébrale. Sous un texte allant en ce sens est apposée la photo d'une femme anonyme portant un masque.
Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre)

Capture d'écran tirée d'une publication Facebook qui laisse entendre que le port du masque peut mener à l'hypoxie cérébrale.

Photo : Capture d'écran - Facebook

L’hypoxie cérébrale : un scénario peu probable

Le risque allégué le plus fréquemment mentionné dans ces publications est celui de l’hypoxie cérébrale. Joint à Québec, le pneumologue et intensiviste Mathieu Simon écarte d’emblée la possibilité d’un tel danger.

« Ça fait 25 ans que je fais des soins intensifs et j’ai porté de ces masques-là. J’ai vu un paquet de personnes autour de moi en porter et je n’ai jamais vu de cas d’hypoxie. Ça ne peut pas se produire physiologiquement. La physique de l’hypoxie et de ces masques-là n’est pas compatible. »

— Une citation de  Dr Mathieu Simon, pneumologue et intensiviste, chef des soins intensifs à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec

L’hypoxie survient lorsque l’apport en oxygène est dangereusement bas et que le taux d’oxygène dans le sang s’abaisse en dessous d’un certain niveau qui est compatible avec la vie, rappelle le Dr Simon. Conséquemment, les organes commencent alors à fonctionner à régime réduit. Dans un scénario où se prolonge cet état, certains organes peuvent arrêter de fonctionner et le premier de ceux-là est le cerveau, puisque c’est le cerveau qui est le plus dépendant de l’oxygène, précise le pneumologue.

Une personne tient un masque maison.

Une personne tient dans ses mains un masque maison.

Photo : iStock

Or, tous les modèles de masques sont précisément conçus pour permettre une circulation d’air.

« Les masques de tissu ou de procédure ne causent aucune hypoxie. Ils sont faits pour arrêter les grosses gouttelettes, mais laissent passer les molécules d’oxygène et de CO2. »

— Une citation de  Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste, CHU Sainte-Justine

Selon la Dre Quach, il n’est toutefois pas anormal de ressentir de l’inconfort en portant un masque. On peut avoir l’impression de mal respirer, mais c’est une question d’habitude. C’est clairement plus chaud et moins confortable, mais ça n’empêche pas nos échanges gazeux, dit-elle.

Cela dit, selon le Dr Mathieu Simon, le port prolongé du masque pourrait être problématique pour une personne ayant une fibrose pulmonaire, un emphysème sévère ou une résistance importante à la respiration : Ajouter une épaisseur de plus de résistance rend l’effort encore plus grand, précise-t-il, ajoutant que ces cas de figure ne concernent que les patients qui ont une fonction pulmonaire extrêmement limitée qui est souvent incompatible avec le port du masque.

Les trois types de masques les plus courants tels que confectionnés par la compagnie Frëtt Design.
Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre)

Les trois types de masques les plus courants tels que confectionnés par la compagnie Frëtt Design.

Photo : Michelle Secours

Seul le masque de type N95 peut potentiellement poser problème, selon la Dre Caroline Quach. Le port prolongé du masque N95 peut entraîner une certaine hypoxie, dit-elle. L’Institut national de la santé publique préconise (Nouvelle fenêtre) d’ailleurs une utilisation d’une durée maximale de 8 heures pour ce type de masque.

Rappel important : le port du masque protecteur N95 n’est pas recommandé pour la population générale et doit se limiter aux travailleurs de la santé. Selon ce qu’observe la Dre Caroline Quach, le personnel de la santé se relaie afin d’avoir des périodes de repos entre le port continu du N95.

Un problème à la source

Les masques posent un risque aux personnes en santé est le titre qui coiffe un des des textes les plus partagés ces dernières semaines sur les prétendus dangers des masques. Partagé des dizaines de milliers de fois sur Facebook et à plus 2 millions de reprises sur Twitter, selon la plateforme Crowtangle, ce texte se base en grande partie sur les postulats de Russell Blaylock, un controversé neurochirurgien américain.

Capture d'écran tirée de l'en-tête d'un article qui véhicule les postulats d'un controversé neurochirurgien américain sur les dangers allégués du port du masque.
Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre)

Capture d'écran tirée de l'en-tête d'un article qui véhicule les postulats d'un controversé neurochirurgien américain sur les dangers allégués du port du masque.

Photo : Capture d'écran - technocracy.news

Il est à noter que M. Blaylock, dont la licence médicale est échue dans plusieurs États américains, est une figure bien connue du mouvement anti-vaccins. Dans plusieurs de ses écrits, il laisse entendre (Nouvelle fenêtre) que la vaccination peut mener à la sclérose latérale amyotrophique, à la maladie de Parkinson et à l'autisme, en claire contradiction avec le consensus scientifique, en plus d’y voir un vaste complot au profit des compagnies pharmaceutiques. Selon le site (Nouvelle fenêtre) de vérification de faits Snopes, M. Blaylock a souvent eu tendance à émettre des avis douteux et basés sur des théories conspirationnistes.

Les masques : un atout

Parmi les messages qui déconseillent le port du masque parce que jugé dangereux se trouvent certains qui suggèrent de le retirer fréquemment. Souvenez-vous, il faut retirer le masque toutes les 10 minutes pour respirer l’oxygène, peut-on lire sur une des nombreuses publications prodiguant ce conseil. Cette recommandation est une grave erreur, aux yeux du pneumologue Mathieu Simon, pour qui la manipulation répétée du masque accentuerait tout simplement le risque de contagion.

Capture d'écran tirée d'une publication sur Facebook suggérant de retirer le masque toutes les dix minutes pour contrer les "dangers" liés à son utilisation.
Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre)

Capture d'écran tirée d'une publication sur Facebook suggérant de retirer le masque toutes les dix minutes pour contrer les « dangers » liés à son utilisation.

Photo : Capture d'écran - Facebook

Tant le gouvernement fédéral  (Nouvelle fenêtre)que le Réseau pancanadien de santé publique (Nouvelle fenêtre) recommandent le port du masque ou du couvre-visage non médical là où il y a danger de transmission communautaire et lorsqu'il n'est pas possible de maintenir une distance physique constante de deux mètres avec les autres.

Le hic, c’est que les recommandations des autorités sanitaires finissent toujours par être ignorées par une partie de la population, déplore le Dr Mathieu Simon.

« Dans une société, il suffit d’édicter une règle de conduite pour que des gens essaient de se donner le privilège de ne pas la suivre [...]. Ils se trouvent donc des raisons pseudo-scientifiques ou pseudo-médicales pour justifier le non-port du masque. »

— Une citation de  Dr Mathieu Simon, pneumologue et intensiviste, chef des soins intensifs à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec

Face à cette pseudoscience, le Dr Simon juge bon de rappeler que le port du masque sert d’abord et avant tout à empêcher les porteurs symptomatiques ou asymptomatiques d’expectorer des particules qui pourraient contaminer l’environnement.

L’idée est donc davantage de protéger les autres que de se protéger soi-même.

    Vos commentaires

    Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

    En cours de chargement...