COVID-19 : le système de santé n’est pas prêt pour une deuxième vague, dit un expert

Le Dr Sandy Buchman, président de l’Association médicale canadienne, met en garde contre le déconfinement en cours au pays.
Photo : Association médicale canadienne
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le président de l'Association médicale canadienne (AMC) affirme que le pays n'est pas prêt pour une possible deuxième vague de COVID-19, et qu'une pénurie de personnel médical, de matériel de dépistage et un nombre insuffisant de tests rendent les Canadiens vulnérables.
De passage devant le comité permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie du Sénat, le Dr Sandy Buchman a soutenu que le pays « jouait avec le feu en déconfinant ».
Nous avons besoin d'un suivi des contacts et de tests sérologiques pour prendre les décisions à propos des gestes à poser par la suite. Nous allons trop vite. Selon moi, nous ne sommes pas préparés pour une deuxième vague
, a-t-il déclaré.
Le Dr Buchman a ainsi lancé un avertissement aux sénateurs, en affirmant que le système de santé était déjà « malade » avant la pandémie, et que le virus n'a fait qu'empirer les choses.
Toujours selon le président de l'AMC, le système de santé canadien souffre d'une pénurie de matériel de protection et de la fatigue des médecins et des autres membres du personnel. Si la COVID-19 ressurgit à l'automne, croit-il, les conséquences pourraient être catastrophiques.
Il faut renforcer la capacité du système public d'effectuer plus de tests de dépistage et de maximiser le suivi des contacts, ce qu'on appelle également le traçage, a mentionné le Dr Buchman.
Selon lui, le système actuel souffre d'un manque d'informations à propos de la dissémination du virus, puisque la plupart des personnes infectées sont asymptomatiques.
Le mois dernier, l'administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, a souligné que le Canada disposait des capacités pour analyser jusqu'à 60 000 échantillons par jour pour y détecter des traces du nouveau coronavirus, mais les provinces n'atteignent toujours pas ce niveau.
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Manque d'équipement
Le Dr Buchman a également évoqué la situation anxiogène que vivent ses pairs qui n'ont pas toujours accès, de manière constante, trois mois après le début de la pandémie, à de l'équipement de protection individuelle.
Nous n'autoriserions jamais un pompier à entrer dans un bâtiment en feu sans protection adéquate. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que nos travailleurs de la santé en première ligne se mettent en danger
, a-t-il déclaré.
Le Dr Buchman a ajouté certains médecins et infirmières sont constamment à l'affût et a averti que, sans intervention immédiate des autorités, nous pouvons nous attendre à d'importants problèmes parmi les prestataires de soins de santé lors des vagues ultérieures de la pandémie, telles que la dépression généralisée et la toxicomanie.
« Cela provoque une détresse psychologique importante », a-t-il déclaré.
La ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, Anita Anand, a assuré la presse, mardi, que le gouvernement fédéral « n'avait pas jeté la serviette » en ce qui concerne l'équipement de protection individuelle.
Nous avons des commandes pour des millions de pièces d'équipement et d'autres fournitures médicales
, a-t-elle précisé, avant d'ajouter que quelque 500 000 masques N95 devraient être livrés ce mois-ci par le fabricant 3M.
La prudence du Dr Buchman a trouvé écho auprès de la Dre Claire Betker, la présidente de l'Association des infirmières et infirmiers du Canada. Celle-ci a indiqué au comité sénatorial que les niveaux de dépistage sont particulièrement importants et que le Canada est en retard sur d'autres pays relativement au nombre de tests analysés tous les jours par des laboratoires.
Nous nous inquiétons du fait que le virus est toujours bel et bien vivant, qu'il se répand toujours et qu'il est mal compris.
D'après les informations de John Paul Tasker, de CBC News